Lors de sa visite dans les provinces de Gitega, Ngozi et Kayanza du 28 au 29 avril, la directrice chargée de la division de l’Afrique orientale et australe au sein du FIDA a apprécié les avancées du Burundi dans l’agriculture et l’élevage. Le ministre de l’environnement, de l’agriculture et de l’élevage plaide pour une vision commune avec les partenaires sur les orientations du gouvernement du Burundi.
Sur la colline Kiremera en commune Giheta dans la province de Gitega, la directrice chargée de la division de l’Afrique orientale et australe au sein du Fonds International de Développement Agricole (FIDA) a visité un centre communal de l’agriculture et de l’élevage, un centre de rayonnement agricole et un centre naisseur pour l’élevage.
« Dans le centre communal de l’agriculture et de l’élevage, se tiendra des formations des formateurs, celles des leaders communautaires qui vont vulgariser et mettre à l’échelle les connaissances acquises dans leurs zones d’habitation ou d’action. Des ingénieurs agronomes et des vétérinaires seront disponibles pour aider la population », explique Déo Guide Rurema, ministre de l’environnement, de l’agriculture et de l’élevage. Ces centres, poursuit-il, serviront de dépôts pour les produits phytosanitaires, les produits vétérinaires ainsi que des intrants agricoles.
Le ministre chargé de l’agriculture précise que ces centres vont relever les défis dans les secteurs de l’agriculture et de l’élevage : « La population avait des contraintes de trouver les moniteurs agricoles, les assistants de zone ou l’agronome communal. Lorsque leurs plantations ou bétails faisaient face aux maladies, ils ne savaient pas où se diriger ».
Il confie que de tels centres seront construits dans toutes les communes du pays : « C’est une innovation au Burundi et cela servira d’un modèle en Afrique. On veut être le pays pilote dans cette vision ».
Sur la même colline se trouve un centre de rayonnement agricole. Selon Déo Guide Rurema, ce centre consiste à consolider et à mettre en commun différentes parcelles des paysans en un seul site-champ : « Cela favorise l’encadrement des agriculteurs et l’approvisionnement facile des intrants ».
« Nous sommes contents d’avoir un centre communal d’agriculture et de l’élevage. On avait du mal à trouver des agronomes et vétérinaires, des fertilisants et médicaments pour les animaux, mais tout sera disponible ici », indique Dina Manirampa, membre de la coopérative Vaso opérant sur la même colline. Elle se réjouit que la population puisse y apprendre des techniques pour pratiquer l’agriculture et l’élevage moderne.
Pour Sara Mbago Bhunu, directrice régionale chargée de la division de l’Afrique orientale et australe au sein du FIDA, la construction des centres communaux de l’agriculture et de l’élevage constitue un grand progrès pour le Burundi : « C’est très intéressant de trouver des femmes, des paysans en pleine construction de leur propre centre ».
Selon elle, ces centres vont aider les coopératives rurales, les jeunes et femmes à apprendre l’agriculture moderne et les lier avec des marchés locaux et régionaux pour écouler leurs récoltes.
La population mobilisée pour l’élevage moderne
Sur la même colline Kiremera en commune Giheta est installé un centre naisseur des animaux. Ce dernier servira pour la multiplication des cheptels.
« Un autre concept du gouvernement est le développement des centres naisseurs pour élever et multiplier les espèces animales différentes surtout les bovins, les porcins ainsi que les volailles », confie le ministre Déo Guide Rurema. Ces centres seront toujours garnis de bétail et vont aussi servir dans la distribution des animaux à la population regroupée au sein des coopératives collinaires.
Selon lui, les centres naisseurs vont résoudre le défi lié à l’adaptation des animaux importés de l’extérieur. Il fait savoir que cela vise le développement intégral et intégré du secteur de l’élevage.
« Le gouvernement a mis en place les chaînes de valeur pour la distribution des bovins, porcins et volailles. Nous sommes en train de mettre en place des infrastructures, des étables pour les vaches, des poulaillers et des porcheries », fait-il savoir. Et d’inviter les investisseurs d’intégrer cette dynamique de chaînes de valeur.
Selon lui, avec les centres naisseurs, on pourra collecter les animaux distribués au sein des coopératives pour les transformer afin de conserver la viande à consommer au niveau local et à exporter.
Le ministre de l’environnement, de l’agriculture et de l’élevage promet un appui technique et financier aux jeunes pour repeupler ces centres : « Les sources de financement sont diverses pour investir dans le monde rural et améliorer les revenus de la population, particulièrement les jeunes et les femmes ».
Pour Sara Mbago Bhunu, il faut mettre en place des modèles et dispositifs impliquant la population rurale dans ces centres. Les centres naisseurs servent de modèle à recadrer et à approfondir et le mettre dans le nouveau projet PRODER.
La directrice régionale de FIDA a aussi visité un site de pisciculture intégré basé sur la colline Rukeco en commune Busiga dans la province Ngozi. Ce site associe l’élevage des poules et la culture des légumes.
Après, elle a visité un site pilote d’aviculture dans le quartier Kinyami en commune Ngozi dans la même province.
Installé depuis 2018, ce poulailler contient plus de 10.000 poules pondeuses avec une production de 9.000 œufs par jour. Le propriétaire de ce poulailler Diego King Rekamanyama fustige qu’il fait face au manque du marché d’écoulement des œufs et de l’approvisionnement en aliments de poules.
Des produits laitiers burundais sur le marché régional
« Il serait intéressant qu’on puisse trouver du fromage burundais dans les autres pays notamment en Tanzanie et en RDC », confie la directrice régionale du FIDA. Et de se réjouir que le Burundi soit parvenu à introduire la consommation du lait de bonne qualité dans la population rurale grâce aux centres de collecte de lait et des mini laiteries installées par les projets financés par le FIDA.
« Dans la deuxième phase du programme de développement des filières (PRODEFI), on a installé de petits centres pour le traitement du lait. Après, on a créé une synergie avec le programme alimentaire mondial (PAM) pour acheter le lait collecté au niveau des coopératives et le servir dans les cantines scolaires ».
Pour elle, les coordonnateurs vont faire une documentation pour que les autres pays apprennent du Burundi comment développer la filière laitière ainsi que les chaînes de valeur pour la production du lait.
En plus d’un centre naisseur de Giheta, la directrice régionale de FIDA Sara Mbago Bhunu a visité un complexe agropastoral sur la colline Bitare en commune Bugendana dans la même province de Gitega.
Elle apprécie positivement les activités agropastorales menées dans ce centre et appelle les jeunes à se lancer dans l’agribusiness. Pour elle, il y a beaucoup d’opportunités dans l’investissement rural : « Nous encourageons les petits producteurs agricoles à saisir des opportunités présentes sur le marché ».
Ce centre privé moderne héberge 50 vaches dont 25 lactantes. « Chacune peut produire au moins 12 litres de lait, mais cela dépend de la nourriture consommée », explique un responsable de ce centre.
Ce dernier déplore un souci lié à la nourriture de ce bétail, surtout les concentrés : « Même nos plantations en herbe ne sont pas suffisantes pour nourrir ces vaches tous les jours. Parfois, on a besoin de s’approvisionner ailleurs, mais on n’a pas assez d’argent ».
Aménagement des marais et des terrasses, une innovation pour mettre fin à la faim
Le marais de Nyakijima II, aussi visité par la directrice chargée de la division de l’Afrique orientale et australe du FIDA, s’étend sur 108 hectares. Aménagé par le projet PRODEFI et situé en commune Ngozi, il est exploité deux fois l’année, ainsi alternant le riz et le haricot.
« Nous récoltons au moins 6 tonnes par hectare. Nous continuons à faire des recherches pour parvenir à récolter 8 tonnes sur la même superficie », a fait savoir le responsable d’une association opérant dans ce marais. Selon lui, la population s’est convenu à mettre en commun leurs terres et cultiver le riz et le haricot, ce qui est très productif.
Selon David Nzisabira, coordonnateur des projets du FIDA dans la région nord, on a donné à la population une variété de riz qui peut raccourcir le cycle de production. Ainsi, l’objectif est de récolter plus de deux fois par an.
« Avec le PRODEFI, on a introduit un système rizicole intensif (SRI). Avec ce système, on est passé de 1,5 tonnes à plus de 5 tonnes par hectare », déclare-t-il, appréciant le travail des jeunes de cette localité qui aident dans le traitement des canaux d’irrigation.
En plus de l’aménagement des marais, le traçage des courbes de niveau et terrasses s’avère important pour améliorer la production agricole. Sur la colline Muganza en commune Muruta, des terrasses progressives ont été tracées pour lutter contre l’érosion et protéger les basses terres contre des inondations.
La directrice régionale de FIDA Sara Mbago Bhunu apprécie la pratique adoptée par la population burundaise de mettre ensemble les terres, ce qui explique l’augmentation de la production.