Mardi 8 février, le Conseil européen a décidé d’abroger la décision prise en 2016 où il imposait la suspension de l’aide financière directe au gouvernement burundais. Gitega jubile. Du côté des politiques, les réactions sont mitigées. De même que chez les organisations de la société civile. Victoire pour les uns, décision inexplicable pour les autres.
Par Fabrice Manirakiza, Rénovat Ndabashinze, Hervé Mugisha et Guy-Arsène Izere
Cette annonce de l’Union européenne (UE) a redonné le sourire à plus d’un. « Le Burundi est disposé à coopérer avec tous les partenaires. Ensemble, tout est possible », a réagi le président Evariste Ndayishimiye. « Un ingrédient pour le réchauffement de nos liens bilatéraux », a renchéri, Albert Shingiro, le patron de la diplomatie burundaise. Pour Claude Bochu, ambassadeur de l’UE au Burundi, c’est une étape cruciale et prometteuse dans la relation UE-Burundi. « Saluons tous ceux qui sont engagés dans le cheminement de concert vers la normalisation et le réchauffement. »
Dans l’après-midi de ce mardi 8 février, le communiqué du Conseil européen est tombé. L’UE vient de lever les restrictions au titre de l’article 96 de l’accord de partenariat ACP-UE. La toile s’enflamme. Certains internautes félicitent le président de la République pour sa « diplomatie remarquable et son leadership clairvoyant ». D’autres fustigent cette décision de l’UE. On parle d’une erreur, de trahison et de déni de justice.
Des progrès enregistrés sous le président Ndayishimiye
D’après l’UE, l’abrogation de la décision prise en 2016 concernant la suspension de l’aide financière directe à l’administration ou aux institutions burundaises est l’aboutissement du processus politique pacifique entamé lors des élections générales de mai 2020, « qui apporte une lueur d’espoir à la population du Burundi. »
L’UE indique que, depuis les élections de 2020, elle a pris acte des progrès accomplis par le gouvernement burundais en ce qui concerne les droits de l’homme, la bonne gouvernance et l’état de droit. « En outre, un grand nombre de réfugiés sont retournés volontairement au Burundi et la coopération avec la communauté internationale et les pays voisins a été relancée. »
Toutefois, les 27 trouvent que des défis subsistent encore dans ces domaines. « De nouveaux progrès seraient bénéfiques pour tous les Burundais, notamment par la mise en œuvre de la feuille de route, dans le cadre du dialogue politique en cours entre l’UE et le Burundi. » L’UE se dit prête, aux côtés d’autres partenaires internationaux, à soutenir les efforts que déploient actuellement les autorités burundaises pour stabiliser et consolider les institutions démocratiques, promouvoir les droits de l’homme, la bonne gouvernance et l’état de droit.
Absence d’engagement qui engendra des sanctions
Lors de la conclusion, le 8 mars 2016, de la procédure de consultation avec la République du Burundi au titre de l’article 96 de l’accord de partenariat entre les membres du groupe des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) et l’UE, cette dernière avait trouvé que les propositions d’engagements des représentants du gouvernement burundais étaient insatisfaisantes, mais aussi que les droits de l’homme, les principes démocratiques et l’Etat de droit n’étaient pas respectés. « Il convient, en conséquence, de décider la clôture des consultations engagées sur la base de l’article 96 de l’accord de partenariat ACP-UE et d’adopter des mesures appropriées à l’exécution desdits engagements », a décidé le conseil européen.
Du coup, les appuis financiers ou versements de fonds (y compris les appuis budgétaires) au bénéfice direct de l’administration ou des institutions burundaises ont été suspendus. L’UE avait aussi décidé que les conditions de financement et les modalités de paiement des indemnités aux militaires burundais participant à la mission AMISOM, ainsi que la quote-part versée au gouvernement du Burundi pour les coûts de pré- déploiement seront revues et ajustées en consultation avec l’Union africaine. « Quelle que soit leur modalité de mise en œuvre, les programmes et les financements favorisant l’intégration régionale ne sont pas couverts par ces mesures. »
Dans la foulée des sanctions, l’UE a maintenu ses appuis en faveur de la population du Burundi. « Elle continuera à financer les contrats en cours d’exécution ainsi que des actions d’urgence, en appui direct aux populations et à la société civile, ayant trait à la lutte contre la pauvreté et à l’accès aux services de base. »
Et d’annoncer qu’au-delà des programmes en cours de mise en œuvre ou en cours d’identification, le solde non engagé du 11ème Fonds européen de développement (FED) était de 322 000 000 euros. « Ces fonds restent disponibles pour le Burundi et pourraient être mobilisés en fonction des progrès constatés dans la mise en œuvre des engagements. Selon l’évaluation des progrès et des engagements pris par le gouvernement burundais au niveau des quatre axes (apaisement, traitement des dossiers judiciaires, dialogue politique et mise en œuvre d’un plan de sortie de crise), les mesures appropriées seront prises progressivement. »
Un dégel qui couvait depuis la venue du président Ndayishimiye
Plusieurs sessions de dialogue entre l’UE et Gitega ont eu lieu. Les équipes techniques des deux parties se sont rencontrées à maintes reprises. La 3ème session a été relancée le jeudi 24 juin 2021. « C’est un élément très important de la normalisation du réchauffement des relations entre le Burundi et l’UE. Je dirai même que la façon dont il se passe et dont il progresse, de session en session, me rassure sur le fait que c’était définitivement le bon choix », avait indiqué Claude Bochu après le dialogue. Il a également fait savoir que l’UE partage les valeurs communes avec le Burundi en matière de réformes de la gouvernance et de promotion des droits de l’Homme. « L’Union européenne a l’impression d’être écoutée quand elle parle avec le gouvernement burundais de ces sujets et des défis que le ministère de la Justice rencontre au Burundi comme ailleurs. La levée des sanctions financières sera effective en fonction du respect des droits de l’Homme. »
Quant à Albert Shingiro, il se félicitait que l’UE et le Burundi sont sur la bonne trajectoire vers la levée de ces sanctions. « Nous pensons que le contexte de 2015 et le contexte actuel sont diamétralement opposés. Nous devons fermer cette page sombre de 2015 pour ouvrir une autre page de très bonnes relations. Il faut retrouver les relations ‘’amoureuses d’antan’’ entre l’UE et le Burundi. » Et d’ajouter que les relations ne sont pas basées seulement sur ces séries de dialogue pour la levée des sanctions. « Nous devons poursuivre notre coopération dans un climat de bonne entente. Les relations entre les pays c’est comme un champ de fleurs qui nécessite d’être sarclé, arrosé. C’est ce que nous allons faire. »
Rappelons que 3 jours avant, l’Ambassadeur Claude Bochu avait rencontré le président Evariste Ndayishimiye. « Il y a une orientation de travailler afin que soit révoquée la mesure qui suspendait l’aide financière aux pouvoirs publics burundais. C’est sur base des évolutions positives qui ont été initiées par le président de la République en termes de bonne gouvernance et d’Etat de droit et de droits de l’Homme que ces mesures ont été prises », avait-il déclaré après l’audience. L’Ambassadeur Claude Bochu avait toutefois nuancé : « Il y a une étape nécessaire qui a été franchie par les groupes de travail à Bruxelles, ce n’est pas une étape suffisante. Il faut que le texte juridique soit établi et adopté. Cela prendra encore un peu de temps. Le train a définitivement quitté la gare, il est parti. Il n’y a plus de conditionnalités.»
>>Réactions
Nancy Ninette Mutoni : « On se réjouit »
« Le parti Cndd-Fdd se réjouit de la levée de sanctions économiques contre le Burundi actée ce mardi par l’Union européenne et félicite le Président Evariste Ndayishimiye pour son leadership dans le renforcement des liens d’amitié et de coopération avec tous les partenaires », déclare Nancy-Ninette Mutoni, Secrétaire nationale chargée de l’information et de la communication au sein du Cndd-Fdd. Selon elle, c’est une mesure qui pose les jalons d’un nouveau et harmonieux chapitre des relations d’amitié et de coopération. « Notre parti réaffirme son attachement aux valeurs d’entraide et de complémentarité entre les Nations au service des coopérations et partenariats mutuellement avantageux et respectueux ».
Agathon Rwasa : « C’est beaucoup plus pour l’intérêt des dirigeants»
Pour Agathon Rwasa, président du parti Cnl, cette levée des sanctions va beaucoup plus dans l’intérêt de ceux qui dirigent le Burundi et les responsables de l’Union européenne. « Si on devait considérer la situation des citoyens, je me demande si réellement ce serait l’heure de mettre fin à ces sanctions. » Néanmoins, il indique que son parti a toujours plaidé pour la normalisation des relations entre le Burundi et ses partenaires.
A ceux qui pensent que l’économie va se relever, Agathon Rwasa souligne que si on ne produit pas, ce n’est pas un appui budgétaire qui va améliorer la situation économique du pays. « Que les gens apprennent à être réalistes. Si on est dans une situation économique précaire, ce n’est pas à cause des devises. C’est à cause de la mauvaise gouvernance. » Selon lui, si on produit beaucoup, on aura des devises. « Au cas contraire, l’appui budgétaire sera consommé au niveau des institutions étatiques et n’atteindra pas les citoyens. »
Revenant sur l’accord de Cotonou en soi, il trouve qu’il est caduc depuis 2020. En effet, explique-t-il, le Burundi s’était déjà presque retiré depuis 2013-2014. Il indique qu’il y avait eu quelques amendements qui devraient être ratifiés par différents Etats membres. « Le Burundi ne l’avait pas fait jusqu’à ce jour. Concrètement, si on devait être réaliste, le Burundi ne serait plus tenu par cet accord-là. »
Pour lui, avec cet accord, c’est beaucoup plus les intérêts économiques des dirigeants que l’on défend et pas le respect des droits humains.
Abdul Kassim : « Nous nous attendons à des retombées économiques »
Le parti Upd-Zigamibanga salue la mesure. Abdul Kassim, son président, félicite le président Evariste Ndayishimiye pour son leadership dans le rétablissement de bonnes relations avec tous les partenaires du Burundi. « Nous nous attendons à des retombées économiques par le déblocage des financements qui étaient gelés et un renforcement des échanges commerciaux. »
Olivier Nkurunziza : « Nous félicitons le président de la République et l’UE »
« Le parti Uprona se réjouit et félicite le gouvernement du Burundi et l’UE pour le dénouement positif du dialogue aboutissant à la levée des sanctions économiques contre le Burundi », indique Olivier Nkurunziza, président du parti Uprona. Il rappelle que son parti avait plaidé depuis longtemps pour la levée de ces sanctions. En effet, explique-t-il, leur impact avait été très négatif sur l’économie burundaise. Il cite ici le manque de devises qui a provoqué la dévaluation de la monnaie burundaise, la flambée des prix de certains produits. M. Nkurunziza félicite le président de la République en particulier pour son engagement dans la résolution des questions diplomatiques. « Nous l’encourageons à continuer. C’est un signe d’un bon retour du Burundi dans le concert des Nations. »
Il demande au gouvernement de concentrer ses efforts pour satisfaire les conditionnalités de l’UE comme le respect des droits de l’homme, l’ouverture de l’espace politique. « Il faut éviter de reculer, mais d’aller toujours de l’avant. »
Pierre Claver Nahimana : « Un important pas franchi »
Pour le parti Sahwanya Frodebu, c’est un important pas franchi dans la normalisation des relations avec les partenaires économiques du Burundi dans l’intérêt de toute la Nation. Pierre Claver Nahimana, son président félicite le gouvernement du Burundi et l’encourage à investir davantage dans la bonne gouvernance. « Ce qui va inciter les différents partenaires mondiaux à avoir une plus grande confiance au Burundi. »
Kefa Nibizi : « C’est la satisfaction »
Au niveau du parti Codebu Iragi Rya Ndadaye, Kefa Nibizi, son président indique qu’ils ont accueilli cette mesure avec satisfaction. « Nous nous réjouissons de cette levée des sanctions. C’était une nécessité pour le Burundi afin de regagner encore une fois la confiance de l’UE et bénéficier des appuis financiers qui avaient été suspendus. »
Selon M. Nibizi, ces sanctions ont été contreproductives. « Elles ont créé un sentiment d’isolement et par conséquent de durcissement du côté des autorités burundaises. Nous espérons que cette mesure sera accompagnée par l’augmentation de l’enveloppe accordée au Burundi et va créer un esprit d’ouverture. »
Carina Tertsakian : « Pour les victimes des violations graves, cette décision va leur sembler déconnectée de la réalité. »
Pour cette chercheuse à l’Initiative pour les droits humains au Burundi (IDHB), la logique de cette décision est difficile à comprendre. Elle rappelle que l’UE avait suspendu l’aide directe au gouvernement burundais à cause des graves violations des droits humains pendant la crise de 2015 et qu’elle avait formulé une série d’engagements clairs, attendus du gouvernement avant de pouvoir lever ces restrictions. « Mais le gouvernement burundais n’a pas rempli la plupart de ces engagements, et la majorité des préoccupations de l’UE en 2016 restent pertinentes aujourd’hui. »
Carina Tertsakian reconnaît que le niveau global de violence a diminué depuis 2016 mais elle trouve que plusieurs des mêmes tendances persistent notamment la répression politique et les sévères restrictions à la liberté d’expression, des pratiques qui violent de manière flagrante les valeurs de l’UE.
D’après cette chercheuse, la reprise de la coopération en l’absence d’améliorations importantes et durables pourrait donner l’impression que l’UE est prête à fermer les yeux sur les violations graves qui continuent au Burundi. « Nous espérons que ce n’est pas le cas. Cette nouvelle phase de coopération sera un test de son engagement. »
Pour elle, l’UE devrait expliquer ce qu’elle entend par “progrès”. « Il y a eu certains gestes positifs : par exemple, certains prisonniers ont été libérés, dont deux défenseurs des droits humains et quatre journalistes d’Iwacu. Mais entretemps, un autre ancien défenseur des droits humains, Maître Tony Germain Nkina, a été condamné à cinq ans d’emprisonnement et est toujours en train de purger sa peine. » Elle souligne qu’ils continuent de documenter de nombreux cas de torture par le Service national de renseignement ainsi que des disparitions forcées, notamment de membres du CNL ou d’autres opposants présumés. « Le système judiciaire manque d’indépendance et l’impunité protège la majorité des auteurs de ces crimes. Il y a donc beaucoup d’aspects qui demeurent préoccupants. »
Elle pense que pour de nombreuses victimes des violations graves des droits humains au Burundi, cette décision de l’UE va leur sembler déconnectée de la réalité. « Plusieurs Burundais m’ont déjà confié leur déception, car ils pensent que les acteurs internationaux ne se soucient plus de leur sort. Nous avons tous envie de croire que la situation des droits humains au Burundi va s’améliorer, mais les décisions devraient être basées sur des faits bien documentés et non sur de simples souhaits ou promesses. »
Mausi Segun : « Ces ouvertures risquent d’enhardir les dirigeants Burundais à réprimer encore plus sévèrement leurs opposants»
Selon la directrice de la division Afrique à Human Right Watch (HRW), la répression brutale au Burundi n’a jamais cessé mais les Etats-Unis et l’Union européenne ont simplement choisi de l’ignorer. Mausi Segun trouve que le président Evariste Ndayishimiye a effectivement libéré certains défenseurs des droits humains et journalistes et levé certaines restrictions sur les médias et la société civile, mais que son gouvernement continue d’utiliser des tactiques répressives contre ses opposants.
« Ces ouvertures vis-à-vis d’un gouvernement qui continue de torturer et de tuer sa propre population risquent d’enhardir les dirigeants burundais à réprimer encore plus sévèrement leurs opposants. Au lieu d’espérer que le gouvernement burundais changera ses méthodes, les Etats-Unis et l’UE devraient faire pression publiquement sur les dirigeants du pays pour que des mesures concrètes et mesurables soient prises afin d’améliorer son bilan désastreux en matière de droits humains. »
D’après Mausi Segun, les Etats-Unis et l’UE devraient faire pression publiquement sur le gouvernement burundais pour qu’il libère tous les prisonniers injustement emprisonnés, y compris Tony Germain Nkina, et pour qu’il annule les condamnations injustes et abandonne les mandats d’arrêt à l’encontre des défenseurs des droits humains et des journalistes en exil. « Le gouvernement peut prouver qu’il est prêt à engager des réformes en permettant au rapporteur spécial des Nations Unies d’accéder au pays et menant des enquêtes crédibles sur les meurtres, les disparitions et les cas de torture. » De plus, poursuit-elle, tous les agents de l’Etat et les membres des Imbonerakure responsables de ces abus devraient être immédiatement arrêtés et traduits en justice.
Hamza Venant Burikukiye : « C’est une victoire diplomatique »
Pour le représentant légal de l’Association Capes+, la levée des sanctions est non seulement une fierté nationale mais aussi c’est une victoire diplomatique et un espoir pour le réchauffement de la coopération bilatérale entre le Burundi et l’UE et ses pays membres.
Selon Hamza Venant Burikukiye, les progrès en matière des droits de l’homme sont incontestables et remarquables.
Pour lui, cette société civile qui parle du contraire travaille à la solde « de leurs financiers manipulateurs, acteurs de la déstabilisation de la paix mondiale en général et du tiers-monde en particulier. »
Eric Nsengimana : « D’ailleurs, c’étaient des sanctions injustes »
Le président et représentant International de l’Association pour une jeunesse africaine progressiste (AJAP) se dit satisfait de cette décision de l’UE. « D’ailleurs, c’étaient des sanctions iniques. La situation qui prévalait en 2016 n’a pas beaucoup changé si ce n’est que ceux qui disent du mal du Burundi ne sont plus nombreux. »
Pour Eric Nsengimana, la reprise effective de la coopération va être très bénéfique. « L’UE collabore avec le gouvernement dans beaucoup de secteurs de développement.»
Selon lui, dire que les droits de l’Homme ne sont pas respectés est un mensonge. « Nous sommes les champions de leur promotion. La preuve en est que la Commission nationale indépendante des droits de l’Homme (CNIDH) a recouvré son statut A. » Eric Nsengimana assure que la liberté d’expression et d’opinion est une réalité.
Concernant les cas d’assassinat, il indique qu’il y a des criminels partout dans le monde. « Ce n’est pas un baromètre du non-respect des droits de l’Homme. Ce qui est condamnable, c’est lorsque les gens sont enlevés ou tués par des agents de l’Etat. Ce qui n’est pas le cas. » D’après lui, certains agents de l’Etat ont été arrêtés, montrés à la télévision puis condamnés. « Cela montre que l’Etat n’est pas impliqué dans ces assassinats. »
Peter Mathuki : « Désormais, les Etats membres vont avancer ensemble »
Le Secrétaire général de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC), Peter Mathuki, salue la décision de UE. Selon lui, cette décision stimulera non seulement le développement du Burundi mais rajeunira également l’intégration régionale. « Il s’agit d’une évolution positive tant pour le Burundi que pour l’EAC. Cela signifie que les Etats partenaires de l’EAC vont désormais avancer ensemble dans la mise en œuvre des programmes financés par l’UE. Cela favorise également l’harmonie et la synergie entre Etats partenaires, quelque chose d’indispensable pour le processus d’intégration en Afrique de l’Est ».
Mathuki indique que l’EAC reçoit des financements de la part de l’UE dans les domaines du renforcement des capacités, la transformation numérique et l’innovation, l’intégration commerciale, la gouvernance, la paix et la sécurité, la migration et les déplacements forcés, la conservation de l’environnement et le changement climatique.
Une bouffée d’air frais pour autant ?
Avec un budget national financé à hauteur de 20% par l’Union européenne en 2016, un expert économiste proche du dossier, bien que satisfait de cette levée des sanctions, il fait savoir qu’un grand pas reste à franchir.
« La bonne nouvelle, c’est qu’il y aura dorénavant des appuis directs. Notamment, l’appui budgétaire et le financement direct des programmes du gouvernement devront reprendre sous peu », tient-il à préciser. Allusion faite aux projets dans le domaine agricole, sanitaire, énergétique, etc. Au point mort depuis 2016.
Dans la foulée de cette levée de sanctions, il se félicite qu’un plan stratégique de l’UE s’étendant sur 4 ans vient d’être finalisé. « Un outil technique d’une importance sans nom. Parce qu’il détaille noir sur blanc les grands axes d’intervention de l’UE sur les quatre ans à venir. Mais, plus que tout, témoigne de la bonne foi de l’UE à vouloir renouer cette coopération ».
Autre bonne nouvelle, le dégel des fonds du 11èmeFED (Fonds européen pour développement). Estimée autour de 432 millions d’Euros, la somme avait été gelée des suites des sanctions de 2016. Avec cette levée, cet économiste explique : « Sauf surprise, il y aura un effet de rattrapage ». D’après lui, le pays devra bénéficier à la fois du 11ème FED et le 12ème en cours. En tout, un montant avoisinant les 850 millions d’euros.
Un montant qui permettra de renflouer les caisses de l’Etat, d’améliorer les réserves de change, à soutenir l’économie, tout en améliorant les conditions de vie de la population.
Toutefois …
Notre source fait savoir que la contrepartie n’est pas moindre. « Le gouvernement doit s’engager à améliorer certains indicateurs en rapport avec la gouvernance, la transparence budgétaire, le respect de l’Etat de droit, des libertés publiques, etc. » Des exigences considérables vu que certaines ONGS et activistes européens ne cessent de clamer qu’il y a encore des violations des droits de l’homme.
Quid de son impact direct sur la vie des gens ?,, l’expert se veut rassurant « Nul doute qu’un léger mieux s’observera. Néanmoins, cela ne se fera pas en un clignement d’œil. Le temps d’équilibrer la balance des paiements, de préparer ces projets. Cela peut prendre du temps ».
Et de préciser : « L’autre grand défi sera la capacité d’absorption de ces fonds à l’intérieur du pays. » Avec deux FED en cours, laisse-t-il entendre, le risque est grand qu’il y a des sommes qui pourront tomber en annulation. « A ce niveau, le gouvernement doit mettre en place une cellule technique chargée de la préparation des projets. De la sorte, répondre aux défis de cette faible capacité d’absorption ».
Rencontre/ Faustin Ndikumana : « La balle est désormais dans le camp du gouvernement »
La levée des sanctions économiques de l’UE contre le Burundi est saluée au niveau de l’organisation Paroles et Actions pour le Changement des mentalités (PARCEM). Néanmoins, l’organisation estime que le gouvernement doit faire un effort pour profiter au maximum de cette décision. Rencontre avec Faustin Ndikumana, son directeur national.
L’UE et ses Etats membres ont décidé de lever les sanctions économiques contre le Burundi. Votre réaction ?
C’est un sentiment de satisfaction. On félicite le peuple burundais et le gouvernement du Burundi parce que, pour nous, la levée des sanctions de l’UE est une bouffée d’oxygène pour le fonctionnement de notre économie.
D’abord, vous savez que le Burundi est l’un des pays les plus pauvres du monde. La coopération est l’un des moyens pour mobiliser des fonds pour le développement. Et le Burundi en a tellement besoin. Je dois dire que dans un classement de la Banque Mondiale, le Burundi est l’un des pays qui ont besoin sensiblement de l’aide pour relever son économie. Il est le troisième parmi cinq pays au monde les plus dépendants de l’aide publique au développement. Et l’UE est l’un des grands contributeurs en matière de l’aide publique au développement. C’est vraiment une décision salutaire pour le Burundi.
Ces sanctions avaient-elles eu d’impact négatif sur l’économie burundaise ? Comment ?
Bien sûr. Il suffit de regarder l’état de nos infrastructures pour s’en rendre compte. On ne peut pas faire de la croissance sans route, sans infrastructures, etc. Les routes se délabrent et rien n’est fait. Regardez la situation des écoles, sans équipements, etc. Le manque des devises est lié à ces sanctions. La levée des sanctions est l’une des voies pour faire face à ce problème.
Que gagne le Burundi avec la levée de ces sanctions ?
Beaucoup. La Banque africaine de développement (BAD) en 2010 avait estimé les besoins en infrastructures au Burundi, pour relever son économie, à 6 milliards de dollars. C’est un montant colossal. Pour sa mobilisation, la part de l’aide publique au développement doit avoir une place prépondérante parce que le Burundi n’est pas encore un pays dont l’économie est assez forte pour mobiliser d’autres financements.
A ce niveau, la levée des sanctions permet que le gouvernement et l’UE renouent le dialogue, la coopération classique. Mais, à travers même la Déclaration de Paris, l’aide publique au développement reste conditionnalisée. Pour qu’il y ait le déblocage, il y a toujours les conditionnalités reconnues même au sein de la Déclaration de Paris et au Plan d’action d’Accra en 2008.
Quelques-unes de ces conditionnalités ?
La bonne gouvernance, la capacité de gestion, la lutte contre la corruption dans les institutions, le contrôle budgétaire, avoir des institutions assez fortes comme le Parlement pour le suivi du budget. Il faut des institutions de contrôle des finances comme la Cour des comptes qui soient assez sérieuses pour voir si réellement le pays a des capacités à mieux gérer l’argent. Et ce, sans oublier ces situations des droits de l’homme. Parce que le déblocage est toujours lié. Encore une fois, le nouveau programme de l’UE insiste sur la lutte contre la corruption et la bonne gouvernance. Aussi l’environnement des affaires. C’est-à-dire que la tâche n’est pas facile.
Que proposeriez-vous au gouvernement pour profiter au maximum de cette mesure de l’UE ?
Le gouvernement doit prendre des mesures concrètes en matière de la bonne gouvernance et de la capacité de gestion. Et la société civile est là pour plaider.
Et d’ailleurs, j’inviterais le gouvernement à refaire l’exercice de la Banque Mondiale, à savoir Country Policy Institutionnal assessment (CPIA), d’évaluation des institutions. Car, dans le temps, le Burundi avait une note assez basse qui ne lui permettait pas de mobiliser des financements assez consistants. Il faut un effort à ce niveau.
Concernant l’environnement des affaires, il faut que le gouvernement puisse refaire l’exercice du Doing business. Ce sont des éléments très essentiels pour qu’une économie se relève. Surtout que l’aide publique au développement, à elle seule, ne peut pas projeter le pays vers l’émergence.
On vient de tenir un forum national pour le développement où le président de la République a déclaré que nous voulons un Burundi émergent d’ici 2040. L’aide publique au développement et la coopération, elles seules, ne pourront pas nous faire arriver à cet objectif ambitieux. Il faut d’autres canaux de financements. Il faut que cette aide soit bien gérée pour permettre au pays d’avoir les capacités de mobiliser d’autres canaux de financements consistants pour faire face à ces besoins en infrastructures qui exigent des montants colossaux.
Et là, la balle est désormais dans le camp du gouvernement qui doit changer, rectifier le tir pour que les retombées positives de cette mesure soient une réalité et ressenti par la population même dans les coins les plus reculés.
La contribution de l’UE dans le budget de l’Etat
Le Burundi, qui vivait à plus de 50% des aides extérieurs, a perdu l’appui de l’Union européenne, son principal bailleur. Ce dernier a suspendu son aide directe au gouvernement burundais.
Selon les données tirées dans les budgets généraux de 2014 à 2020, les dons ont évolué decrescendo. Ils couvraient 49% du budget général de 2014 et ont passé de 44% en 2015 pour atteindre 29,72% en 2016 avec la prise des sanctions par l’Union européenne.
La part de l’Union européenne dans le budget général a suivi aussi la même cadence, elle couvrait environ 10% en 2014 et a été presque nulle depuis 2016 jusqu’à nos jours.
Cette dégringolade de l’appui directe au gouvernement a occasionné de graves conséquences sur l’économie et a ralenti l’activité économique, notamment une hausse généralisée des prix suite au manque de devises. Le taux d’inflation a été 9.7% en juillet de cette année et le taux de croissance a également chuté, passant de 4% en 2014 à 2% en 2020, selon les données de la banque mondiale.
Quid des engagements qui étaient attendus de la part du gouvernement du Burundi ?
Lors de la conclusion de la procédure de consultation et la prise des sanctions en 2016, une matrice des engagements attendus par l’UE de la part du gouvernement du Burundi et indicateurs correspondants a été dégagée. Ces engagements étaient organisés en quatre grands domaines qui devaient être évalués globalement en fonction de leur évolution.
Accord politique sur un plan de sortie de crise
Les engagements attendus étaient la participation, en concertation avec la Communauté Est-Africaine et l’Union africaine, ou une autre médiation internationale, à un dialogue qui permet le retour aux principes démocratiques. Comme indicateur, l’UE exigeait la tenue effective d’un dialogue politique inclusif rassemblant toutes les composantes de la vie politique selon les modalités énoncées par la médiation internationale et dans le respect de la présente décision, débouchant sur un plan de sortie de crise ou toute solution consensuelle et pacifique à la crise dans le respect des accords d’Arusha visant le retour à l’Etat de droit et une gouvernance inclusive.
Une autre exigence était la poursuite du désarmement avec l’appui d’observateurs internationaux. Seule la police nationale et les forces de défense assurent des missions de maintien de l’ordre public dans le respect de l’Etat de droit.
Mesures d’apaisement et d’ouverture de l’espace politique
Les engagements attendus étaient subdivisés en 3 sous points : Le premier est la réouverture des médias privés et règlement des différends les concernant en application de la loi sur la presse avec comme indicateur que les radios et télévisions indépendantes émettent sur l’ensemble du territoire pour assurer le pluralisme de l’information.
L’autre point est la liberté d’exercice de la profession de journaliste en toute sécurité. Les indicateurs sont : les actions concrètes pour combattre l’intimidation à l’égard des journalistes, les actes d’instruction relatifs aux poursuites des auteurs de violences contre les journalistes, la situation des journalistes est traitée conformément à la loi sur la presse et dans le respect de la liberté d’expression.
Le dernier point est la liberté et la sécurité de la société civile et des défenseurs des droits de l’homme avec l’annulation de l’ordonnance du 23 novembre 2015 de suspension des activités de certaines organisations de la société civile et l’arrêt des intimidations contre les défenseurs des droits de l’homme.
– Mesures liées aux dossiers judiciaires
Les engagements attendus étaient le traitement des affaires judiciaires en cours, dont celles soulevées lors du dialogue intensifié au titre de l’article 8. Les indicateurs sont : Tenue des audiences d’appel dans les affaires concernées (MSD, Fréderic Bamvuginyumvira, Léonce Ngendakumana) dans le respect des règles et dans le respect des droits de la défense.
Un autre engagement attendu est le traitement des dossiers des prisonniers liés aux manifestations et aux incidents sécuritaires qui s’en sont suivis conformément au Code pénal burundais et aux normes internationales. Comme indicateurs : production des actes juridiques attestant de la remise en liberté et de la levée des mandats d’arrêt à leur encontre, le cas échéant, des manifestants qui n’ont pas commis d’actes de violence. Comparution devant un magistrat de tous les manifestants restants poursuivis, dans les délais légaux, et dans le respect des lois burundaises, y compris les normes internationales ratifiées par le Burundi en matière de droit à un procès équitable.
Le dernier engagement est de mener des enquêtes sur les allégations de tortures et d’exécutions extrajudiciaires et suivi des conclusions avec comme indicateurs la publication de rapports d’enquêtes crédibles menées avec la participation d’experts internationaux sur tous les cas allégués de tortures, de violences sexuelles, de disparitions et d’exécutions extrajudiciaires, et adoption des mesures à l’encontre des personnes responsables de tels actes.
Mise en œuvre du plan de sortie de crise
L’UE attendait la mise en œuvre du plan de sortie de crise selon le calendrier agréé. Les conclusions de la médiation internationale et le plan de sortie de crise devaient être mis en œuvre selon le calendrier et les modalités prévus par ce plan.
@Bakame
Bravo pour votre démonstration magistrale et rigoureuse. On peut déverser des milliards à un pays, mais sans bonne gouvernance ni démocratie ce ne servira à rien. Vous êtes l’inverse de M. Nshimirimana qui, avec tout le respect que je lui dois, argumente tout aussi brillamment que vous, mais avec des pièces apparemment sorties directement des tiroirs des services étatiques et ethniques.
Les contribuables européens devraient interroger les bureaucrates non élus de l’UE et leur demander si elle a droit à accorder des centaines de millions d’euros à des autorités du pays le plus pauvre et le plus malheureux du monde qui portent des chaussures en or et jettent régulièrement à la figure des misérables populations burundaises, le spectacle de leurs richesses faramineuses .
C’est l’équivalent de Mobutu faisant venir de Paris, par l’avion supersonique Concorde, le gâteau de mariage de sa fille. C’est comme déverser des milliards à Abacha le Nigérian, Dos Santos l’Angolais, Bongo le Gabonais, Sassou N’guesso le Congolais… ce ne servira strictement à rien. Seul un régime démocratiquement élu peut gérer ces sommes astronomiques et rendre compte au peuple.
Bellum,
C est pas forcément pour vous contredire.
Nous savons comment sont élus les dirigeants africains. En faisant un jeu de mots pas très malin, ils sont élus à l’africaine (ou a la tiers mondiste pour ne pas accabler seulement l’Afrique). Il y a meme ceux qui disent que 2 = 3. Souvenez vous des morts dans une république de l’Afrique Est.
Meme en étant élu à la suite des fraudes électorales ou en tordant la constitution, le président devrait s’inspirer des pays comme le Ghana ou le Botwana pour diriger. (Et pas le Cameroun, Haiti, Guinéee, Gabon, Zaire,Erythree, Je m’arrete…)
J’ai encore honte d’entrendre de la bouche de l’UE les recommandations suivantes:
1) Bonne Gouvernance
2) Respect des droits de l’homme
3) Lutte contre la corruption.
Nos dirigeants devraient savoir qu’aucun pays ne peut se développer sans ces prélables.
C est comme dire à quelqu’un: Lavez vous les mains, avant de mager. N’est il pas déshonorant?
Cet article « Le dégel » est bien fait. Comme souvent. Merçi au Journal Iwacu.
La levée des sanctions est à saluer. Notre mauvaise gouvernance combinée aux sanctions ont terriblement affecté notre pays.
Mais que faut il retenir de cet article.
L’UE et les USA maintiennent (avec des paroles de velours ) les même recommendations comme quelques préalables, il ya:
1) Lutte contre la corruption. En tant que citoyens, nous avons honte que ce soient des tiers qui nous le disent. Avec une corruption à la haitienne ou à la zairoise. Ces aides ne serviront à rien. Elementaire mon cher Watson.
2) Promouvoir la bonne gouvernance. J’aurais aimé que les gens de la société civile pro gouvernemantale le répétent au Gouvernement à longueur de la journée. Regideso, Inss, RNP, Onatel. Je m’arrête içi, sont des exemples qui nous déshonorent.
3) Une société civile qui joue son rôle. A quoi sert une société civile qui ne fait qu’applaudir. Est ce que les Hamza Burikukiye et consorts sont contents qu’on soit l’un des pays les plus pauvres et les plus corrompus au monde? Pourquoi ne dénoncent ils jamais les responsables?
4) Un parlement qui joue son rôle de contre pouvoir. On dirait que notre parlement ne voit , n’entend rien.
Enfin les aides ne développent jamais un pays.
Un pays à qui on apprend la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption est à des années lumières de se sortir des ornières.
Elementaire et elementaire.
Bravo Bakame pour cette réflexion hors des sentiers battus. On l’a déjà dit, maintenant que le dégel s’amorce, la balle est dans le camp du gouvernement, auquel il faut ajouter ses institutions, les partis et sociétés civiles qui lui gravitent autour. Comme vous le dites si bien, ces derniers restent inaudibles quand il faut dénoncer la corruption et les violations des droits de l’homme. Peut-être même qu’ils parlent à qui de droit, mais le peuple ne les entend pas et ne voit pas de changements. Celui qui a essayé de parler publiquement a fini en prison, pour servir d’exemple. Il y a donc une omerta que ceux-là même qui se réclament pro-gouvernement devaient briser. C’est un autre dégel qui doit s’amorcer. Pour le bien de notre pays et ses habitants.
Ne vendons pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué ! Les financement de l’UE au Burundi datent de quand ? Combien d’années de suspension ?
Qu’en pense notre ami de la colline à Muziye ou à Kayogoro ?
Les voies du Seigneur, dit-on, sont mystérieuses. Celles de l’UE également. Imaginez un instant faire passer par pertes et profits les milliers de victimes innocentes de la répression étatique et donner le satisfecit aux auteurs qui sont désormais plus puissants qu’en 2016. Je pense que nous assistons à l’application la plus éloquente de la doctrine Mitterrand qui déclara : « Dans ces pays-là, un g…(autocensure) n’est pas une chose grave ». L’UE oublie qu’à côté des milliers de suppliciés et exilés, il y a eu aussi le massacre d’européennes à savoir : les petites vieilles sœurs italiennes de Kamenge. L’UE veut-elle nous dire que même des Européennes n’auront pas de justice comme les Burundais?
Lorsque les Italiens du Sud, pauvres et méprisés, vont jouer au football dans le Nord, riche et imbu de sa supériorité, ils sont accueillis aux cris : Bienvenue les Africains ! Peut-être que les petites vieilles sœurs italiennes de Kamenge venaient du Sud, donc des « Africaines », donc passables, comme les milliers des victimes burundaises, par pertes et profits. C’est cela la realpolitiks.