Depuis un certain temps, Bujumbura accuse, condamne Kigali. En revanche, Kigali a toujours nié toute implication dans la crise d’un pays voisin, le Burundi. Jusque-là, cela s’exprimait au travers des marche-manifestations et autres expressions à Bujumbura et ailleurs dans des rencontres diplomatiques. Ainsi, la brouille diplomatique semblait moins grave et, peut-être, passagère. Ce n’est qu’à partir d’une lettre officielle que le président Pierre Nkurunziza a écrite au médiateur dans le conflit inter-burundais et président de l’Ouganda, Yoweri Kaguta Museveni, que l’on a commencé à mesurer l’ampleur du conflit.
Dans cette lettre, l’auteur accuse ouvertement le Rwanda d’abriter les putschistes qui ont tenté de renverser les institutions, le 13 mai 2015, d’être la base arrière des groupes qui attaquent et déstabilisent le Burundi, depuis cette époque. Il formule aussi des vœux de voir s’organiser un sommet extraordinaire de l’EAC au cours duquel ce « conflit ouvert » avec Kigali pourrait être exposé et réglé. Tout en refusant de dialoguer avec les putschistes.
Une vidéo récente montre le président Kagame en tenue militaire, tout un symbole, moralisant ses troupes. Il leur dit que malgré les ‘on dit’ sur le Rwanda, il ne se laisse pas emporter par les provocations mais qu’il attend que l’ennemi franchisse le Rubicon. Apparemment, chacun des deux pays perçoit mal les intentions de l’autre. Ou bien les exagère.
Dans l’histoire des pays voisins, les relations ne sont pas toujours au beau fixe. L’histoire nous apprend que les confrontations guerrières ont souvent été précédées par les confrontations verbales. La guerre peut se définir comme l’échec des échanges diplomatiques. Dans la lettre adressée au président Nkurunziza, le médiateur dans la crise burundaise promet que des questions soulevées par Bujumbura seront abordées, lors du sommet des chefs d’Etat de l’EAC prévu le 27 décembre prochain. Espérons que la question qui crée cette tension entre les deux « cousins » sera bien traitée et trouvera une issue favorable. Pour le bien de nos peuples, la stabilité et le développement de toute l’EAC.