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Burundi : les barrières non-tarifaires entravent le commerce

05/05/2013 Commentaires fermés sur Burundi : les barrières non-tarifaires entravent le commerce

Elles se rencontrent au niveau de la douane, de la police, de l’administration,… Mais, un comité national est déjà mis en place pour les supprimer.

<img5730|left>A la douane, les services sont lents, d’après les commerçants. Ils indiquent que pour un dossier complet, les opérations prennent deux jours ou même plus. « Or, quand nous traînons à la douane, c’est de l’argent que nous perdons avec nos clients qui nous attendent au marché », se désole une commerçante. Cette lenteur s’observe même pour les marchandises exonérées qui ne nécessitent pas trop de calculs, poursuit-elle.

Ce n’est pas fini. Les barrières non-tarifaires surviennent quand le commerçant est dans son dépôt, au moment de la fourniture des marchandises, etc. Notre source importe le maïs de la Zambie. Les commerçants grossistes qui prennent le maïs chez elle ont dû mal à le transporter. Elle indique qu’ils sont souvent arrêtés par la police en cours de route. « Je suis obligée d’aller expliquer à la police que je suis en ordre avec la douane, sinon ils ne passent pas», raconte-elle. Et d’ajouter : « Je perd de l’argent en frais de déplacement, sans oublier mes autres clients qui m’attendent à mon dépôt. » Elle indique aussi que la police ne sait pas distinguer une marchandise locale d’une marchandise importée.

La distribution de sa marchandise n’est pas aussi facile. Elle fait savoir que c’est pratiquement impossible de décharger son camion à partir de 18h aux différents points de vente. « Il arrive que je préfère aller servir mes points de vente, sans passer par le dépôt afin de gagner sur les frais de déchargement. Mais si, par malchance, j’y arrive à 18h, la police me refuse de décharger», déplore-t-elle. Et elle rappelle que le Burundi est déjà entré dans la communauté Est-Africaine où tout le monde tend vers la maximisation des heures de travail : « De notre côté, nous aimerions bien travailler même pendant la nuit.» C’est pis encore si ce sont les services de renseignements qui stoppent le commerçant, d’après l’importatrice. Elle assure qu’ils sont intransigeants : « On t’arrête où tu es, jusqu’au matin. Avec des coûts supplémentaires de gardiennage et tous les dangers auxquels la marchandise s’expose. »

<doc5732|right>Les barrières non-tarifaires se remarquent aussi au niveau de la quantité à importer. Puisque, selon les commerçants, les banques locales n’admettent que de transférer 50.000 dollars américains tout au plus, quand l’importateur fait sa commande auprès de son fournisseur étranger. Cela limite la quantité des importations pour ceux qui voudraient bien s’approvisionner en grande quantité. Ces mêmes commerçants précisent que parfois, ils emportent l’argent sur eux : « Nous prenons ce risque parce que nos fournisseurs ne peuvent pas accepter de livrer les marchandises dont la valeur est supérieur au montant transféré et attendre le reste. »

Les commerçants, qui ne vont pas au delà des frontières du Burundi, ne sont pas non plus épargnés de ces barrières non-tarifaires. A part la police qui les arrête souvent, il y a, d’après eux, certaines provinces qui vivent le protectionnisme sur certaines denrées (par exemple le haricot à Kirundo), surtout au moment de la récolte. Les commerçants disent qu’ils payent de lourds frais à l’administration pour pouvoir accéder aux marchés de ces provinces. L’autre cas de barrières non-tarifaires évoqué concerne la commercialisation du sucre où la quantité livrée par la SOSUMO aux différents grossistes est limitée.

Même si les commerçants rencontrent tous ces problèmes, ils affirment qu’ils ne sont pas les seuls à être victimes. D’après eux, le consommateur final en souffre indirectement. Car, leur coût de revient doit nécessairement se répercuter sur le prix d’achat de la marchandise.

Vers l’élimination des barrières non-tarifaires

Pour faire face à tous ces défis, un comité national chargé du suivi du mécanisme d’élimination des barrières non-tarifaires est en place depuis 2008. Christophe Ndikubwayo, son président, fait savoir que plusieurs barrières non-tarifaires ont déjà été identifiées. Dans cette optique, il indique que son comité compte recruter dans les prochains jours, un coordinateur national : « Il sera en contact permanent avec les victimes des barrières non-tarifaires pour plus d’identification. » Pas seulement le coordinateur, mais aussi un consultant sera recruté pour l’identification et la proposition des mécanismes de suppression, selon ses dires.
De surcroît, il indique le comité compte ouvrir des numéros verts et un site internet où tout le monde pourra dénoncer toute forme de barrière non-tarifaire rencontrée. D’après la même source, le comité mettra aussi l’accent sur la sensibilisation sur les barrières non-tarifaires en commençant par les hautes autorités «Nous voulons qu’ils prennent d’abord conscience de leurs mauvaises conséquences afin de pouvoir les éliminer », conclut-il.
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La définition des barrières non-tarifaires (BNT) et leurs effets, selon Ephrem Niyongabo, spécialiste des questions de politiques commerciales.
| Les BNT sont un ensemble de mesures restrictives non-tarifaires (non liées aux droits de douane) mises en place par un pays et visant à protéger son marché de la concurrence extérieure. Les exemples les plus courants sont les contingents, les normes techniques ou sanitaires ou des textes législatifs favorisant les entreprises nationales. Ces barrières peuvent également être instaurées au niveau d’une communauté de pays comme dans l’Union Européenne. Par exemple, en 2011, c’est une déclaration électronique que l’UE requiert pour les marchandises avant qu’elles n’entrent dans l’espace européen. Les opérateurs hors UE doivent s’y conformer au risque de se voir refuser l’entrée. |

| Effets: Les effets peuvent être positifs et/ou négatifs. Prenons le cas des réglementations sanitaires et environnementales qui tendent à se multiplier, en particulier dans les pays développés.
Du côté positif, ces mesures sont mises en place par les gouvernements en vue de répondre aux attentes des citoyens et consommateurs, notamment en termes de protection et d’information sanitaire ou environnementale, attentes non satisfaites par le seul marché. Il y a donc un effet positif sur le bien-être lié à l’amélioration de la qualité des produits importés et à l’amélioration du fonctionnement du marché.
Du côté négatif, leur adoption peut être motivée par des objectifs protectionnistes. Des mesures réglementaires sont habituellement adoptées par les pays afin de s’assurer que les variétés importées répondent aux exigences domestiques. Ces mesures peuvent alors entraver les échanges internationaux et constituer des barrières aux importations. L’effet sera la hausse du prix liée à la réduction des échanges internationaux faisant suite au renforcement de ces BNT. |

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