268 réfugiés burundais sont rentrés ce mercredi 26 janvier, via la frontière de Gatumba. Ils vivaient pour la plupart au camp de Lusenda. Heureux de retrouver leur mère patrie, ces rapatriés affirment que l’insécurité régnait dans ce camp et ses environs où pullulent différents mouvements rebelles.
Des hommes, des enfants, des femmes étaient tous contents de regagner leur pays natal. C’est aux environs de 10 heures qu’un long cortège des jeeps et quelques camions du HCR sont arrivés à Gatumba. A bord, quelques officiels et surtout des réfugiés burundais venus du camp de Lusenda. Exténués, certains semblaient malades, fatigués. Résultat d’un long trajet sur des routes en mauvais état.
A leur arrivée, un drapeau national leur a été remis par Nestor Bimenyimana, directeur général du rapatriement, de la réinstallation et de la réintégration des rapatriés au sein du ministère ayant l’intérieur dans ses attributions. « Bienvenu dans votre pays pour contribuer à son développement. La sécurité et la paix règnent sur tout le territoire national », a-t-il clamé haut et fort.
Après, le cortège s’est dirigé vers le centre de transit de Gihanga, à Bubanza. Là, ils vont y passer 48 heures. Le temps de leur offrir un paquet retour constitué des vivres et des non-vivres. Pendant cette période de pandémie de la Covid-19, le dépistage est également prévu. « Les cas positifs vont être transférés dans des hôpitaux pour un traitement gratuit. Les autres vont être conduits aux chefs-lieux de leurs communes d’origines », a indiqué le DG du rapatriement, de la réinstallation et de la réintégration. Il rappelle qu’en novembre 2021, une visite officielle avait été effectuée dans deux camps de réfugiés à l’est de la RDC : Lusenda et Mulongwe. « Les conditions de vie y étaient très déplorables. » Et pour 2022, il annonce que le gouvernement burundais et ses partenaires projettent de rapatrier 70 mille réfugiés.
Insécurité à la base du retour
Plusieurs témoignages des rapatriés s’accordent à dire qu’en plus des mauvaises conditions de vie, l’insécurité les a aussi poussés à prendre la décision de rentrer.
« La sécurité est très mauvaise. A la tombée de la nuit, c’est la peur. La journée, on s’inquiète. On meurt de faim. On ne peut même pas aller chercher des légumes en dehors du camp », témoigne Elodie Sibomana, une mère rapatriée.
Selon lui, des réfugiés étaient souvent blessés à l’arme blanche, des femmes ou des jeunes filles étaient violées. « Vraiment, je suis très contente. Seulement, je m’inquiète pour ceux qui sont encore là. Quand ils nous ont vus partir, certains ont pleuré. Qu’on les aide à quitter ce camp ».
Pour sa part, Claude, un jeune rapatrié indique des crépitements d’armes se faisaient souvent entendre dans les environs. Des incursions aussi dans le camp. On ne se sentait pas sécurisé, on ne savait pas à quel saint se vouer.
Il ne cache pas sa fierté de retrouver son pays natal : « C’est vraiment une journée inoubliable dans ma vie. Depuis 2015, année de mon départ, je me demandais comment pourrai-je rentrer au pays. Et voilà, Dieu a entendu mes prières ».
Jean Ndikumagenge, qui affirme avoir fui le pays en 1972 abonde dans le même sens. « Là, la vie est très difficile. Pas de quoi à manger. On peut passer facilement tout un mois sans aucun approvisionnement en nourriture. Et nous craignions aussi pour notre sécurité. On entendait souvent des coups de feu. » Il appelle d’ailleurs les autres réfugiés à rentrer au Burundi.
Interrogé sur cette situation sécuritaire, le directeur général du rapatriement, de la réinstallation et de la réintégration a répondu que la sécurité des réfugiés incombe aux pays d’asile.
Pour le cas de la RDC, il signale d’ailleurs qu’au Burundi, il y a des réfugiés Congolais. « Et ils sont bien portants, sécurisés. Donc, même nos citoyens qui sont en RDC doivent jouir de la réciprocité de l’hospitalité burundaise pour garder les relations diplomatiques au beau fixe ».
De son côté, Freddy Salumu, assistant de protection à la Commission nationale des réfugiés (CNR), Antenne Uvira dit que ces lamentations des réfugiés ne sont pas fondées. « Je vous dis que la sécurité est garantie dans les sites d’accueil et dans les camps en RDC ».
Il demande aux réfugiés de se munir chaque-fois d’une autorisation de sortie pour aller en dehors des camps. Pour les camps de Lusenda et Mulongwe, M. Salumu affirme qu’il y a toujours des policiers et d’autres agents pour assurer la sécurité.