Alors que le gouvernement du Burundi s’apprête à promulguer une nouvelle loi bancaire, l’économiste Prime Nyamoya analyse les conséquences du texte sur le systeme bancaire du pays, et notamment sur l’épineuse question des crédits et capitaux au Burundi.
Le projet de loi bancaire, si elle est édictée, va mettre à mal le système bancaire burundais dans son ensemble. En effet, visant l’objectif de s’aligner sur les normes internationales de Bâle 2/Bâle3, la Banque de la République du Burundi va imposer une série de mesures qui vont contraindre les banques commerciales et les institutions de microfinance (IMF) à resserrer davantage le crédit aux entreprises et ménages.
Or la situation financière et économique du pays est la plus précaire sur le plan macroéconomique par rapport aux autres pays de la Communauté est-africaine. Le secteur bancaire ne pourra pas résister longtemps aux stress tests (tests d’endurance) qui mesurent la capacité des banques de pouvoir faire face à des situations imprévues sans devoir recourir à la BRB ni à l’Etat. Même si les chiffres ne sont pas encore disponibles pour l’ensemble des banques, la certitude est que les provisions pour créances douteuses ont considérablement augmenté en 2013 du fait des crédits non-performants, autrement dit des créances compromises, les crédits globaux passant de 448 en 2008 à 976 milliards en 2012.
Les causes actuelles de la situation des crédits sont multiples : on peut citer notamment la gouvernance globale des banques dominée par l’Etat dans la gestion quotidienne (BCB, BANCOBU, BBCI) qui contrôlent environ 45% du crédit à l’économie et qui prêtent principalement à des entreprises publiques ou mixtes dans lesquelles l’Etat est majoritaire dans les fonds propres (SOSUMO, ONATEL, REGIDESO, SODECO,..).
Ces entreprises accaparent l’essentiel des crédits octroyés, créant ainsi ce que les économistes appellent effet d’éviction, c’est-à-dire que les autres entreprises dynamiques potentiellement rentables du secteur privé n’y ont accès que de manière insatisfaisante. En conséquence, le taux de croissance économique du Burundi de l’ordre de 4% depuis environ 10 ans est bien plus faible que celui enregistré dans les pays voisins de la CEA qui est de 6-7% en moyenne.
Le gouvernement doit mettre en place des réformes économiques et financières
Les finances de l’Etat burundais ne seraient pas en mesure de participer à la recapitalisation des fonds propres de ces banques qui vont passablement être ponctionnés par des provisions pour créances compromises. Ces dernières devraient en outre être retirées des bilans des banques pour les transférer vers un fonds public « bad bank » qui se chargerait ultérieurement du recouvrement sur le long terme. La seule alternative est de favoriser l’entrée au capital des banques contrôlées par l’Etat des investissements directs étrangers (IDE) à travers la politique de privatisation que les gouvernements successifs ont toujours évitée pour des motifs purement politiques (« vested interests »).
En effet, en agissant de la sorte, la part de l’Etat sera diluée dans le capital social des banques et entreprises publiques, et par conséquent sa capacité à nommer ses représentants sera amoindrie. Mais c’est à ce prix que le secteur bancaire sera sauvé d’une crise qui s’annonce certaine. L’autre alternative moins plaisante pour les actionnaires, y compris l’Etat, est de réserver l’entièreté des profits du secteur bancaire des exercices 2013/2014 à l’augmentation des capitaux propres, ce qui constituerait un important manque à gagner pour le Trésor.
L’autre grande réforme susceptible de rendre le secteur financier plus efficace est de procéder rapidement à la modernisation de la loi désuète sur la faillite pour accélérer entre autres la reprise par les banques créancières des actifs en garantie par les clients défaillants. Il s’agit de mettre en place des procédures plus rapides en dehors du système judiciaire notamment en ayant recours aux cours arbitrales.
Le projet de loi bancaire pourrait également favoriser l’ensemble du secteur financier à faire des opérations de rachat des créances contre actions (debt-to-equity swaps). Le gouvernement devrait également accompagner l’initiative de l’ABEF – Association des banques et établissements financiers du Burundi -, à réaliser le projet de FIGA – Fonds d’investissement et de garantie qui consisterait à financer les PME- Petites et moyennes entreprises et les TPE- Très petites entreprises, par des prélèvements sur les profits des banques et des ressources financières des fonds extérieurs. Ce nouvel instrument devrait permettre de financer le secteur productif à long terme, notamment les entreprises dans l’agro-industrie, dont le risque élevé constitue un des obstacles majeurs à l’accès au crédit des banques commerciales.
Enfin, l’entrée du Burundi dans l’Union monétaire est-africaine implique un certain nombre de conditions devant être remplies notamment : ratios de dette publique /PIB ≤ 50%, déficit public/budget ≤ 6%, taux d’inflation ≤ 8%, et la solidité du système bancaire mesurée par des tests de résistance par la future banque centrale est-africaine.
Il est donc dans l’intérêt national que le gouvernement mette rapidement en place des réformes économiques et financières qui permettront à notre pays d’y accéder de plein droit et non par une décision politique qui pourrait ultérieurement avoir des conséquences sur la solidité de la monnaie est africaine. La BRB, à commencer par elle, devrait faire le ménage du système financier qui fait peser les plus grandes menaces sur les finances et l’économie du pays ainsi que sur la stabilité du franc burundais rongée par une inflation inquiétante de près de 20% en 2012.
Soma akayeri barundi ico muragishoboye,
Nta bandi bantu bokwirekerako ivyo bintazi vya ba dd,imyaka n’imyaka.
I totally agree with all the analysis and suggestions that you have been putting on the table to rescue the economy of Burundi and specifically/currently our Bank & financial system.
However I beg you to forsake your suggestion about the creation of BAD BANK in the current disastrous governance system.
I am currently residing in one EU country which has created one subsequent to the ongoing Bank & Financial system and looking at the cost of managing that bank on one hand, the level of expertise ,honesty,integrity & independence required from the top/senior management for a proper work to be done …Please Pr Nyamoya pursue your analysis and I am sure you will come up with another proposal suitable and applicable for our country.
Otherwise that proposal, which once applied in Burundi, will dramatically fail and it will come unjustly against you and it will hurt you for the rest of your life.
Thank you Pr. Nyamoya
Nos banques offrent des credits a un taux de 17% mais quand vous deposez des millions pour epargner; 8% de benefices. Comment justifier cette difference?
J’aime beaucoup les contributions de M. Nyamoya (et je n’en rate aucune !… celle du 31/08/2013 sur la place de notre pays dans le projet d’Union monétaire étant indépassable pour moi !) et celle-ci ne fait pas exception. Rien que pour cela, merci à l’auteur et à Iwacu qui lui donne cette possibilité de nous partager ses analyses, oh combien pertinentes et éclairantes. [le fait que je sois même économiste n’est sans doute pas étranger à ma sensibilité aux thèmes qu’il traite !]
Bien sûr, je suis d’accord avec quasiment toute l’analyse qui est faite et mon commentaire ne concerne qu’un point (correctement évoqué par ailleurs) dans l’article : l’EFFET d’EVICTION !
Je me suis amusé à calculer (à partir des chiffres du tableau) la part des créances faites à l’Etat par rapport à celle faite au reste de l’Economie : le résultat est sans appel : on est passé de 28,15 % en 2008 à 57,15% en 2012 ! et le graphique le montre d’ailleurs (la courbe croissante en vert et aplatie puis décroissante en rouge) !
Personne (dans les commentaires) ne semble relever ce constat que je trouve très INQUIETANT ! Non seulement l’incompétence avérée de ce gouvernement n’est plus à démontrer et en plus, il EVINCE de plus en plus le secteur privé. Allons vers le modèle à la Corée du Nord ? Je suis INQUIET !
Si notre Etat était performant et compétent, je ne dirai rien mais vous savez que (et ceci est de notoriété publique, n’en déplaise au ministre qui voit le recul de la pauvreté sans en donner un seul chiffre) que la situation économique de notre pays va de mal en pire et qu’elle est alarmante. Pas plus tard que ce matin, j’ai lu que(ce qu’on doutait tous) : « Avec 73,4% de la population souffrant de malnutrition, le Burundi détient le (triste) record de pays africain le plus affecté par ce fléau. »
Allons-nous laisser cet Etat corrompu, inapte EVINCER tranquillement le secteur privé, le seul qui peut encore faire quelque chose dans notre pays ? J’ai peur pour notre pays !
http://www.malijet.com/actualite_internationale/92150-malnutrition-les-dix-pays-africains-les-plus-affectes.html
PS :
2 bémols (très mineurs ceci dit, le terme ango-saxon « caveat » serait plus approprié) néanmoins : j’aurais aimé que l’auteur, M. Nyamoya,
-) nous donne l’essence de cette nouvelle loi bancaire … Aux juristes de s’y coller sans doute….
– ) la source des stats manque : non pas que je remets en doute la fiabilité des données et infos partagées mais ça me permettrait de remonter à la source … pour mes propres études !!!
MERCI!
Toutes les nouvelles lois qui sont entrees d’etre promulgues ou qui ont deja ete promulgue par le pouvoir legislatif ne font qu’enforcer le clou dans la plaie creant un climat d’insecurite, d’instabilite et de mecontentement generalise, c’est tres dommage
Arko, mumbonera twimirij iki?
Nimutegere, erga BRB nta ma lingots d’or igifise.
Iyo études ya Nyamoya irumvikana, la population s’accroît ainsi que les horizons(projets-besoins) qui ne cessent de s’élargir.
Hama, uwitwa PCE yavuze kuraba ama comptes y’aba poids-lourds. => Babika mri coffre fort mri chambre sha. Kand bafiseyo menshi!
On porrait les surnommer les nouveaux investisseurs ou ceux qui croient être les « seuls-futurs-investisseurs ».
Restons vigilants, comptons sur nous même!
Car, tu ne connaîtra les projets de ton dirigeant, que lorsque ils commenceront à être publiés (comme cette dernière), ou mis en éxécution.
Keep ya heads up neggaz, God knows you and your country!
Je navuga sinavura.
Aha !!! Bank nizugare tubeho kumwe kwa zaire ya Mobuto none muhaye BRB abantu nka Wagara mwagomba quel résultat ???
Les Banque Burundaise nous font peur nous la diaspora, imaginez vous les investisseurs!, une fois dans la BCB tu te crois je ne sais u? une anarchie, un désordre bref mw’isoko !!!
rien d’une banque, de tout les façon c’est pas rassurent
je suis sortie 30 minutes après, j’ai pas pu ouvrir mon compte du fait que la préposé, était au téléphone, puis disparu de son coin qui ressemble plutôt à une cage que un bureau d’ouverture de compte
Actuellement nos dd ont du cash à la maison comment voulez vous que les bank tourner!!!
Avec un système financier mal structuré, non sécurisant, moins compétitif et surtout caractérisé par un clientélisme ( donner du crédit à son ami), nous allons tout droit vers le mur. par contre, le schéma est simple: Epargne=> pour donner du crédit=>pour Investir= afin de créer de la valeur ( croissance)> on revient à l’épargne en vue de donner aux autres et ainsi de suite. Une alternative au crédit bancaire, c’est le développement des marchés des capitaux ( appelé la Bourse). Aux Usa, les ménages se financent substantiellement par ce marché sans intermédiaires. On ne réinvite pas la roue, il faut juste copier intelligemment. mais est ce qu’il y a la volonté politico-légal de le faire??
Merci du commentaire..la culture de l’epargne turayikeneye cane iwacu nukuri..kakayeri ka mugoroba tukagabanya..en ce qui concerne le marche des capitaux meme les FDI(foreign direct investment)un investisseur a besoin d’un climat economique,politique et social ziri stable pour pouvoir investir..la volatilite de notre devise,le climat politique itari certain birimuri bimwe bituma tutaronka investissements zikwiye..hama nakunze langage bakoresheje mukuvuga ko banques zodandaza ingwati zaba clients hahaha
LEs iwacistes, où est-ce vous êtes? vous commentez seulement les articles pour insulter les DD? Ng’iyi article isaba akenge, commentez!! seruke ndababone, ndabe ko mutize gukengera abandi gusa!!!
SELON MOI, LES BANQUES BURUNDAISES DEVRAIENT OBLIGER MÊME TOUS LES DÉPOSANTS, SURTOUT LES POIDS LOURDS DU SYSTÈME DD-MPORONA, A DIRE LA SOURCE DE LEUR DÉPÔTS. IL Y A UN SCANDALEUX BLANCHIMENT D’ARGENT VIA LES BANQUES BURUNDAISE
On retrouve dans l’article Mr Nyamoya , ancien banquier , qui certes a comme ambition de relever les défis qui se posent au système bancaire , mais qui ne dit rien sur les taux d’intérêt appliqués par les banques en cas de crédit , une véritable catastrophe . Les banques creusent leur propre tombe en se coupant des clients.