La situation des femmes portefaix est très préoccupante dans la ville de Bukavu. La société civile tire la sonnette d’alarme et demande au gouvernement congolais d’y remédier.
Au marché de Kadutu ou le long des rues de la ville, on voit des femmes qui transportent de lourds fardeaux. L’âge de ces mamans va de 30 à 70 ans et elles trainent plus de 50kg sur le dos, le front inondé par de grosses gouttes de sueur.
Marchant nonchalamment, une sexagénaire essoufflée s’énerve : « Mon mari ne m’aide pas. Il passe toute sa journée à jouer aux cartes dans le voisinage. » Elle est obligée, dit-elle, de travailler durement pour subvenir aux besoins de ses six enfants et de son mari.
Un autre marché, Nyawera, se trouve aussi à Bukavu. A l’intérieur, tout comme à l’extérieur, la vie d’une femme portefaix est un véritable calvaire. C’est dur pour elle d’y entrer à cause des bousculades. Des fois elle tombe par terre emportée par le poids de son gros sac. Un véritable parcourt de combattant pour N.W, veuve et mère de quatre enfants : « Je suis obligée de le faire parce que j’ai faim. On me paie 500F congolais (moins d’ 1USD) pour le transport d’un sac de 50Kg. Avec cet argent, je ne peux qu’acheter une très petite quantité de farine qui ne me permet même pas de nourrir tous mes petits », se désole-t-elle.
Des hommes s’apitoient
Pour certains hommes, ces femmes sont très courageuses et méritent assistance: « C’est un travail dur et humiliant. Imaginez une femme transporter un sac de 100kg qui nécessite deux hommes pour être soulevé ! C’est horrible », s’émeut un homme interrogé au marché Nyawera. Il suggère au gouvernement congolais de prendre des mesures pour améliorer les conditions de vie de ces femmes : « Que le gouvernement les aide sinon leur mort est proche ! Qu’on leur donne un crédit pour faire du petit commerce », crie –t-il.
Pour d’autres, le travail effectué par ces femmes est bien et normal : « Si elle transporte de lourds fardeaux pour faire face aux besoins de sa famille, il n’y a aucun problème», se plait à dire Abed, rencontré tout près du même marché.
La société civile interpelle le gouvernement
« C’est une sorte d’esclavage qui continue. C’est inadmissible de voir nos mères exploitées ainsi », lance Blaise, un activiste des droits de l’homme à Bukavu. Il précise que ces femmes courent beaucoup de risques : « Notre ville est mal construite, nos terrains sont glissants. Porter un sac au dos, parfois avec un bébé, est très dangereux ! » Ce défenseur des droits humains voudrait que le gouvernement fasse tout pour éradiquer la pauvreté, l’exode rural et le chômage des hommes qui, selon lui, sont les principales causes de la souffrance de ces femmes.