Lundi 23 décembre 2024

Économie

Bujumbura : polémique autour des marchés publics

L’attribution des marchés d’enlèvement des immondices et de gestion des stationnements publics payants fait débat. Certaines associations soutiennent qu’ils ont été octroyés illégalement. L’Autorité de Régulation des Marchés Publics décline toute responsabilité.

Faustin Ndikumana : « Il est temps d’appliquer la tolérance zéro à la corruption pour ces marches publics. »

« Qui sont ces entreprises, quelle expertise ont-elles? Ont-elles fait des investissements préalables ? Quand est-ce qu’elles ont été créées ? Qui sont leurs propriétaires ? Comment ces dernières ont-elles gagné les marchés » s’interroge Faustin Ndikumana président du Parcem au sujet des sociétés qui ont bénéficié de marchés sans appel d’offre. C’était dans une conférence de presse animée, lundi 25 septembre. Il s’agit de Bujumbura Cleaning Company (BCCO), société privée qui effectue l’enlèvement des immondices dans la ville de Bujumbura, et Park Gest Burundi ainsi que Parking services. Ces dernières sont chargées de la gestion du stationnement public payant de la mairie de Bujumbura.

M. Ndikumana assure que ces marchés ont été attribués dans des conditions obscures : « Il n’y a pas eu de dossier d’appel d’offre public. Il est temps d’appliquer la tolérance zéro à la corruption pour ces deux marchés publics. » Il rappelle le rôle de la compétition et de la transparence dans l’attribution des marchés publics : fournir aux citoyens les services et les biens de bonne qualité et à moindres coûts.

Le président de Parcem fustige que BCCO ait gagné le monopole, malgré son incompétence. Pour preuve, le maire de la ville de Bujumbura a annoncé le projet d’associer les coopératives pour épauler cette entreprise. « Et les ménages se plaignent de la qualité de service rendu par BCCO. »

Pour lui, aucune entreprise burundaise privée ne peut se prévaloir d’avoir autant d’expertise que les Services Techniques Municipaux (Setemu). En cas d’incapacité des Setemu, le Service Chargé des Entreprises publiques (Scep) doit renforcer cette entreprise publique. Et en dernier recours, la mairie aurait dû lancer un appel d’offre international.

« Elle ne s’est jamais autosaisie pour les marchés publics attribués illégalement »

Selon Gabriel Rufyiri, président de l’Olucome, l’Autorité de Régulation des Marchés Publics ne joue pas son rôle de régulateur. Il rappelle que le secteur des marchés publics accapare 70 % du budget national. D’après cet ancien membre indépendant de ce conseil, ces deux marchés n’ont pas fait l’objet d’un appel d’offre. Il affirme que cette institution n’use pas des pouvoirs mis à sa disposition. « Elle ne s’est jamais autosaisie pour les marchés publics attribués illégalement.» Cet activiste de la société civile en cite d’autres, notamment le contrat d’exploitation du gisement de nickel de Musongati par la BMM et le contrat d’exploitation du gisement des terres rares de Gakara.

Eduard Nzigamasabo, directeur général de l’Autorité de Régulation des Marchés Publics révèle que ces marchés ne sont pas passés par cet organe. Or, il fait savoir que la mairie de Bujumbura et les communes sont assujetties à la loi des marchés publics. Ce régulateur avoue qu’il n’a pas le pouvoir de suspendre les marchés conclus en dehors du circuit des marchés publics. Il déclare également que cet organe suit uniquement les marchés d’attribution et non de cession. Selon cet ancien patron du conseil d’administration de l’OBR, les marchés d’enlèvement des immondices et la gestion des stationnements publics payants rentrent dans les marchés de cession. «Le ministre de la Bonne gouvernance et le ministre de la Justice détiennent le pouvoir de suspendre ces marchés.»
Nous avons tenté de joindre le ministère de la Bonne gouvernance, en vain.

Forum des lecteurs d'Iwacu

9 réactions
  1. roger crettol

    M’enfin, vous m’ennuyez à la fin ! C’est MA mairie, non ? Vous cherchez la petite bête, vous ? Et redites-moi, comment vous appelez-vous ?

    JerryCan – toujours à court d’idées.

  2. claude

    Quand la mauvaise gouvernance et l’impunité sont la regle ,il n y’a pas à s’étonner de tels choses.

  3. Rufyirigufyina

    Quand un gouverneur de province s’arroge les pouvoirs du gouvernement, du ministre de l’intérieur, du parlement et de l’OBR en matière fiscale, je crains que les pouvoirs ne s’entrechoquent à un certain moment. Si le ministre de l’Intérieur n’arrête pas les pouvoirs auto attribués du maire pour fixer les taxes ou en imposer de nouvelles, la pagaille est là. Historiquement, c’est ainsi que les pouvoirs se délitent: dans la confusion.

    • Mafero

      @Rufyirigufyina: Ce que vous dites est vrai. Très récemment on nous a fait un reportage où on nous parlait d’un Gouverneur en même temps Procureur dans sa République qui fait arrêter les gens comme bon lui semble. Que de confusions!

  4. Rurihose

    Il y a des Mutama qui dirigent le pays, comme bon leur semble.
    Nous les ….ntama devons suivre et subir.
    Et pourquoi diantre , le pays de Mwezi Gisabo serait alors devenu le plus pauvre et le plus corrompu?
    Thanks Iwacu, even if my comment isn’t published.

    • Gira amahoro

      Avec une telle touche d’humour qui fait appel à des rimes, tu ne peux laisser personne indifférent à ton commentaire!

  5. uhuru

    « Ce régulateur avoue qu’il n’a pas le pouvoir de suspendre les marchés conclus en dehors du circuit des marchés publics » pour dire qu’il y a un autre circuit dont cette autorité ne controle pas !!!!!!

  6. Pablo

    hahah ariko Faustin na Rufyiri vous ête vraiement courageux !!! Ntagihinguka c´est ca le système DD !! Uwutayumva arayikurikra !

  7. MUGABARABONA

    « Nous avons tenté de joindre le ministère de la Bonne gouvernance, en vain. » Que voulez-vous qu’il vous dise ? Que tout vient d’en haut ?

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

Que la compétition politique soit ouverte

Il y a deux mois, Iwacu a réalisé une analyse de l’ambiance politique avant les élections de 2020 et celles à venir en 2025. Il apparaît que la voix de l’opposition est presque éteinte. Il n’y a vraiment pas de (…)

Online Users

Total 3 579 users online