Les près de 3 mille collines que compte le Burundi regorgent de plus de 30 mille sources d’eau. Pourtant, 30 % de la population sont encore privés d’eau potable.
Faible investissement dans le secteur, infrastructures hydrauliques rurales délaissées, faible suivi de l’eau potable au niveau communal, le vandalisme des pièces installées sur les équipements publics, le non-entretien des ouvrages, entre autres défis relevés par des intervenants dans l’émission «Umunoni » diffusée à partir de Rumonge, jeudi 7 juillet.
Selon Apollinaire Sindihebura, directeur général de l’Agence de l’hydraulique en milieu rural, le taux de couverture en accès à l’eau potable ne dépasse pas 70 %. 30 % de la population rurale sont encore privés d’eau potable. Or, le milieu rural abrite plus de 90 % des Burundais.
Selon lui, ces chiffres obéissent aux normes du parcours (moins de 500 m de distance), le temps mis pour y arriver (30 min) et le nombre de gens qui partagent le robinet. D’autres y accèdent difficilement. « Les choses se sont nettement améliorés en 10 ans car, depuis 2012, nous avons enregistré une augmentation de 10 % », s’est-il réjoui.
L’eau potable manque cruellement, dans certaines localités, comme des collines à Rumonge, Bugarama et Burambi en province Rumonge, Kanyosha en province Bujumbura, Muyinga, Gitega, et ailleurs. Les conséquences sont néfastes, notamment les maladies des mains sales.
Les habitants de la colline Mutambara en commune Rumonge déplorent un manque criant d’eau. Des autorités ont été informées, mais rien n’a été fait pour dégager une solution durable. Samedi 25 juin, Jean Gashindi, chef de cette colline, a indiqué ce problème au président de la République en déplacement à Rumonge. Il a promis l’eau potable dans un délai ne dépassant pas trois mois.
En commune Bugarama, sur 15 collines, la commune Gitwaro n’a pas d’eau potable. La population se rabat sur l’eau des rivières et du lac Tanganyika. Martin Manirakiza, conseiller chargé des questions économiques, du développement et des statistiques du gouverneur de Rumonge, a indiqué qu’un projet d’adduction d’eau est en cours pour 220 millions de BIF.
Budget insuffisant
Le directeur général de l’agence de l’hydraulique en milieu rural a expliqué que les infrastructures d’eau potable exigent beaucoup de moyens. Cependant, en 2020-2021, le budget alloué était de 15 milliards de BIF tandis qu’en 2016, l’enveloppe s’élevait à 6 milliards de BIF. Selon le Plan national de développement, 170 milliards par an sont nécessaires pour assurer l’accès à l’eau potable de tous les Burundais.
Il fait savoir que le Burundi compte plus de 30 mille sources d’eau, mais difficile de remédier au problème de distribution d’eau pour de multiples raisons parmi lesquelles une concentration des sources dans certains endroits. « Des populations sont obligées de déménager ou on capte l’eau pour l’acheminer jusqu’à ces populations. Dans tous les cas, les investissements sont énormes », a-t-il expliqué.
Francine Hakizimana, représentante de la régie communale de l’eau à Rumonge, déplore le mauvais comportement des usagers qui détruisent les infrastructures. Elle souligne que la régie est chargée de la gestion, aménagement et réhabilitation dans les limites de ses moyens. Toute réhabilitation, insiste-t-elle, ne doit pas dépasser 500 mille BIF.
Marcel Bigirimana, coordinateur de l’eau d’assainissement de base à Bururi, rappelle que les communes sont propriétaires des infrastructures d’eau potable installées sur leurs territoires. « Elles doivent donc gérer ce patrimoine et assurer le service de l’eau potable à leurs habitants». Et de préciser qu’elles doivent s’impliquer pour assurer de la durabilité des équipements.
Tous les intervenants ont invité le gouvernement à augmenter les fonds alloués à l’eau et assainissement pour multiplier des infrastructures d’eau potable.
Ils ont également appelé à renforcer les capacités et à responsabiliser les Comités locaux d’eau et les Régies communales d’eau. Objectif : pouvoir assurer eux-mêmes la gestion, notamment la collecte des redevances, et la maintenance des infrastructures réhabilitées.
Il revient alors aux autorités administratives de sanctionner ceux qui se rendent coupables de détérioration des infrastructures.
L’émission en synergie «Umunoni » soutenue par l’ONG Benevolencjia sur financement de l’Union européenne a été transmise sur Radio Isanganiro, Radio Rema FM, Izere FM, Radio TV Buntu, Umuco FM, Radio Culture et Ijwi ry’Umukenyezi. Egalement relayée dans le Journal Iwacu, Mashariki TV et Magazine Jimbere.