Dans l’après-midi de ce samedi 6 juillet, les journalistes Gaspard Ndikumazambo et Timothée Ntaconayigize, tous deux travaillant pour la radio locale Izere FM basée à Rumonge, au sud-ouest du Burundi, ont été pris à partie par des jeunes se réclamant du parti au pouvoir.
Selon des témoins, ces jeunes Imbonerakure du quartier Gihwanya à Rumonge avaient appréhendé un présumé voleur de téléphone, le ligotant et le battant jusqu’à ce qu’il soit sérieusement blessé. Ils se dirigeaient vers le commissariat provincial de la police lorsque les deux journalistes ont tenté de poser quelques questions et de prendre des photos. Cette action a suscité la colère des jeunes, qui ont commencé à brutaliser les journalistes en les poussant violemment.
« Nous n’avons pas baissé la garde. Nous leur avons montré nos badges délivrés par le CNC, le Conseil National de la Communication, et nous les avons suivis jusqu’au commissariat. Mais ces jeunes réclamaient déjà que les photos prises soient effacées, ce qui a empiré la situation », raconte Gaspard Ndikumazambo, l’un des journalistes malmenés.
Comme c’était le week-end, explique ce journaliste, il a été difficile de trouver le commissaire provincial, encore moins le commissaire communal. Le présumé voleur a été confié à un OPJ (officier de police judiciaire) pour interrogatoire. Les journalistes souhaitaient entendre son témoignage, mais ils se sont retrouvés entourés et séquestrés par ces jeunes affiliés au parti au pouvoir dans le bureau de l’OPJ pendant plus d’une heure.
Selon les journalistes, les jeunes Imbonerakure exigeaient que les photos prises soient effacées afin qu’elles ne soient pas remises à des associations de défense des droits de l’Homme. Lorsque certains des jeunes ont réalisé qu’ils risquaient des représailles, ils ont commencé à se disperser.
Quelques policiers ont rappelé à ces jeunes qu’ils ne pouvaient pas se substituer à la police, ni à l’administration ni à la justice, selon certains témoins. « Les meneurs de ce groupe ont été identifiés et nous avons porté plainte. Des convocations ont été confiées à un administratif pour que ces jeunes répondent de leurs actes. C’est vers 18 heures que nous avons été libérés », a révélé Gaspard Ndikumazambo, outré par le comportement de ces jeunes.
Il est à noter que ces derniers jours, les actes d’intimidation envers les journalistes se multiplient. Après son élection, la nouvelle présidente du CNC, l’ambassadeur Espérance Ndayizeye, a promis de veiller à ce que les journalistes soient protégés : « C’est bien stipulé dans la loi mettant en place le Conseil National de la Communication, c’est notre devoir. »