Les prix des produits et des facteurs de production ne cessent d’augmenter. Fin février 2012, les statistiques de la BRB (Banque de la République du Burundi) révèlent un taux d’inflation de 22%. Pourtant, le gouvernement avait fixé un taux de 8,4% pour 2012.
La hausse des prix a été aussi particulière en 2011. Cyriaque Nzirorera, professeur en économie à l’Université du Burundi le rappelle dans son étude intitulée « Du processus d’ajustement des recettes et dépenses publiques à l’inflation au Burundi : une évaluation empirique (1970-2009) »présentée ce 16 mars 2012 : « Le gouvernement a revu à la hausse les prix des produits pétroliers à plusieurs reprises. Jusqu’au mardi 17 mai 2011 et pour la 5ème fois, 1 litre d’essence coûtait 2080Fbu contre 2000Fbu, représentant la 4ème hausse.» Sans oublier l’accroissement de 340% du prix des passeports, cet économiste déplore aussi la nouvelle grille tarifaire de la Regideso : « Les tarifs de l’eau et de l’électricité, produits de 1ère nécessité par excellence, ont augmenté en moyenne de plus de 200%. » Et d’ajouter que les prix des autres produits de 1ère nécessité, à savoir le prix du ticket de bus, les prix des denrées alimentaires, le prix du sucre,… ont connu aussi une hausse.
Les recettes publiques, une cause de l’inflation
D’après M. Nzirorera, l’augmentation des recettes de l’Etat pour financer ses dépenses, est une cause fondamentale de l’inflation : « L’Etat fait tout pour augmenter ses recettes publiques. Cela passe notamment par la hausse des tarifs de l’eau et de l’électricité, des prix des produits pétroliers, l’augmentation des prix des produits complémentaires au loisir comme les prix des produits de luxe et la bière.» Ce chercheur indique qu’avec l’inflation le bien- être de la population diminue : «Les plus frappés sont les titulaires des revenus bas et fixes.» Ce professeur fait savoir en outre, que d’autres facteurs tels la faiblesse de l’économie burundaise (une économie essentiellement basée sur une agriculture peu développée), le financement du budget générale de l’Etat dépendant de l’aide extérieure (pour le budget exercice 2012, on prévoit que 46% des recettes vont provenir de l’extérieur), une balance commerciale déficitaire, une forte croissance démographique … engendrent aussi la hausse des prix.
Des solutions
Pour Professeur Nzirorera, une maîtrise des dépenses publiques par le gouvernement est très nécessaire pour faire face à l’inflation : « L’Etat doit maîtriser ses dépenses surtout celles non obligées et veiller au partage équitable du fardeau des hausses répétitives des prix.» Bien plus, ajoute-il, les citoyens burundais devraient participer dans le processus de décisions sur les questions concernant leur avenir : « Par le biais de leurs représentants, ils participeraient à la fixation des prix de certains biens et services offerts.» Il suggère aussi de soutenir les paysans et le secteur privé afin d’accroître la production agricole et industrielle. Précisons qu’à la question de la hausse des prix des produits pétroliers et biens de 1ère nécessité, le deuxième vice- Président de la République, Gervais Rufyikiri lors d’une réunion de ce 20 septembre avec les hauts cadres des différentes institutions, a évoqué deux principales causes : La crise financière mondiale et la faiblesse du taux de croissance économique (4,8% prévu pour 2012). Ainsi, le deuxième vice-président de la République trouve l’augmentation de la production comme la seule solution durable, à court et à moyen terme pour résoudre ce problème.
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Les éléments explicatifs de la hausse des prix, présentés par la littérature économique : – la hausse inconsidérée de l’offre de monnaie alors que le produit global en termes réels reste constant ; – l’absence ou la réduction du degré de concurrence ; – les déficits budgétaires; – la hausse des prix elle–même; – l’accroissement de la consommation des ménages, des investissements privés par les entreprises ; – la hausse des dépenses des pouvoirs publics alors que la production ne suit pas.