Dans la journée de ce 6 mai, les quatre reporters du Journal Iwacu ont comparu devant la Cour d’Appel de Ntahangwa dans une salle des audiences du Tribunal de Grande Instance de Bubanza. Après de longs débats, la cour a décidé de mettre le jugement en délibéré, le verdict va tomber dans 30 jours.
Emprisonnés depuis six mois, pour ’’tentative impossible à la complicité d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat’’, Agnès Ndirubusa, Christine Kamikazi, Egide Harerimana et Térence Mponzezi, tous journalistes d’Iwacu, ont comparu ce mercredi 6 mai, devant la Cour d’Appel de Ntahangwa, siégeant en itinérance à Bubanza.
Avant cette première comparution en appel, ces quatre journalistes d’Iwacu sont arrivés dans la salle d’audience sous bonne escorte policière par la piste menant vers la prison de Bubanza. Ils étaient en tenue verte de prisonnier.
Malgré les six mois passés derrière les barreaux, ces 4 journalistes étaient détendus et souriants, saluant au passage leurs avocats, les confrères dont le directeur du Journal Iwacu, les défenseurs des droits de l’Homme, des observateurs de l’Union africaine, tous venus suivre ce procès.
Au cours de l’audience qui a duré plus de deux heures, les journalistes ont tous rejeté, les charges retenues contre eux. Ils ont également fait savoir que la requalification de l’infraction a été faite sans leur défense, d’où leur demande de faire appel auprès de la Cour d’Appel de Ntahangwa.
Rappelons, qu’avant d’être été condamnés à une peine de deux ans et demi de prison et d’une amende d’un million chacun, pour ’’tentative impossible à la complicité d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat’’, le 30 janvier dernier, par le Tribunal de grande d’instance de Bubanza (TGI-Bubanza), la même instance avait accusé les quatre journalistes de ’’Complicité à l’atteinte de la sûreté intérieure de l’Etat’’, le 26 octobre 2019.
Partant d’un message échangé entre la journaliste Ndirubusa et un journaliste de la VOA (la Voix de l’Amérique), le procureur a indiqué que la requalification de l’inculpation a été faite sur base de cette communication.
Il a fait remarquer que même si le message est venu de l’un d’eux, l’infraction est sur tous, en équipe. Mais à tout cela, les journalistes ont réfuté toutes ces accusations avancées par le ministère public.
Agnès Ndirubusa, a expliqué que le message qu’elle a échangé avec son collègue de la VOA, était de l’humour noir. Et de demander à la cour de les libérer, elle et ses trois collègues et que l’accusation portée contre eux soit annulée.
L’affaire mise en délibéré
Me Clément Retirakiza, l’un des avocats des quatre journalistes, a expliqué que l’interjection d’appel a été consécutive à la décision des juges du TGI de Bubanza qui se sont arrogé le droit de requalifier l’infraction sans rouvrir le débat. « Il y a eu violation du droit au procès équitable ».
Me Retirakiza demande à la Cour d’Appel de Ntahangwa, d’annuler le jugement porté à ses clients afin qu’ils retrouvent leur liberté. Et de confier que vue le déroulement de ce procès, il y a un espoir que les journalistes pourront être acquittés. « Le ministère public n’a pas été à mesure de fournir assez de preuves convaincantes ».
Après un long débat de plus de deux heures, la Cour d’Appel de Ntahangwa a décidé de mettre cette affaire en délibéré, le verdict est attendu dans 30 jours.
Pour rappel, les quatre journalistes d’Iwacu ont été arrêtés le 22 octobre 2019, lorsqu’ils se rendaient à Musigati, dans la province Bubanza pour faire un reportage sur les affrontements qui avaient été signalés dans une localité de cette commune.
Soulignons également que dans une pétition lancée ce 6 mai, Reporters sans frontières (RSF), exhorte aux autorités burundaises de prononcer la libération immédiate de ces quatre reporters ainsi que l’abandon de la charge qui pèse sur eux.