Depuis un certain temps, beaucoup de ressortissants congolais s’observent dans la capitale économique Bujumbura. La cause : la situation sécuritaire qui prévaut dans la région frontalière avec le Burundi. Les hôtels, les maisons, tout est pris à la va-vite sans aucune régulation.
Un afflux impressionnant de ressortissants congolais s’observe aujourd’hui. Des voitures immatriculées en République démocratique du Congo sont presque partout. Des ambulances aussi.
A première vue, on penserait à des malades qui viennent se faire soigner au Burundi, faute de services adaptés de l’autre côté de la frontière. Cela n’est pas le cas. « Ce sont des ambulances du gouvernorat congolais », fait savoir le chauffeur de l’une des ambulances.
Ce dernier dit que lui et ses amis chauffeurs ont déjà ramené cinq ambulances. Ils logent dans un hôtel à Bwiza, dans la commune urbaine de Mukaza, en attendant qu’une maison leur soit louée dans la zone urbaine de Rohero comme leur avait promis leur chef.
Le quartier Bwiza est l’un des quartiers qui accueillent un grand nombre de ressortissants congolais. Un congolais, assis devant un hôtel, témoigne que, historiquement, Bwiza est censé être un quartier purement congolais. « Aujourd’hui, nous sommes tous mélangés, mais un Congolais se sent plus à l’aise dans Bwiza que dans un autre quartier », assure-t-il.
Pour lui, l’ambiance qui règne dans ce quartier lui rappelle chez lui, sa terre natale : la musique congolaise qui résonne tout le temps ; l’odeur de la viande grillée à chaque coin de rue ; la cuisine des restaurants.
Des spéculations sans limite
Dans les quartiers du nord de la capitale économique, tout comme au centre, les propriétaires des maisons ont trouvé cet afflux des Congolais très bénéfique. Comme ils ne savent pas la réalité par rapport au système ancien de location, ou peut-être, pour certains, avec les dollars qu’ils possèdent, ces Congolais ne discutent pas le prix du loyer.
Les bailleurs, habitués à faire payer aux locataires une avance de 2 à 3 mois pour la location d’une maison, avec des négociations voire des discussions interminables, commencent à préférer les ressortissants congolais aux burundais.
Dans la zone urbaine de Cibitoke, les loyers des maisons ont triplé voire quadruplé ces derniers mois. Un des bailleurs témoigne qu’un Congolais ne négocie pas le prix d’une maison, peu importe son état.
Il a alors transformé ses maisons en petites chambrettes pour pouvoir les faire louer aux ressortissants congolais : « Avant, une petite chambrette comme celle-là se louait à 40 000 BIF/mois. Mais maintenant, elle est à 180 000 BIF/mois et je ne me plains plus. Un Congolais qui débarque me fait sans hésiter une avance de 12 mois et c’est une bonne affaire pour moi », raconte-t-il.
Les autres maisons de sa parcelle encore occupées par les Burundais ne lui rapportent rien. Il raconte à son voisin qu’il ne sait pas quoi faire pour faire déguerpir les occupants.
Une autre raison qui le pousse à préférer les Congolais aux Burundais est que des fois, il fait recours aux tribunaux pour réclamer le paiement du loyer : « Les Congolais sont réguliers. Ils ont de l’argent en permanence et ils ne me posent jamais de problèmes », fait-il savoir.
Les anciens accueillent les nouveaux
Tout au début, les ressortissants congolais étaient des étudiants venus suivre leurs études dans les établissements et universités de la place. Mais, aujourd’hui, les autres Congolais qui commencent à affluer sont ceux qui fuient les combats qui font rage à l’Est de la RDC. Tout ce qui peut leur servir de toit est le bienvenu et à n’importe quel prix.
Dans les quartiers du nord, ce sont les étudiants qui orientent les nouveaux venus. En premier lieu, ils les font enregistrer dans les cahiers de ménage et chez le chef d’avenue. Puis, ils les hébergent les premiers jours et les aident à trouver les maisons à louer.
Certains habitants du nord de la capitale disent que ces ressortissants congolais ont fait grimper les loyers. D’autres disent que ce sont les bailleurs qui profitent du manque de régulation.
Le prénommé Donatien, un habitant de Cibitoke dit que les premières victimes sont les Burundais. Il fait observer que, si par malheur le bailleur te dit de libérer sa maison pour la rénover ou pour toute autre raison, trouver une autre maison est quasiment difficile voire impossible. D’où un nombre impressionnant de procès entre bailleurs et locataires qui sont actuellement enregistrés.
Il fait savoir que certains bailleurs, pour accueillir des ressortissants congolais dans leurs maisons, ont trouvé une autre astuce. Ils doublent ou triplent le loyer en prétextant que la vie est devenue chère. Le locataire n’a pas d’autres choix, soit il accepte le nouveau tarif ou il part.
Maison d’habitation devenue maison de passage
Dans le quartier Gasekebuye de la zone urbaine de Musaga, plusieurs maisons d’habitation ont été transformées en maisons de passage pour pouvoir accueillir les ressortissants congolais et profiter de leur pouvoir du dollar.
Viviane Kigeme, cheffe du quartier Gasekebuye fustige les propriétaires de certaines maisons qui en ont fait des maisons de passage à l’insu de l’Office burundais des recettes, OBR. Pour elle, ces propriétaires devraient le faire savoir et payer les taxes comme le font ceux qui sont en ordre.
Dans moins de deux jours, la cheffe de quartier a déjà enregistré plus de 170 ressortissants congolais installés dans son quartier. Ces ressortissants congolais ne se reconnaissent pas comme des réfugiés. Certains avancent qu’ils sont venus pour des visites. D’autres parlent des raisons de deuil.
Mme Kigeme fait savoir que ces ressortissants congolais lui disent qu’alors qu’ils étaient venus pour quelques jours, ils ont manqué de passage pour qu’ils puissent retourner chez eux à cause de la situation qui prévaut en RDC. « La mairie nous a fait parvenir des fiches d’identification, mais aucun ressortissant congolais ne reconnaît le statut de réfugié alors que leurs documents de voyage présentent des dates d’entrée qui coïncident avec le début de la crise que traverse l’Est de la RDC »
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