A moins de 48 heures de la célébration du Jubile d’or de l’indépendance du Burundi, les préparatifs vont bon train malgré quelques difficultés. Certains, aussi, sont indifférents à cette agitation…
<doc4355|right>A côté du mouvement d’ensemble grandiose qui se prépare depuis février 2012, les boulevards et rues de la capitale ont été revisités à la chaux. Malheureusement, la pluie de ce lundi 25 juin a gâché les choses, par endroits. Cela s’observe sur les boulevards du 28 novembre, de l’Uprona et du Peuple Murundi où tout est à refaire, ou presque …
Tout au long de la route vers l’aéroport International de Bujumbura, des drapeaux nationaux neufs flottent sur les poteaux … Des femmes balaient les routes et enlèvent toutes les saletés. A la place de l’Indépendance, un travail intense est surveillé. Une soixantaine de femmes et hommes sont en train de retaper cette place. Le buste du Prince Louis Rwagasore a été enlevé pour rehausser de quelques centimètres son socle. Selon Théogène Nyandwi, le chef de chantier, un nouveau buste sculpté par des Chinois y sera installé, samedi matin, dès la fin des travaux.
Des couloirs sont en train d’être retapés. Au centre de cette place, une fontaine avec des jets d’eau est en construction. Tout autour on peut lire, en grands caractères : {Yubire nziza } (kirundi), {Uhuru njema} (swahili ), {Jubilé d’or} (en vert) et {1962-2012} (en rouge).
Sur la colline Vugizo surplombant la ville de Bujumbura, une trentaine d’ouvriers entretiennent le mausolée du Prince Louis Rwagasore, le héros de l’indépendance. Les petits arbres de l’espace sont peints aux couleurs nationale. Plus bas, au palais des congrès de Kigobe, de grands rubans tricolores sont installés à chaque entrée.
<doc4354|right>Depuis la place appelée communément Chanic, des drapeaux tricolores flottent tout au long de la route Bujumbura-Rugombo. Ils sont attachés aux poteaux électriques, jusqu’à l’aéroport international de Bujumbura.
Côté sécuritaire, malgré la petite frayeur avec les bombes déminées à Rohero ce jeudi, Elie Bizindavyi, porte-parole de la police nationale burundaise (PNB) signale que « tout est en place », avec, notamment, des patrouilles jour et nuit tout au long des boulevards et avenues, aux différents parkings de la capitale …
Quelques troubles-fêtes
Cependant, malgré l’appel lancé aux citadins par le Maire de la capitale d’embellir leurs maisons, beaucoup des maisons n’ont pas été retapées. Quelques bureaux administratifs seulement ont été refaits. Des tas d’immondices sont observables dans quelques coins de la capitale, voire au centre-ville même, comme aux abords du marché central, où les restes des légumes et fruits pourris répandent des odeurs pas agréables…
Au nord de Bujumbura, rien ne montre qu’on se prépare à une fête : le train-train quotidien prime. « Nous, ce qu’on regarde en premier, c’est nos assiettes. Pour le moment, elles sont vides, ou presque. Impossible de manger deux fois la journée », souligne laconiquement Nestor, un conducteur de bus de Kamenge.
Plus loin de lui, un mère renchérit : « Depuis 1962, en fait, nos politiques n’ont rien compris de la devise du pays. Exemple : il y a encore des gens tués pour leur appartenance à tel ou tel autre parti politique. Ce n’est pas beau, pour une fête où il est question d’unité ! » Avant que Jean-Bosco, un motard rencontré à Buyenzi, un quartier populaire de Bujumbura, murmure : « Même que la chicotte est encore là ! » Il venait d’encaisser un coup de bâton d’un policier alors qu’il tentait d’emprunter le Boulevard de l’Uprona, bloqué depuis deux jours pour sécuriser le séjour des délégations venues de 20 pays différents.