De jeunes burundais qui vont gagner leur vie en Tanzanie sont dépouillés de tous leurs biens, voire tués, à leur retour. Regroupés à la zone frontalière Camazi en province Cankuzo, ils sont désespérés, incapables de rentrer chez eux.
Ils proviennent de différents coins du pays. Très jeunes, ils ont choisi de s’éloigner de leurs parents en grande précarité économique pour aller gagner leur vie et revenir changer la vie de leurs familles. Mais avant même d’arriver à la frontière, ils sont dépouillés de tout l’argent, tous les bagages, tout ce qu’ils possèdent… par la police tanzanienne.
Quelques victimes récentes sont hébergées au bureau administratif de la colline Mburi, zone Camazi, commune Gisagara de la province Cankuzo.
Scholastique Esta, 16 ans, est originaire de la province Rutana. Elle est partie travailler en Tanzanie il y a trois ans. Elle a adopté un accent étranger, parlant un kirundi imprégné de swahili.
De Dar-es-Salam à Mwanza, Esta faisait le travail domestique. Après sa première année de travail, elle appelle sa sœur pour la rejoindre en Tanzanie « car la vie était plus ou moins facile là-bas ».
Toutes les deux travaillaient dans un même ménage. Elles faisaient le ménage et gardaient des enfants. Elles confient qu’elles recevaient 50 mille shillings, soit environ 70 mille BIF, chacune, de salaire mensuel. C’est plus ou moins 32 dollars US.
Un jour, elles décident de rentrer au Burundi, les poches pleines, pour s’occuper de leur famille. Orphelines de père, ces deux sœurs aînées dans une fratrie de 7 enfants voulaient prendre la relève et soutenir leur mère qui ne travaille pas.
Elles quittent la Tanzanie avec une somme de 300 mille shillings, équivalent à plus de 400 mille BIF(environs 200 dollars US) « En cours de route, la police tanzanienne nous arrête avec tous les passagers, à Gakonko en Tanzanie, près de la frontière « , raconte Scholastique. Ils passent plusieurs heures assis dans le véhicule policier avant d’être conduits aux cachots pour être dépouillés de tous leurs biens. « Tout l’argent et tous les bagages. Nous avons même été battus». La police les conduit ensuite jusqu’à la frontière pour se retrouver à Camazi, guidés par la police burundaise.
Lionel Niyomwungere et Faustin Gahimbare, 21 ans, d’autres jeunes victimes, provenant de la commune Nyanza-lac, province Makamba. Aujourd’hui, ils se retrouvent à Camazi, incapables de rentrer chez eux.
Ils sont aussi partis gagner leur vie en Tanzanie, en 2015. Ils étaient pêcheurs à Nyanza-lac et sont allés continuer ce métier de l’autre côté de la frontière pour se lancer, par après, dans le métier de coiffeur. A leur retour au Burundi, ils ont été dépouillés de tous leurs biens et battus par la police tanzanienne, il y a quelques jours. Elle a pris tout l’argent (80 mille shillings, soit plus de 100 mille BIF), les bagages et les documents de voyage.
Ces jeunes victimes habitent dans un bureau de la colline Mburi. Ils sont accueillis par la chef collinaire qui leur offre un toit provisoire. Ils n’ont rien et survivent difficilement.
La chef collinaire dépassée
Mwajuma Ntuntu, chef de colline Mburi, indique que chaque mois, elle accueille une trentaine de jeunes burundais dépouillés. Ils proviennent de différentes provinces du pays : Ruyigi, Cankuzo, Makamba, Bujumbura… « Certains doivent passer plusieurs jours ici, faute de moyens pour rentrer, surtout ceux qui proviennent des provinces éloignées». Certains optent pour rentrer à pied. D’autres cherchent de petits boulots pour avoir ne fût-ce qu’un ticket pour regagner leurs familles.
Cette chef collinaire se dit dépassée. Elle se débrouille pour leur offrir à manger, le premier jour. « Mais ils doivent se débrouiller les jours qui suivent. Ils cherchent de petits boulots pour survivre».
Elle demande aux autorités de venir en aide à ces jeunes : « Ne fût-ce que construire une bâche à la frontière pour les héberger et faire le suivi.»
L’administrateur de la commune Gisagara, Gratien Nitunga, confirme ce phénomène : « La plupart de jeunes burundais qui rentrent croisent la police tanzanienne qui les arrête et les dépouille. »
Il indique que les autorités des deux localités frontalières avaient l’habitude de se rencontrer pour résoudre ce problème. Mais plus aujourd’hui à cause de la fermeture des frontières. « Nous le faisons par téléphone».
Il estime que la raison de ce comportement qui perdure est la jalousie des Tanzaniens de voir les frontières burundaises fermées alors qu’eux n’ont pas fermé les leurs. « D’autant plus que nombre d’entre eux s’approvisionnent ou travaillent dans notre commune. » En outre, la main d’œuvre qui travaille dans les champs tanzaniens est majoritairement burundaise.
Des cadavres retrouvés dans les rivières…
Le gouverneur de la province Cankuzo, Boniface Banyiyezako, reconnaît aussi ces bavures commises par la police tanzanienne. Il indique que l’administration aide les victimes qui sont parties légalement à retrouver leurs biens. « Mais nous n’aidons pas ceux qui sont partis en cachette et qui sont dans l’irrégularité».
« Ujilani mwema » (bon voisinage) est une habitude d’aller visiter les autorités tanzaniennes des villes frontalières, selon le gouverneur. Mais avec la fermeture des frontières, cette visite est suspendue. Et c’est un grand défi car les problèmes sont difficilement résolus, souligne M. Banyiyezako.
En plus des travailleurs saisonniers dépouillés, le gouverneur relève également des cas de Burundaises cultivatrices violées de l’autre côté de la frontière. « Parfois, nous retrouvons même des cadavres burundais enveloppés dans des sacs jetés dans les rivières ou sur les frontières».
Il parle d’un cas récent de trois travailleurs saisonniers burundais qui ont été attaqués par des malfaiteurs tanzaniens, deux sont morts. « Nous avons appelé les autorités tanzaniennes, mais il est difficile de trouver une solution par téléphone».
Il affirme que ces cas s’observent surtout dans la ville de Kagera en Tanzanie, frontalière avec les communes Kigamba et Mishiha en province Cankuzo.
Je suis triste pour ces innocents tantôt emprisonnés, dépouillés, violés,et parfois tués
Bonjour journaliste jai besoin de parle avec se deux Garcon par telephone si sai posible . Repondre par email [email protected]
Je ne comprends pas ces actes de piraterie et animosités entre deux pays qui se disent « plus que frères ». La Tanzanie est le pays le plus visité par les hautes autorités du Burundi, visites dont l’objectif est je suppose de cimenter la solidarité et le respect mutuel entre les deux peuples. Mais que voilà à certains endroits, les burundais qui offrent leurs bras aux tanzaniens sont dépouillés et traités de la pire façon comme du gibier de potence. On a aussi entendu des plaintes de maltraitance assez sérieuses des réfugiés burundais en Tanzanie. Si j’étais gouverneur de Cankuzo, j’éviterais d’utiliser le téléphone, car on voit bien qu’il est sans effet. Je rédigerais plutôt un volumineux rapport sur tous ces crimes et les coûts estimés des dommages infligés aux burundais. L’objectif étant que ce rapport parvienne par voie officielle aux autorités tanzaniennes (par le biais naturellement de la diplomatie burundaise). Le gouverneur l’a peut-être fait, dans ce cas, je dis toujours que les hautes autorités doivent sortir de leur zone de confort pour protéger leurs citoyens où qu’ils se trouvent.
Et la circulation des biens et des personnes dans l’EAC ? Que des discours ?
Cher journaliste, Elvis Mugisha , j’ai été touché par l’histoire de ces frères et sœurs ( Scholastique dépouillée de ses 400.000fbu et ces deux jeunes garçons 100.000fbu)
J’aimerais savoir si je peux leurs parler au téléphone pour voir comment je peux les aider. Je suis Canadien d’origine Africaine et moi aussi j’ai eu le même problème dans les années 2000. Je comprends donc bien leurs situations. Répondez par courriel : [email protected]
Que le Seigneur vous bénisse.
« le gouverneur relève également des cas de Burundaises cultivatrices violées de l’autre côté de la frontière. « Parfois, nous retrouvons même des cadavres burundais enveloppés dans des sacs jetés dans les rivières ou sur les frontières». »
À mon avis, le gouverneur aurait dû déjà parlé à la presse car ces informations sont trop importantes pour être gardées pour soi. Les Burundais ont besoin d’être informés.
Je crois me souvenir que dernièrement, lors de la 1ère visite de notre président (de Leta mvyeyi et Nkozi), notre président a traité son homologue tanzanien de père.
Ces problèmes devraient être réglés simplement entre des parentés si proches.