Dans la commune Gihanga, la localité de Buringa 2 est caractérisée par une sècheresse sans précédent. Aucun arbre, même pas pour une ombre, n’est visible. Le sol est fertile mais, deux jours de soleil suffisent pour détruire les graines fraichement plantées.
Il est 13h, le soleil tape très fort dans la localité de Buringa 2. Circuler dans la localité, sous le soleil, demande beaucoup de courage et d’endurance. La femme du chef de quartier déplore le fait qu’aucune autorité n’a jamais pensé à reboiser la localité.
La femme et son amie disent que des fois, la pluie fui les lieux et arrose Rukaramu et Rukoko. « Il y a des fois où nous voyons la pluie de loin vers Rukaramu et Rukoko sans qu’une seule goûte ne touche le sol de Buringa 2 », déplorent-elles.
Il y a à peu près 6 ans, raconte la femme du chef de quartier, la population de la colline Kagaragara de la zone Rukaramu a été déplacée dans la zone Buringa de la commune Gihanga suite à l’insécurité qui prévalait dans la région.
Elle fait savoir que, pour accueillir les nouveaux venus, le déboisement de la localité de Buringa 2 a été total et qu’il n’a laissé aucun arbre. Depuis lors, les conséquences ont déjà commencé à se manifester. Les seuls arbustes qui occupent la partie sont ceux de la famille des euphorbes qui étaient utilisés pour délimiter les parcelles. Pourtant, plusieurs projets de reboisement ont été initiés. Mais, la population de Buringa 2 ne semble pas être de la partie.
Au mois de janvier 2024, le gouverneur de la province de Bujumbura, Désiré Nsengiyumva avait soulevé des inquiétudes sur ces projets.
Pour cette autorité, il y avait à s’inquiéter au regard de ce qui reste après la réalisation de certains projets. « Ces initiatives ne produisent pas d’impact palpable », avait-elle précisé.
Le gouverneur Nsengiyumva a donné l’exemple du grand projet « Ewe Burundi urambaye » de reboisement des différentes montagnes du pays qui, selon lui, est en passe de devenir un éléphant blanc. « Le projet Ewe Burundi urambaye n’a pas donné de résultats qu’on espérait. Beaucoup de plants d’arbres et d’avocats ont été repiqués et plantés dans ma province, mais le résultat attendu n’a pas été visible ».
Un déboisement avec un impact négatif
Depuis la délocalisation, même si la population de Buringa 2 a continué ses travaux champêtres dans la localité de Kagaragara, elle a aussi besoin des jardins de case, explique la prénommée Agnès, assise devant sa maison. Elle fait savoir que le sol de sa localité, malgré sa richesse, ne leur apporte rien. « Seul les jeunes qui font des briques en tirent profit. Nous, nous avons peur de ce que pourrait nous faire ce soleil si nous nous hasardons à planter quelque chose ».
La richesse du sol se fait remarquer par la verdure des euphorbes candélabres qui ne servent même pas de pâtures pour le bétail selon les habitants. « Avant, ces euphorbes servaient à délimiter les parcelles. Mais maintenant, les gens les ont adoptés comme pouvant servir de clôtures de leurs maisons. Ils ne nous procurent même pas d’ombre avec cette chaleur », regrette Agnès.
Des énergies alternatives
Jacques Nkengurutse est expert en environnement. Il souligne qu’il y a 3 ans, beaucoup d’effets négatifs se remarquent à Buringa 2 à la suite du déboisement de la localité. Il cite notamment l’aggravation des effets liés aux changements climatiques ; la dégradation des terres agricoles ; l’irrégularité des régimes hydriques dont le contrôle des inondations ; l’aggravation des érosions ; la réduction de l’humidité de l’air ; la dégradation des facteurs de production agricoles. Cet expert précise que les impacts seront désastreux et difficiles à évaluer. Selon lui, au finish, cela risque d’aboutir à une situation sécuritaire instable ayant la faim comme corollaire.
Il revient sur le projet de reboisement national « Ewe Burundi urambaye » mis en place pour restaurer le couvert forestier qui a démarré ses activités en 2018. Au terme de ce projet qui s’étend sur une période de sept ans, il est prévu de planter des arbres sur toutes les collines du pays.
A côté de cela, de jeunes environnementalistes s’investissent dans la plantation des arbres dans différents coins du pays. L’association « Ça nous concerne tous » a déjà planté plus de 50 millions d’arbres. On note également l’association « Greening Burundi » qui a déjà planté 872 785 arbres. Son objectif global est de planter 50 millions d’arbres.
Mais, selon Dr Nkengurutse qui s’exprimait déjà en 2021, dans un Burundi où entre 95% et 98% des gens recourent au bois comme énergie domestique, le reboisement ne peut pas résoudre le problème de déforestation. Pour illustrer ses propos, il essaie de donner des explications à base d’un exemple.
Pour satisfaire les besoins en bois, il faut 1 031 000 ha. Celles-ci représentent 38, 18% du territoire national. Ce qui est pratiquement impossible, d’où la nécessité d’adopter une solution fondée sur les techniques et de faire recours aux énergies alternatives.
En 1973, il y a eu le premier symposium forestier. Contrairement au document de politique de 1969, les conclusions dudit symposium sont contre l’exploitation des forêts naturelles. Elles encouragent au contraire la protection de ces forêts et insistent sur l’aménagement du territoire et la nécessité de mettre en place une législation forestière.
En1978 fut élaboré un autre document de politique qui fixa comme objectif global pour l’an 2000 la satisfaction des besoins en bois et la protection de l’environnement sur base d’un taux de couverture forestière du pays de 20%, y compris les forêts naturelles. Comme résultat, le taux de couverture forestière a passé de 3% en 1978 à 7% en 1993. C’est en 2012 qu’une nouvelle politique forestière nationale fut mise en place. Un de ses objectifs était de développer et de gérer rationnellement les ressources forestières. Elle prévoyait également de porter le taux de couverture forestière à 20% en 2025.
En 2016, une loi portant révision du Code forestier a été promulguée. Mettre fin à la réduction du couvert forestier en pratiquant une gestion forestière durable, accroître sensiblement la superficie des forêts protégées et celle des forêts gérées de façon durable figuraient parmi ses objectifs.
Je vois sous l’image: 6 ans après le déboisement! Mais franchement, qui a autorisé de déboiser cette région sans aucune mesure d’accompagnement? On a déboisé, un point c’est tout; c’est irresponsable.
Les plus vieux se rappellent probablement du slogan de Mobutu qui disait « qui déboise, reboise ». Et qui ajoutait que si tu coupes un arbre, il faut replanter dix. Des bons conseils, pour tous les temps et valables pour tous.
Maintenant, le mal a été fait à Buringa. Inutile de se lamenter (no use crying over spilled milk). Maintenant il faut réfléchir comment reverdir la région. Peut-être faut-il penser à l’irrigation, si c’est possible utiliser l’eau des rivières environnantes. Est-ce que la rivière Rusizi est dans les environs? On pourrait utiliser ses eaux et en même temps réguler son débit pour ainsi éviter les inondations et les ravages qu’elles provoquent.
@Pce
Je vous lis souvent dans les commentaires sur des articles d’Iwacu mais ne savais pas que vous évoluez dans le développement agricole. C’est un domaine dans lequel j’ai une bonne expérience surtout hors du pays. Etes-vous obligé de passer par le gouvernement du Burundi pour pouvoir financer un projet agricole? Quid si une association d’agriculteurs vous soumettait un projet bien ficelé?
@Cher Ndibanje
J’étais bien obligé de passer par le gouvernement pour une raison simple. Lorsqu’une ONG , étrangère décide de travailler au Burundi , elle doit se faire enregistrer pour pouvoir créer un compte bancaire qui servira notamment à payer les services des prestataires locaux , assurer le déplacement , payer un coordonnateur des activités sur place etc. Sans cela il est impossible d’ouvrir un compte bancaire au nom de l’ONG . Le problème est que partout ou je passe on me fait comprendre qu’il faut payer des dessous de table. Sur ce point je reste inflexible et je l’ai déjà expliqué à mon patron .Une grande autorité burundaise que je ne nomme pas m’a mis en garde sur ce problème de dessous de table : si j’ouvre la brèche ce sera impossible de la colmater. De toutes façons , par principe je ne peux pas donner des dessous de tables. Ce n’est pas l’idée que je me fais de l’aide aux pays du Tiers monde.
Mon patron m’a proposé de le faire en tant que membre de la diaspora burundaise . J’ai tenté cela en offrant 3 laptops à la DCE de ma commune . Deux mois plus tard j’ai appris qu’un des laptops a été volé dans un bureau et svp sans effraction! Je ne sais pas quoi penser de ce vol. Voyez vous ce n’est pas facile de faire quoi que ce soit dans notre pays, nous avons beau l’aimer mais nous nous heurtons à des problèmes de ce genre . En interne dans mon entreprise je suis entrain de faire trainer le projet , dans l’espoir que les choses changent au Burundi. Mais comme disait Charles Perrault dans le conte de Barbe bleue , la femme de Barbe s’écria » Anne , ma chère Anne , ne vois tu rien venir? Et la réponse fut » Je ne vois rien que le soleil qui poudroie, et l’herbe qui verdoie » . Je suis dans ce cas. La seule possibilité dont je dispose est refuser le principe des dessous de table et me heurter à un manque de collaboration de la part de certains responsables.
Merci bcp pour vos explications. C’est vraiment triste! No more comments!
Je ne parviens pas à situer correctement géographiquement Buringa par rapport au lac Tanganyika mais quelque chose me dit que ça ne devrait pas être loin. Mon employeur finance des activités visant une meilleure productivité agricole dans beaucoup de pays du monde , je suis le coordonnateur de ce projet en Afrique qui a déjà soutenu des projets de ce genre au Zimbabwe et en Ouganda . En 2021j’ai tenté d’entrer en contact avec les autorités burundaises pour financer un projet car nous avions et avons toujours des fonds dans ce sens . Je suis passé par l’ex ambassadeur du Burundi aux pays bas , j’ai contacté des conseillers haut placés à la présidence de la république ainsi que d’autres autorités, eh bien je suis bloqué car personne ne veut m’accorder la parole pour cela. J’envoie des courriers , j’essaye d’appeler en vain , personne ne bouge .
J’irais dans un autre pays car je suis obligé d’avancer si non mon patron risque de m’accuser d’inaction .
Dommage que nous continuions à nous comporter comme cela maintenant.
Cordialement
@Pce
1. Ntakundi ni kwihangana.
Nibuka Paul Rukeribuga (yatwigisha ibiharuro kuri College Don Bosco iNgozi) yigeze kuvuga ati:« Nul n’est prophète en son pays ».
2. Jewe niyumvira ko n’aho umukuru w’igihugu Nyakubahwa Varisito Ndayishimiye avuga ngo abadiaspora b’abarundi bafashe muguhimiriza abanyamahanga ngo baze gufasha mw’iterambere ry’Uburundi hategerezwa kuba hariho indongozi zigira ishari n’isoni KUBONA UMURUNDI ABA HANZE ARIWE AJE GUKORA IVYABANANIYE MUGUTEZA IMBERE IGIHUGU CACU.
@Pce
Uvuze neza cane hariho abafise ishari n’isoni kubona umudiaspora yoza agakora ivyo badashaka gukora ngo batez’imbere igihugu.