Une délégation rwandaise de haut niveau a été reçue au Palais présidentiel de Gitega par le président de la République, Evariste Ndayishimiye. Elle est conduite par le ministre rwandais de la Défense, Général major Albert Murasira.
Selon la présidence de la République du Burundi, cette délégation est porteuse d’un message du président rwandais, Paul Kagame. « Cette rencontre qui s’est tenue à huis clos s’inscrit dans le cadre de la poursuite du dialogue en faveur de la normalisation des relations entre le Burundi et le Rwanda voisin. (…) Le dégel des relations en cours pourrait aboutir à l’ouverture des frontières du Burundi et à l’extradition des putschistes », annonce Gitega.
Le 7 mars dernier, le Rwanda a annoncé la réouverture de ses frontières terrestres. Mais du côté burundais, c’est toujours fermé. « Il n’est pas encore temps car les discussions pour la normalisation des relations ne se sont pas encore concrétisées », a indiqué Albert Shingiro, patron de la diplomatie burundaise.
Le 10 janvier dernier, le président Kagame avait accordé une audience à une délégation burundaise conduite par le ministre burundais des Affaires de la Communauté Est-Africaine, de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, Ezéchiel Nibigira.
Il était accompagné par le Général de Brigade Silas-Pacifique Nsaguye, Chef de Service chargé du Renseignement Militaire à l’Etat-major Général de la Force de Défense Nationale et de Mme Laurentine Kanyana, Chef de cabinet civil adjoint du président de la République.
« Le but de la visite était de promouvoir les relations bilatérales et renforcer les liens historiques entre les deux pays », a fait savoir le ministère chargé des Affaires de la Communauté Est-Africaine sur son compte Twitter.
« S’il y a eu des problèmes, de brouille des relations, il y a moyen d’en discuter de la base au sommet. C’est via le dialogue que ces problèmes peuvent être résolus », avait déclaré, après cette rencontre, Alain Bernard Mukuralinda, porte-parole du gouvernement rwandais sur BBC.
Un bémol
Malgré ces signes de normalisation, il existe toujours un grand point de discorde : la question des présumés putschistes du coup d’Etat raté de 2015 contre feu président Pierre Nkurunziza. Gitega exige leur extradition vers le Burundi.
Le 4 mars dernier, il y a eu une rencontre à Kigali entre les ministres de la Justice des deux pays afin de trouver une solution à cette question. D’après le communiqué final sanctionnant cette rencontre, les deux délégations ont trouvé que « la question relative à l’extradition de présumés criminels a été discutée dans d’autres forums et niveaux, et donc que la question reste pendante pour être analysée au fur et à mesure des progrès des relations diplomatiques ».
Lorsque le président Ndayishimiye a reçu en audience au Palais Ntare Rushatsi, en novembre 2020, l’Envoyé spécial du Secrétaire Général des Nations Unies dans la Région des Grands-Lacs, Huang Xia, ce dernier avait informé le président de la République que le Rwanda a la ferme volonté de remettre les présumés putschistes aux autorités burundaises mais qu’il voudrait le faire par l’entremise d’un mécanisme ou d’un pays médiateur.
Le président Ndayishimiye avait répondu qu’entre le Burundi et le Rwanda il n’y a nul besoin de médiateur étranger car les deux peuples sont très proches et peuvent s’entendre de par leurs langues presque similaires.
Rappelons que, le 19 octobre 2021, les autorités burundaises avait remis 11 présumés combattants du Front national de libération (FLN), aux autorités rwandaises.
Une remise faite en présence du Mécanisme conjoint de vérification élargi (MCVE) un organe de la Conférence Internationale sur la Région des Grands-Lacs (CIRGL), de l’Union africaine (UA), de l’ONU. C’était à la frontière burundo-rwandaise de Gasenyi-Nemba dans la province de Kirundo. Au mois de juillet de cette année, les autorités rwandaises avaient remis, à leur tour, 19 présumés rebelles du mouvement rebelle burundais Red-Tabara.
Cela fait des années que le Burundi a émis des mandats d’arrêts internationaux contre des dizaines de personnes qu’il accuse d’être des putschistes. A ce jour aucun pays n’a exécuté ces mandats et aucun présumé putschiste n’a été extradé. Le Rwanda n’a pas fait exception. A part quelques « rebelles » qui se sont échangés de part et d’autre. A ma connaissance, le Burundi n’a pas fermé les frontières aux ressortissants des pays qui hébergent ces présumés putschistes. Pourquoi l’a-t-il fait pour le Rwanda? Peut-être parce que c’est un voisin avec lequel il a d’autres griefs? Je trouve que nous devrions réfléchir un peu plus large en remettant cette question dans un contexte international et non exclusivement régional. Surtout en tenant compte que la situation politique a pris une nouvelle direction, qui s’écarte significativement des conditions qui ont donné naissance au putsch.
Le CNDD FDD devrait être ré!liste et renoncer à sa demande d extradition des « putshistes » comme préalable à la réouverture des frontières , je crains que le grand perdant dans l’affaire est le pauvre paysan Burundais / et Rwandais donc le Rwanda peut attendre sans problème que la situation se décante vu que les echanges Burundo rwandais n ont jamais étaient un enjeu majeur. Le seul intérêt Rwandais étant d ordre géopolitique dans cette région chaotique….le wait and see peut prévaloir du côté de Kigali , la paix froide étant une option intéréssante pour Kigali.