A l’annonce du calendrier électoral de 2020, le président du Cnared n’a guère tardé à décocher une épigramme : « Une nouvelle fuite en avant.»
Maître des horloges jusqu’au bout, Bujumbura vient de donner le coup de grâce au dialogue inter-burundais moribond, sinon en état de mort clinique, selon certains observateurs. La publication du calendrier électoral met en branle la machine électorale. Avec le lancement de la campagne électorale au 25 avril, le virage vers la ligne droite avant les élections s’amorcera dès janvier.
L’absence de volonté des chefs d’Etat de la CAE pour appuyer l’ex-président Mkapa dans sa facilitation et l’intransigeance de Bujumbura ont, entre autres causes, rendu le gap entre la velléité de la relance des pourparlers et sa mise en œuvre irréductible.
La CAE pourrait, via une pression forte à la fois diplomatique et économique (sanctions ciblées), obtenir des concessions de Bujumbura. Dans la perspective de la participation des opposants en exil au processus électoral. Notamment ne plus faire l’objet de mandats d’arrêt internationaux et faire campagne en toute sécurité.
Mais même avec ces concessions hypothétiques, force est de constater que la crise est devenue plus complexe avec la nouvelle Constitution. Bye bye la minorité de blocage avec l’adoption des lois à la majorité absolue. Respect de la représentativité politique au gouvernement désormais à la discrétion du raïs. Et, possibilité de remise en cause du système des quotas ethniques, 5 ans après la mise en place des institutions issues de l’actuelle Loi fondamentale.
Passer à la trappe un dialogue constructif entre les protagonistes de la crise politique, devenue cyclique au lendemain des scrutins contestés, revient à souffler sur les braises. Construire sur la paix positive – au-delà de l’absence de guerre – est une condition sine qua non pour éviter que la moindre bourrasque politique ne balaye l’édifice.