Dimanche 24 novembre 2024

Politique

Burundi-Union Européenne : le bras de fer continue

02/11/2015 17

L’Union européenne a invité le Burundi à des consultations pour continuer ou non la coopération, selon l’Accord de Cotonou. Une invitation qui ressemble à une dernière chance offerte à un régime décidé à camper sur ses positions.

L'Union européenne a invité le Burundi à des consultations pour continuer ou non la coopération, selon l’Accord de Cotonou
L’Union européenne a invité le Burundi à des consultations pour continuer ou non la coopération, selon l’Accord de Cotonou

Le Burundi n’a pas respecté les éléments essentiels de l’accord de partenariat de Cotonou, à savoir les droits de l’Homme, les principes démocratiques et l’État de droit. Raison pour laquelle l’Union Européenne a invité le gouvernement burundais à des consultations, comme prévu à l’article 96 de l’accord de Cotonou. « Nous avons l’honneur, au nom de l’Union européenne et de ses États membres, d’inviter votre pays à procéder à des consultations en vue, comme le prévoit l’accord, d’examiner la situation de façon approfondie et, au besoin, de prendre des mesures pour y remédier. L’Union européenne entreprendra ces consultations dans un esprit de dialogue, afin de parvenir à une solution mutuellement acceptable », indique la lettre d’invitation envoyée au président Pierre Nkurunziza. Selon l’UE, ces consultations permettront au Burundi de présenter le programme du gouvernement, notamment en ce qui concerne les principes démocratiques, les droits de l’Homme et la gouvernance. L’UE propose que ces consultations soient entamées à Bruxelles, à une date à convenir d’un commun accord. Le Burundi dispose de 30 jours pour répondre à cette invitation et, en l’absence de réponse, des sanctions seront prises à son endroit.

« Notre pays et le gouvernement sont bien disposés à améliorer les rapports avec l’Union européenne, qui est un partenaire important pour le Burundi », indique le ministre burundais des Affaires étrangères, Alain Aimé Nyamitwe. M. Nyamitwe souligne que l’Accord de Cotonou stipule les droits et les obligations de chacune des parties. « C’est sur la base de ces rapports juridiques que nous comptons inscrire la réponse que nous donnerons à cette demande de l’Union européenne. Dans tous les cas, une partie ne va pas imposer à l’autre sa façon de voir les choses. » Le chef de la diplomatie burundaise indique que les deux parties vont donc parler, discuter, et que Bujumbura dispose d’assez de temps, 30 jours, pour se prononcer sur ces consultations.

Bujumbura persiste et signe

Le numéro Un burundais semble décidé à « ne pas se laisser faire » par la communauté internationale
Le numéro Un burundais semble décidé à « ne pas se laisser faire » par la communauté internationale

L’Union Européenne prône un dialogue inclusif au Burundi, auquel participerait l’opposition en exil. Pourtant, Alain Nyamitwe exclut toute discussion avec l’opposition en exil. D’ailleurs, les autorités de Bujumbura ont récemment émis une quarantaine de mandats d’arrêt internationaux contre des opposants : responsables de la société civile, frondeurs du parti au pouvoir et militaires en exil en Belgique 12 mandats, au Rwanda 9 et aux Pays-Bas un mandat.

A part ce refus catégorique d’un dialogue réellement inclusif, un communiqué du 28 octobre 2015 du Cndd-Fdd, le parti présidentiel, permet de douter de l’aboutissement de ces consultations. Signé Pascal Nyabenda, président du parti et, en même temps, de l’Assemblée Nationale, ce communiqué, accuse l’UE d’avoir fait son choix en décidant de « créer un autre gouvernement burundais en dehors des frontières du pays qu’elle appuie de toutes ses forces sur le dos du gouvernement légitime. » Pour le Cndd-Fdd, le véritable conflit réside entre le peuple burundais et son ancienne puissance colonisatrice, la Belgique, soutenue par l’UE et entraînant aussi l’Union Africaine, à cause de leur financement à cette organisation africaine. « Le dialogue que ces forces destructrices veulent transporter à Kampala en Ouganda n’est autre chose que le refus au peuple burundais à son droit le plus légitime de se choisir librement ses institutions. »

Analyse

Si le président burundais donne un programme et un timing raisonnables qui satisfont les deux parties, cela peut calmer les relations entre le Burundi et l’UE, et surtout ramener la paix au Burundi.

Malheureusement, le numéro Un burundais semble décidé à « ne pas se laisser faire » par la communauté internationale. Aux demandes d’un dialogue inclusif, il a répondu par le projet d’un dialogue interburundais et a mis en place la CNDI, la Commission Nationale pour le Dialogue Interburundais, mettant ainsi cette communauté devant un fait accompli. Et en ignorant le principe d’une véritable négociation avec l’opposition et non avec des individualités nommées par le pouvoir et qui ne peuvent rien lui refuser.

« Pierre Nkurunzia veut gagner du temps, il ne veut absolument pas entendre parler de dialogue et encore moins de négociations avec l’opposition », indique le journaliste Athanase Karayenga. Dans la stratégie de défense de Pierre Nkurunziza, explique-t-il, la CNDI jouera le rôle que la Cour Constitutionnelle a joué. « Les recommandations qui sortiront de la CNDI auront, dans l’esprit de Pierre Nkurunziza, la légitimité d’avoir été élaborées par des Burundais. Une façon de refuser le diktat des étrangers et des politiciens de l’opposition qui, selon Nkurunziza, sont à la solde de ces étrangers. »

Par conséquent, après le forcing électoral, il est clair que le président Nkurunziza veut engager un bras de fer. La question est de savoir combien de temps il va tenir. Car, à n’en pas douter, les puissances occidentales, appuyées maintenant par l’UA, lui ont tendu un piège redoutable. Ou il négocie avec l’opposition, ou la communauté internationale serre les cordes de sa bourse. Pour le moment, le Burundi retient son souffle. La prochaine étape spectaculaire, si le régime de Pierre Nkurunziza rejette les négociations avec l’opposition, ce sera la sortie du Burundi de l’ Accord de Cotonou liant l’UE aux pays ACP.

En attendant cette sortie probable, puisque apparemment Bujumbura jure de ne pas négocier avec l’opposition, d’autres sanctions seront appliquées et peut-être des mises en accusations pour divers crimes. Et, en fin de compte, c’est le peuple burundais qui continuera à en payer le prix.

Forum des lecteurs d'Iwacu

17 réactions
  1. Juliano Padre

    Bonjour, la liste des personnes sous mandat d’arrêt international est-elle disponible svp ?

  2. Inyankamugayo

    Ariko Afrika izoterimbere ryari mu gihe abayirongoye baguma basega abo bita ko babacuze bufuni na buhoro?! Birateye isoni kubona Abarundi baguma basega Ababiligi, e mama ngo babahe a=imfashanyo bari barabemereye, e mama ngo zizozanana n’inyungu,…Nimba dushaka gutera imbere tubanze dukoreshe uburyo dufise neza, hagize naho uterera, ako gatererano kakaza gusahiriza kurya umuntu aguterera wagize urubanza. Kubwanje kubandanya tugaburira abanyagihugu imfashanyo duhabwa n’abaduhekuye, bakaducura bufuni na buhoro, hari hageze ko twikukira vy’ukuri. Ko bavuga ngo bafasha mu mashure, mu mavuriro,… none imyaka 10 iheze ko hubatswe ivyo vyose binarengeye kurusha ku nguvu z’abanyagihugu ata rufaranga rw’umuzungu rugiyemwo; ivyo mumenye ko bitera ubwoba abazungu. Tureke kwama duteze amaboko. Union Africaine ifashwa n’Uburayi kandi muri Afrika hari ubutunzi kama bw’ikirenga. Umunyafrika naho yokira ntakira NSIGARIZA; aho rero dukwiye kuharengana tukarya agafi twirobeye.

  3. Ubuesque

    Il incarne à la perfection le personnage d’Ubu!

  4. Datus

    Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement traîne parce qu’il est le seul perdant!!! Plus il attend de trouver une solution plus il devient faible et plus les adversaires seront nombreux!!! Un jour le gouvernement aura besoin d’échanger avec ces pays mais il sera trop tard!!! Ndavuga simvura!!!!!

  5. kamana

    Mpebe ntwenge kabisa. Le Burundi qui s’engage dans un bras de fer avec les blancs… Hahahahahahaha.

    • Peter James

      You’re still behind 5 centuries .Les blancs sont des etres humains nk’abandi ils ne peuvent pas nous induire en erreur bitwaje kw’arabanzu .Vibuzimu ujibuntu.Ces blancs ushirimebere bashaka gushirimbere intwaro nkimwe ijabuka gutikiza abantu muri congo bayibona bagahora.
      Mbega ko bavuga ko Peter agenda muri sentare mpuzamakungu Micombero,Buyoya na Bagaza aho bica abantu siho bari ko ataco bavuze.Impunzi zacu zishwe muri congo ntaco bavuze ???
      Mbega Kagame azozidusubiza canke nawe ashaka no kubandanya kuduhonya afatanyije nabo bazungu.

      • kamana

        Dear Peter James or whatever you call yourself. This is just to let you know that I’m not blind at all. Tu dis que les blancs sont des êtres humains comme nous, je suis d’accord avec toi sur ce point. Mais tu dois savoir que iyo umuntu agufasha, akakuronsa ikintu cose ukeneye, akakugaburira, burya ntimuba mungana. None, le Pays le plus pauvre du monde a vraiment besoin de montrer ses biceps aux occidentaux? Qui aide qui? Qui est perdant dans cette affaire de bras de fer?
        Dear James, amanyama arasara ntasaba…

  6. Kabuto

    « Dans tous les cas, une partie ne va pas imposer à l’autre sa façon de voir les choses. » C`est pas une question d`imposer a l`autre quoi que se soit mr Nyamitwe, il vs est juste prierer de respecter les accord dont le burundi a signer et rien d`autre.

  7. Jereve

    Le pays le plus pauvre de la terre qui gonfle les muscles contre les grandes puissances! C’est de la folie. Rappelez-vous la fable de La Fontaine: la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf. Elle a essayé, et… pah! Elle a explosé. Au moins, dans cette histoire, la grenouille n’a pas entrainé d’autres dans sa folie. Mais pour le Burundi, les dégâts seront incommensurables.

  8. Mandatdetrop

    Nkurunziza niyemere agabanye amanyama, areke kwishinga les frères Nyamitwe bamuhenda ngo niyihagarareko. Mbega ko mbona aba rebelles basigaye ba controla 3 provinces, bakaba kandi biboneka ko barikumwe n’abasoda, igice kinini c’aba police, eka n’abenegihugu isinzi, aribaza ko azotsinda?

    • Sumurenga

      Ooooooh uti aba rebelles bafashe intara 3? Izihe? Nta ntambwe bazoterana abanyagihugu hewe uratohoza neza umenye abayirekanye ayo babakoreye!

      • l'histoire est en marche

        Ushaka biyerekane gusumba kurya babikora? Abarundi bashaka amahoro, umukuru w’igihugu ahari amategeko adakurikijwe niyumve akamo bamutera ko gukinjura kugira igihugu gisubire mu nzira ya democratie. Ntiyihende canke ngo ahendwe n’akagwi kamushigikiye ngo abarundi bazohesha muri urwo rugamba rwo gusaba iyubahirizwa ry’ibwirizwa nshingiro n’amasezerano ya arusha, hazokorwa ibikenewe vyose kugira iryo hangiro rishikigwe.

    • MARIA NTAKIRUTIMANA

      Kura ngaho ico kinyoma nta ntara zitatu abarebelle bakontrola. Iryo terabwoba twararisezereye.

  9. Maferi Raoul

    C’est pas le bras de fer entre le Burundi et l’Union Européenne. C’est plutot le bras de fer entre Nkurunziza et clique ainsi que l’Union Européenne

  10. Mandatdetrop

    héhéhé! Souris-Elephant: Le bras de fer continue

    • Mugisha

      Le pouvoir de Nkurunziza me semble de plus en plus isolés.il va tombe,c’est inévitable !!

      • John Chris Nizeyimana

        Agati gateretswe n’Imana ntigahungabanywa n’umuyaga. Ico wamenya ni uko imisi ya Lucufer (the West) iharuye!

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