Molesté et arrêté par le commissaire communal à Gitega, Gérard Nibigira, correspondant de la Radio-Télévision Isanganiro, a été conduit au commissariat provincial, où il a été privé de liberté pendant plus de trois heures. Libéré par la suite, ses deux téléphones ont toutefois été confisqués. Son tort? Avoir tenté de prendre des clichés d’une scène de brutalité policière devant une station d’essence au centre-ville de Gitega le 30 juin.
Aujourd’hui, Gérard Nibigira risque d’être traîné devant la justice. L’affaire serait déjà au Parquet de la République à Gitega, a confié ce jeudi 11 juillet le commissaire communal. Jean-Prime Ndikubwayo n’a pas donné d’autres détails, ni précisé les charges pesant contre le journaliste, qui réclame toujours ses téléphones.
Ces téléphones auraient été confiés aux agents du SNR, le Service national des renseignements, pour y chercher des preuves d’une éventuelle collusion avec Bob Rugurika, journaliste en exil et directeur de la RPA (Radio Publique Africaine), une station émettant en ligne depuis la crise de 2015. Selon Ndikubwayo, Gérard Nibigira est accusé d’avoir communiqué des informations sur les brutalités policières à Bob Rugurika, connu pour ses révélations troublantes et polémiques sur le gouvernement burundais.
Le timing de la publication des informations incriminées sur le compte X de Rugurika a renforcé les soupçons. Cependant, Gérard Nibigira nie catégoriquement tout contact avec Bob Rugurika, qui est lui-même poursuivi par la justice burundaise pour complicité dans le putsch manqué du 13 mai 2015 contre feu président Pierre Nkurunziza.
Charles Makoto, directeur de la Radio-Télévision Isanganiro, s’indigne de la tournure de cette affaire. Il a exprimé son incompréhension face à l’idée qu’un incident de ce genre pourrait justifier une action en justice. « Gérard Nibigira ne faisait que son métier; ce n’est pas un crime, » a rappelé Charles Makoto. Il appelle la justice et l’administration à permettre aux journalistes d’exercer leur métier d’informer les citoyens en toute liberté.
Signalons qu’après son élection, la nouvelle présidente du CNC (Conseil national de la communication), l’ambassadeur Espérance Ndayizeye, a promis de veiller à la protection des journalistes : « C’est bien stipulé dans la loi mettant en place le Conseil National de la Communication; c’est notre devoir. »