Bujumbura : un breuvage qui vaut de l’or

Depuis le début du mois d’août, trouver de l’Amstel 65 cl dans les bars de la capitale relève de l’exploit. Elle s’obtient ainsi à un prix exorbitant.

Lundi, 17h20. Dans un bistrot du quartier industriel, les amateurs de la bière sont là. Certains à l’intérieur, d’autres à l’extérieur. Chose surprenante, personne ne savoure de l’Amstel 65 cl. A. N., serveur, affirme tout de même que cette boisson est disponible dans le stock. Elle n’est pas servie à tout le monde. Pour en avoir, «il faut être régulier et fidèle.» Ce jeune homme indique que cette bière se vend à 2500 Fbu la bouteille. Il rappelle que le prix officiel est de 1800Fbu.

Malgré la pénurie de cette bière dans la capitale, elle est en quantité suffisante en province. « Je m’approvisionne à Rugombo en province Cibitoke ou dans la province Gitega », précise H. G., gérant de ce bar. Il se sert de son véhicule pour s’approvisionner. Il révèle qu’il achète par bouteille de peur d’être attrapé par l’administration locale. Ce gérant soutient que le prix de 2500 Fbu n’est pas exorbitant, « car ce prix incorpore les frais de transport. » Pour le transport clandestin de ce produit, H.G. admet qu’il donne 2000 Fbu comme un pot-de-vin aux policiers. Il se réjouit de la satisfaction de ses clients : «Ils ne se plaignent pas du manque de l’Amstel, même si elle est chère. Celui qui a de l’argent peut s’en procurer.» Ce débitant déplore que son stock soit presque vide : « Il me reste une demi-caisse d’Amstel 65cl.»

Il est 18h 20, dans la zone de Kinama, quartier populaire où grouille pas mal de monde même en pleine obscurité. Les gens n’en fréquentent pas moins les bars. R. H., gérant d’un bar, témoigne qu’il n’a pas d’Amstel 65 cl dans le stock. « J’ai dû abandonner, car je ne pouvais pas avoir de pot-de-vin à verser chaque jour.» Mais il a aussi été découragé par les policiers. « Ils venaient souvent s’assurer que je respecte le prix officiel.» Ce commerçant espère que dans les jours qui viennent cette boisson sera disponible.

« Le ministre ne protège plus les consommateurs »

Aux environs de 18h 45 Chez Gérard, dans le quartier Gihosha, la grande Amstel est disponible. Certains amoureux de la bière sirotent l’Amstel 65 cl en jouant au billard. D’autres regardent des matches de football. Elle s’achète à 2500 Fbu alors que le prix normal est de 2200 Fbu. Les clients ne discutent pas les prix.

Onésime Niyukuri, porte-parole du ministre du Commerce, rassure quant à l’application effective du prix reconnu par la loi. « Aucun consommateur n’est venu pour porter plainte. » Il ajoute que les inspecteurs du ministère du Commerce constatent le respect de prix de l’Amstel 65 cl.

Noël Nkurunziza, président de l’Abuco, déplore la mauvaise habitude de la Brarudi de ne pas communiquer aux consommateurs la pénurie de ce produit. Selon lui, les inspecteurs sur terrain devraient normalement s’enquérir du niveau des prix. « Le ministre a finalement abandonné son rôle en tant protecteur des consommateurs. »
La Brarudi a promis de s’exprimer ultérieurement sur cette hausse des prix de l’Amstel 65 cl.