Burundi: un recensement général pour redorer son blason ?

Dans quelques jours, les Burundais répondront à un questionnaire administré par des agents recenseurs déployés sur tout le territoire national. Ce sera dans le cadre du dénombrement principal de la Population, de l’Habitat, de l’Agriculture et de l’Élevage, prévu de débuter le 25 août 2024.

Pour sensibiliser la population, trois ministres burundais originaires de Gitega — Albert Shingiro (Affaires étrangères), Prosper Dodiko (Environnement, Agriculture et Élevage) et Imelde Sabushimike (Solidarité nationale) — ont organisé une réunion le vendredi 16 août 2024, à Gitega. L’objectif était d’informer les membres des comités provinciaux et communaux du RGPHAE (Recensement général de la Population, de l’Habitat, de l’Agriculture et de l’Élevage).

Lors de cette réunion, les officiels ont déclaré que les résultats du RGPHAE montreraient la véritable image du Burundi et réfuteraient les « faux rapports » sur la pauvreté. « Avec ce recensement, ce sera une occasion de redorer le blason », a affirmé Prosper Dodiko. « Nous entendons tous les jours que le Burundi est le pays le plus pauvre, alors que c’est archi-faux. Beaucoup ignorent que le paysan qui mange ce qu’il cultive n’est pas pauvre parce qu’il n’a pas acheté ces haricots et ces bananes. »

Le président du Sénat, Emmanuel Sinzohagera, a également souligné que ce recensement est une opportunité de prouver la richesse réelle du pays. « Ce recensement est essentiel pour connaître la véritable richesse du Burundi », a-t-il déclaré le samedi 7 août 2024, lors des travaux communautaires à Kamenge. Il a aussi conseillé aux Burundais de ne plus cacher leur richesse, car cela empêche le pays de bien évaluer ses ressources et de planifier son développement.

Albert Shingiro a fait le même appel, exhortant les Burundais à cesser de camoufler leurs possessions : « Rompons avec nos coutumes de cacher ce que nous possédons. Sans résultats exacts, nous continuerons à naviguer à l’aveugle sans avoir des données actualisées pour le développement du pays. » Gervais Ndirakobuca, Premier ministre et Président du Comité national d’orientation du recensement (CNOR), a exprimé des propos similaires le 18 juillet 2024, à Gitega.

Ces appels montrent que les officiels comprennent à quel point il est crucial que les données du recensement soient fiables, car elles constituent la base de la politique nationale. Ce recensement pourrait même inciter ceux qui n’ont pas déclaré leurs biens avant leur entrée en fonction, comme l’exige la loi, à le faire.

Il est important de clarifier que le RGPHAE consiste à recueillir, grouper, évaluer, analyser, publier et diffuser des données démographiques, économiques et sociales de tous les habitants d’un pays à un moment donné. Il constitue une source essentielle d’informations sur l’état et la dynamique de la population, permettant une évaluation précise de divers aspects socio-économiques du pays.

Le recensement se distingue des enquêtes par sondage, qui se font sur un échantillon représentatif et fournissent des estimations.

Selon un démographe qui a requis l’anonymat, un recensement général offre un « portrait de la nation » et une « carte de la société ».

Les chiffres fournis répondent précisément aux questions : combien sommes-nous ? Qui sommes-nous ? Ces données permettent l’élaboration de statistiques publiques et privées, fondamentales pour la planification et l’évaluation des politiques nationales.
Le but fondamental du recensement, selon cet expert, n’est pas de s’affirmer, mais de :

1. Disposer d’informations détaillées et presque exhaustives sur la population et leurs patrimoines ;

2. Répartir la population par unité administrative et selon des caractéristiques démographiques, sociales et économiques ;

3. Constituer un fichier national des localités ;

4. Fournir des éléments d’appréciation des conditions de logement ;

5. Offrir des données de base aux organismes publics et privés pour leurs études et recherches.

En somme, un recensement général permet de fournir des statistiques fiables et précises, essentielles pour une planification, une mise en œuvre et une évaluation efficace des programmes, projets et politiques publics. Cependant, la finalité d’un recensement ne devrait pas être uniquement de réfuter des rapports perçus comme négatifs, mais surtout de fournir une base solide pour le développement du pays.