Une centaine de dictionnaires, don de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), a été volée à la Direction Provinciale de l’Enseignement (DPE) en mairie de Bujumbura. Des responsables administratifs de la DPE, deux veilleurs et un libraire du marché central de Bujumbura sont pointés du doigt.
<doc1823|left>D’une valeur de 4635 euros, soit près de huit millions cinq cent mille francs burundais (8.500.000Fbu), les 103 dictionnaires disparus font partie d’un lot des 210 octroyés par l’OIF. Ils étaient destinés aux enseignants des écoles primaires du canton A en Mairie de Bujumbura. Et chaque classe enseignant de ce canton devait avoir un dictionnaire.
Lors de la distribution, le chef du service Finances, Infrastructures et Équipement à la DPE, responsable de l’entrée et sortie des dictionnaires, s’est rendu compte que les 103 manquaient. Le rapport note « un état de léthargie à l’excès de l’autorité de la DPE avant l’annonce du vol à l’inspection de l’enseignement dans la région de l’Ouest. »
Sécurité précaire du stock
D’après toujours ce rapport, les enquêteurs déplorent que le chef du service des Finances ait pris l’initiative de faire des investigations seul. Car cette méthode semble avoir donné à l’unité ou réseau criminel le temps de fausser les pistes. Deux veilleurs ont pris la fuite ; si bien que la commission d’enquête les suspecte.
De même, la sécurité de la salle de stockage des dictionnaires était précaire : au moins quatre personnes en détenaient la clé. « L’épine est déjà là, car au moment du constat, aucune effraction. La porte était bien fermée », soulignent les enquêteurs.
« La véritable visible de l’iceberg »
Selon ce rapport, les enquêteurs se sont rendus au marché central de la capitale et ont constaté qu’un libraire, le seul dans tout Bujumbura, vendait les dictionnaires de même type que ceux disparus à un prix onéreux, plus de 85 mille la pièce. Interrogé sur leur provenance, le marchand aurait répliqué qu’il les reçoit d’un fournisseur basé à Kampala sans donner les pièces de commande et de livraison ou tout autre document pouvant éclairer les enquêteurs. Pour l’inspection, « c’est la véritable partie visible de l’iceberg. »
Au sujet de ce rapport « accablant », Renovat Nzeyimana, Directeur Provincial de l’Enseignement en mairie de Bujumbura parle d’exagération. Pour lui, les enquêtes menées sur les clés n’a rien de logique : « C’est normal que les chefs de services et leurs secrétaires possèdent des clés du local de stock. Cela ne prouve rien. » Il affirme que son personnel n’a rien à voir dans cette affaire.
Troisième vol à la DPE
Pour M. Nzeyimana, les suspects sont le libraire et les veilleurs. Ces derniers, en fuyant, s’accusent : « Ce sont eux qui peuvent permettre de faire la lumière sur cette affaire. Si un des employés est venu ouvrir le local du stock, ce sont les veilleurs qui peuvent dire qui. » Il ne comprend pas non plus pourquoi les enquêteurs n’interrogent pas le libraire pour qu’il indique son fournisseur.
Cité parmi les 11 suspects, Rénovat Nzeyimana avoue n’éprouver aucune crainte. Il demande plutôt que la justice se saisisse de cette affaire pour démanteler le réseau; car ce vol est le troisième à la DPE. Et chaque fois aucun voleur n’a été arrêté.