Tous les passagers arrivant au Burundi devront observer une quarantaine de 7 jours dans les hôtels Club du Lac Tanganyika, Kiriri Garden et Nonara. Pour quel coût? Quid des conséquences. Eléments de réponses.
Les passagers vers le Burundi doivent présenter un certificat de dépistage à la Covid-19 négatif de moins de 72h à leur arrivée et être soumis à une quarantaine de 7 jours, a déclaré le ministre de la Santé lundi 17 août. «A l’arrivée à l’aéroport, la température de tous les passagers sera prise avant les formalités d’immigration et la collecte des bagages. Les passagers seront ensuite transportés à l’hôtel Club du Lac Tanganyika, l’hôtel Kiriri Garden ou l’hôtel Nonara actuellement désignés par le Gouvernement du Burundi».
En plus d’un certificat de dépistage à résultat négatif, les arrivants seront conduits au centre de dépistage afin d’effectuer le test COVID-19 au plus tôt, en fonction de l’heure d’arrivée. Les passagers devront rester en quarantaine dans l’un des hôtels désignés. Au terme de 7 jours, ils subiront un dépistage additionnel. Même les passagers arrivant par les vols humanitaires du programme alimentaire mondial (PAM) ne sont pas épargnés.
Parmi les trois hôtels désignés, deux sont 5 étoiles et l’autre 4 étoiles selon la classification des hôtels 2019 pour le visa unique de l’EAC. Un critère prouvant que les coûts de cette quarantaine sont peu abordables. « Certains n’ont pas de souci car ce sont leurs organisations qui paient. D’autres acceptent à condition d’y passer peu de jours. Les autres dénoncent une injustice de les faire payer des montants si exorbitants», fait savoir un employé de l’un des hôtels précités.
« Une décision qui cache pas mal de mystères »
A l’hôtel Club du Lac Tanganyika, le coût d’une chambre standard par nuitée est fixé à 300 mille BIF pour un séjour ne dépassant pas 10 jours. Pour un passager qui dépasse ce délai, une réduction de 50 mille BIF est possible. Ainsi, pour passer une quarantaine de 7 jours, il faudra au moins 2.100 millions BIF.
Quant à Kiriri Garden hôtel, le prix de la chambre varie entre 130 à 180 dollars par nuitée. Selon des sources sur place, des réaménagements ont été faits pour faciliter les passagers en quarantaine. La chambre est fixée à 120 dollars la nuitée selon un employé de l’hôtel. Un séjour de 7 jours va ainsi coûter plus de 2 millions de BIF.
Enfin, à l’hôtel Nonara Beach Hôtel, les tarifs semblent réduits par rapport aux deux derniers. Passer une nuit dans une de ses chambres coûte 60 dollars par nuitée. Dans ces trois hôtels, le prix du repas dépend des préférences du client. Généralement, le petit déjeuner coûte pas moins de 20 mille BIF.
Pour Gabriel Rufyiri, président de l’Olucome, le dernier communiqué du ministère de la santé cache pas mal de mystères. « Imposer les hôtels chers risque d’être perçu comme le trafic d’influence, le clientélisme et favoritisme. Tous les passagers venant au Burundi ne peuvent pas avoir l’argent pour se loger dans les hôtels désignés ». Cet activiste craint que la mesure de la mise en quarantaine ne décourage les visiteurs vers le Burundi, ce qui va bloquer l’entrée des devises.
M Rufyiri fait savoir que la pandémie de la Covid-19 doit être combattue avec toutes les stratégies : «Cette mesure doit être étudiée minutieusement ». Et de suggérer aux autorités de choisir des hôtels dont les tarifs sont abordables.