La presse burundaise est en deuil. Prosper-Osso Nzisabira, ancien journaliste de la Radio Bonesha FM, parti en exil en 2015, est décédé ce jeudi 25 novembre.Ses anciens collègues gardent le souvenir d’un bon vivant et passionné de son métier.
Dorine Niyungeko, ancienne journaliste à Bonesha FM et aujourd’hui journaliste au Groupe de Presse Iwacu, dit avoir le souvenir d’un homme particulièrement serviable et prévenant. « A l’époque où j’étais stagiaire à Bonesha, je me rappelle que, conscient de la précarité dans laquelle baignaient les stagiaires, Osso, comme nous l’appelions, nous cédait son supplément de salaire pour les jours fériés au moment où nous étions de garde pendant ces journées-là ».
A la radio Bonesha FM, les journalistes qui ont connu Prosper-Osso Nzisabira sont unanimes sur un point : sa grande sociabilité. « Avec lui, on ne s’ennuyait jamais. Il adorait faire rire les gens », témoigne Alain Niyomucamanza.
Ce dernier prend le soin de souligner le succès de l’émission ’’Uburyohe’’, littéralement, ’’Le plaisir’’, animé par Osso avant l’arrêt de cette radio vandalisée avec d’autres stations dans la foulée du Coup d’Etat manqué du 13 mai 2015 suivi. « Même aujourd’hui, beaucoup de nos auditeurs, fans de son émission nous disent toujours de lui dire bonjour de leur part ».
Egide Ndayisenga, rédacteur en chef à Bonesha FM, précise quant à lui la passion du défunt pour son métier de journaliste. « Il se donnait à fond pour son travail. Il pouvait parfois prendre des tasses de café pour rester éveillé et concentré pour son job. En plus, il ne se présentait jamais en retard ».
Autre chose que ce journaliste dit avoir retenu du journaliste décédé : sa voix unique. « Exactement ce qu’il fallait pour faire de la radio », défend rédacteur en chef à Bonesha FM.
Abbas Mbazumutima, ancien rédacteur en chef de la radio Bonesha FM et aujourd’hui directeur des rédactions au Groupe de Presse Iwacu, évoque un amour quasi-charnel que feu Prosper Nzisabira entretenait à l’endroit de Bonesha FM où il fut par ailleurs directeur adjoint des programmes et producteur.
« Osso m’a fait part d’une anecdote qui m’a fort marqué quand je l’ai rencontré il y a quelques années au Rwanda où il s’était exilé avec son épouse qu’il appelait affectueusement, ’’Maman Satia’’. Il m’a révélé s’être rendu à Bonesha FM au matin du 14 mai 2015, c’est au lendemain de la tentative de putsch contre le président Pierre Nkurunziza ».
Les forces de l’ordre loyalistes avaient criblés de balles les ordinateurs et différents équipements et installations. « Osso a pris son courage par les deux mains et s’est introduit dans sa station en se frayant un passage par le plafond. Objectif : sauver ou mettre à l’abri le matériel de la radio encore fonctionnel. Il a emballé dans des pagnes quelques ordinateurs, des enregistreurs et autres équipements de valeur en les faisant sortir par le plafond afin de les conserver en lieu sûr. Un acte héroïque de sa part et de quelques employés qui ont osé prendre ce risque dans un contexte d’insécurité et de vandalisation des médias privés ».Le journaliste aurait succombé suite à des problèmes cardiaques.
RIP Nzisabira Prosper Osso tuzahora tukwibuka
« A l’époque où j’étais stagiaire à Bonesha, je me rappelle que, conscient de la précarité dans laquelle baignaient les stagiaires, Osso, comme nous l’appelions, nous cédait son supplément de salaire pour les jours fériés au moment où nous étions de garde pendant ces journées-là ».
Il a emballé dans des pagnes quelques ordinateurs, des enregistreurs et autres équipements de valeur en les faisant sortir par le plafond afin de les conserver en lieu sûr. Un acte héroïque de sa part et de quelques employés qui ont osé prendre ce risque dans un contexte d’insécurité et de vandalisation des médias privés »
Que Dieu l’accueille dans son royaume. Intore ntiziramba.