La Journée internationale contre l’impunité des crimes commis contre des journalistes célébrée le 2 novembre de chaque année arrive au moment où l’impunité revient petit à petit au galop. Ce, malgré la volonté du Chef de l’Etat burundais d’assainir les relations avec les médias.
La dernière arrestation, puis le passage à tabac, le 24 septembre d’Aimé-Richard Niyonkuru, journaliste à la RSF Bonesha FM est l’exemple le plus emblématique.
Arrêté en plein reportage à Kamenge, au nord de la ville de Bujumbura après une attaque à la grenade perpétrée chez un officier de l’armée, M. Niyonkuru sera molesté.
Les journalistes d’Iwacu partis au Commissariat municipal de la police pour s’enquérir de la situation de leur confrère de Bonesha FM passent une demie heure sous interrogatoire pour avoir interviewé leur confrère et pris quelques images dans les enceintes de ce commissariat.
Après des menaces, ces journalistes seront forcés d’effacer cette interview et les photos de ce reporter de Bonesha FM prises dans la cour dudit commissariat. Tous les sons prises par Aimé-Richard Niyonkuru seront également effacés sans explications.
Pour Arnaud Forger, responsable de la division Afrique à l’ONG Reporter Sans Frontières, c’est une preuve qui montre à suffisance que malgré les quelques avancées enregistrées en une année, la situation reste encore préoccupante.
« Bientôt 5 ans que le journaliste Jean Bigirimana est porté disparu. Mais, jusqu’à maintenant aucune conclusion officielle des enquêtes n’a été communiquée pour lever les zones d’ombres par rapport à sa disparition ».
Pour Arnaud Froger, les problèmes d’accès aux sources d’informations couplés à l’inaccessibilité des sites web de certains medias, sont les autres éléments qui montrent que l’impunité continue à prévaloir.
Abondant dans le même sens, Onésime Harubuntu, président de ABR (Association burundaise des radiodiffuseurs) fustige la récente décision du Parlement qui empêchent les médias de diffuser les débats à l’hémicycle de Kigobe.
« Si les medias sont reconnus par le CNC, en vertu du principe de la redevabilité, la diffusion des débats dans l’hémicycle reste un droit. Pourvu que cela se fasse conformément à l’éthique et à la déontologie du métier ».
Et M. Froger de conclure : « Tant que nombreux médias restent sous le coup de sanctions, et que nombre de journalistes en exil n’ont pas encore de garantie de sécurité au cas, ils viennent à retourner au bercail, il sera toujours difficile de parler de léger mieux dans le paysage médiatique burundais ».
Selon l’ONG Reporter Sans Frontières, depuis 1992, 1400 journalistes ont été tués ou assassinés de par le monde en plein exercice de leur fonction. Signalons que Journée internationale contre l’impunité les crimes commis contre des journalistes est célébrée en mémoire à tous les journalistes assassinés et particulièrement à Ghislaine Dupont et Claude Verlon, journalistes de RFI assassinés au Mali le 2 novembre 2013.