Alors que des nouvelles peu réjouissantes sur la propagation du virus dans le monde inondent les médias, la population burundaise oscille entre prise de conscience et insouciance.
Est-ce que les mesures de prévention annoncées par le gouvernement sont suivies et bien respectées ? Face au drame sanitaire qui frappe le monde, progressivement, les Burundais semblent de plus en plus prendre conscience du danger .
Pourtant, comme d’habitude, de grands rassemblements ont été observés ce week-end lors de cultes du dimanche notamment et certains fidèles ne se sont pas privés de se donner la main, ou se serrer pour de longues accolades.
Quelques seaux et du savon liquide pour les fidèles étaient disponibles ce dimanche à la Cathédrale Regina Mundi de Bujumbura et à l’Eglise Mont Sion de Gikungu. A la paroisse Saint Michel, les fidèles venus tardivement trouveront les seaux vides…
Durant la messe, la traditionnelle accolade entre les fidèles pour se souhaiter « la paix du Christ » chez les catholiques n’a pas été faite et, pour communier, les fidèles ne reçoivent plus l’hostie dans la bouche, mais exclusivement dans la main.
Dans des églises protestantes disséminées dans les quartiers, des adeptes seront aperçus se serrant la main, certains ne se priveront pas de quelques embrassades.
Mais d’autres, plus conscients, adoptent déjà le petit salut par coup de coude pour se saluer, certes avec quelques maladresses et un peu d’humour.
Dans les mosquées, le mot d’ordre des imams est d’encourager les musulmans à multiplier les ablutions, ce lavage rituel avant chaque prière. «Faites-le avant les 5 prières obligatoires et même avant les prières surérogatoires et demandez pardon à Allah », lanceront-ils ce vendredi dans leurs sermons. Ils recommandent de multiplier les invocations spéciales appelées ’’qunût’’ à faire debout après la génuflexion, mains levées vers le ciel quand il y a une calamité.
Dans la plupart des bureaux, fini le temps des bises et des poignées de main. Mais les gens oublient et se tiennent souvent à moins d’un mètre pour échanger sur les dernières nouvelles en rapport avec la propagation du coronavirus. Pourtant, la distance conseillée est d’observer au moins 1,5 mètre.
Une mention spéciale pour les gestionnaires des parkings de bus à Bujumbura qui ont fait un gros effort : il faut se laver les mains au savon avant d’entrer dans le bus. Il y a même une sorte d’agent chargé de rappeler cette règle aux récalcitrants squi semblent négliger ou ignorer la consigne.
Le masque, un accessoire rare
Même si le ministère de la Santé publique a récemment indiqué que le port d’un masque comme moyen de prévention contre le coronavirus n’est pas nécessaire, paradoxalement, trouver cet accessoire est un vrai parcours du combattant.
La peur a fait flamber les prix des masques. Il est passé du simple au double. « Les stocks se sont épuisés, il y a quelques jours suite à une forte demande dépassant l’offre. De préférence, nous servons nos fidèles clients à un prix un peu élevé de 58.000 francs burundais un lot de 50 masques. Avant cette pandémie de coronavirus, le même lot était vendu à 35.000 francs », confie un employé d’une pharmacie de gros.
Dans d’autres pharmacies, lorsque vous demandez un masque, la réponse est négative. Les pharmacies parlent de rupture de stock. « Quand vous n’avez pas une connaissance dans la pharmacie, impossible d’avoir ce produit, ils se vendent sous le manteau loin des curieux et le lot de 50 masques coûte dans les 70.000 francs burundais », révèle un client rencontré en face d’une pharmacie au centre-ville de Bujumbura.
Dans les rares pharmacies qui vendent encore ces masques au public, les prix ont atteint la faramineuse somme de 80.000 francs pour un lot de 50 pièces, soit une augmentation de 50%.
Le ministère de la Santé indique que des sanctions sont prévues pour les pharmacies qui vont se livrer à la spéculation sur ces masques de protection.