Le président de la République a ordonné que la devise « Dieu, Roi, Burundi » refasse son apparition sur les monuments nationaux du pays. Une démarche qui suscite des interrogations.
La devise du temps de la monarchie remise à l’honneur. De plus en plus de monuments sont repeints partout dans le pays. Ils sont frappés de l’emblème de la monarchie burundaise. « Imana, Umwami, Uburundi » (Dieu, Roi et Burundi), et flirtent côte à côte « Unité, travail, progrès », la devise actuelle du Burundi.
C’est « la devise du temps du roi Ntare Rushatsi, le fondateur du royaume du Burundi, » assure-t-on à la présidence de la République. Une décision du président Pierre Nkurunziza. Selon son porte-parole, le Burundi doit « renouer avec ses valeurs du temps de la royauté avant les ravages de la colonisation et des modifications d’un président putschiste ».
Dieu, « Imana », avait une place de choix dans la vie des Burundais. Voilà pourquoi la première phrase de la Constitution fait directement allusion à Dieu. « Nous, peuple Burundais : conscient de notre responsabilité devant Dieu »
Pour Jean Claude Karerwa Ndezako « Michel Micombero est allé jusqu’à profaner le mausolée du Prince Louis Rwagasore en effaçant la devise de l’époque pour la remplacer par paix, justice, travail qui n’était en fait que la devise du parti Uprona». Une aberration que la population a décidé de rectifier.
Vers le règne de Nkurunziza Ier ?
Le porte-parole du président de la République rejette ces ‘’spéculations’’. Il rappelle le message très clair du président Nkurunziza de ne plus se représenter aux futures présidentielles. « Il a dit que son mandat finit en 2020 et qu’il ne renouvellera plus sa candidature ». Cette modification des emblèmes est une nécessité historique.
La présidence ne ferme pas la porte à la monarchie. La Constitution de 2018 permet le rétablissement de la monarchie. Il est vrai que celle de 2005 indiquait clairement cette possibilité en son article 4 en mentionnant que «le statut et le rétablissement de la monarchie peuvent faire l’objet du référendum. Tout parti militant pacifiquement en faveur de la restauration de la monarchie a le droit de fonctionner ». La Constitution de 2018 note une nuance en son article 4 passant de « … peuvent faire l’objet d’un référendum » à « doivent faire l’objet d’un référendum ».
Pour Jean Claude Karerwa, la population est souveraine. « Si le peuple burundais décide de ramener la royauté et convoque un référendum en passant par la commission nationale de dialogue inter-burundais (CNDI), nous n’aurons pas d’autre choix que d’avancer avec lui. »