Vendredi 22 novembre 2024

Société

Bujumbura : Les grandes artères dans le noir

24/04/2019 Commentaires fermés sur Bujumbura : Les grandes artères dans le noir
Bujumbura : Les grandes artères dans le noir
Quelques lampadaires solaires qui ne fonctionnent plus sur la Chaussée du Peuple Murundi.

Les poteaux électriques n’éclairent plus certaines voies publiques. Et dans d’autres, ces poteaux n’existent pas. Corollaire : banditisme, vol, viol en hausse. Reportage

Lundi 15 avril. 18H30. La nuit tombante. Nous sommes sur le Boulevard du 1er novembre. Une route menant à l’aéroport international de Bujumbura. Constat : aucun poteau électrique ne fonctionne plus. Seule une partie, à 100 m à l’entrée de l’aéroport, est éclairée.

Et pourtant cette route est régulièrement empruntée par les hautes autorités de ce pays et les hôtes de marque partant ou rentrant des missions. Nous rebroussons chemin et empruntons le Boulevard de l’OUA, une route qui passe près des  marchés COTEBU et chez Sioni jusqu’au rond-point des Nations unies. Même constat. Aucun lampadaire solaire ne fonctionne.  Les piétons et les cyclistes sont éclairés par les véhicules et les lampes accrochées au mur de quelques habitations.

La Chaussée du Peuple Murundi, qui part du rond-point des Nations unies jusqu’ à l’hôtel Water Front, n’est pas épargnée. La grande partie de cette voie publique est dans le noir. Hormis le tronçon situé entre la mairie de Bujumbura et l’hôtel Water Front où quelques lampadaires solaires fonctionnent.

Un petit crochet sur la Place de l’Indépendance. Un léger mieux. L’intérieur de cet espace public est éclairé.

Sur la Chaussée du prince Louis Rwagasore, les poteaux électriques existent, mais ne fonctionnent plus. La route est éclairée par les lampes des maisons, des magasins ou des stations  se trouvant au bord de cette voie.

Même scène sur le Boulevard de l’UPRONA, l’éclairage n’est plus. Une voie menant à la présidence de la République.

Sur le Boulevard du 28 novembre, nous sommes dans l’obscurité totale. Aucun poteau électrique ne fonctionne plus.  Les poteaux électriques sont vétustes. Certains sont tombés, d’autres sont en passe de l’être. Et pourtant, l’axe est emprunté fréquemment par les hautes autorités de ce pays.

La route Ngagara-Cibitoke-Mutakura-Kinama est dans un piteux état. Aucun poteau électrique.

La route Kinama- Kamenge n’est pas en reste. Elle est bordée de poteaux électriques, mais qui ne fonctionnent plus. Les piétons sont éclairés par des véhicules, les lampes accrochées aux murs des habitations ou ils recourent à leurs téléphones portables.

Même scène sur le Boulevard Patrice Lumumba,  route menant vers la cathédrale Regina Mundi. Les poteaux électriques ne fonctionnent plus. Sur la route nationale N°7 (RN7), route menant vers la zone Musaga, au sud de la capitale,  aucun éclairage public.

Derrière la cathédrale, sur la route menant vers l’ancien siège du Sénat, c’est le noir.

Dans le quartier Kinanira, en zone Musaga, même jusqu’en zone Kanyosha, c’est le même scénario. Les routes sont éclairées par les lumières des ménages.

A Kanyosha, ce sont les lampes mises sur les façades extérieures des maisons qui éclairent les passants. En bas de la RN3, route Bujumbura-Rumonge, il n’y a pas d’éclairage public. Les poteaux électriques sont installés, mais pas toujours fonctionnels.

A l’avenue du Large, en zone Kinindo, c’est toujours le noir.

Les citadins remontés

Suite à cette obscurité, certains citadins sont la cible du banditisme. Ils sont dépouillés de leurs biens comme en témoignent certaines victimes.

« Un jour, j’ai quitté Buyenzi vers 20 h. Arrivé à la Chaussée du Peuple Murundi, deux bandits m’ont barré le passage. Un autre a pris mon téléphone et s’est  jeté dans un caniveau », raconte Daniel, un habitant de Bwiza.

Freddy Mbonimpa : « Une ville doit être éclairée. Ça fait partie des normes.»

« Alors que je rentrais chez moi, au quartier Mutakura, des bandits ont fait irruption et m’ont arraché mon sac à dos où se trouvaient mes deux téléphones portables et des habits. Je n’ai pas pu les identifier et ils se sont vite volatilisés dans le quartier», témoigne James Nduwayo.

Si la voirie urbaine était éclairée, poursuit-il,  de tels actes  ne seraient pas commis ou diminueraient d’ampleur. Il demande à la mairie de penser à l’éclairage de tels endroits.

Même situation au sud de la capitale. Des bandits sévissent dans plusieurs endroits, profitant de l’obscurité. « Un soir, vers 20h 30, je venais de rendre visite à un ami à Kibenga. Après avoir traversé le pont sur la rivière Kanyosha, sur la route Bujumbura-Rumonge, des malfaiteurs m’ont tabassé et m’ont dépouillé de tous mes biens », raconte Léonard, un habitant du quartier Gisyo, en zone Kanyosha.

D’autres citadins s’interrogent sur l’utilisation des impôts et taxes qui sont régulièrement versés dans les caisses de la mairie. « Nous payons des impôts et des taxes. Mais à quoi sert cet argent? », se lamente B.N.

Le mairie de Bujumbura, Freddy Mbonimpa, reconnaît que la situation est préoccupante. « Une ville doit être éclairée. Ça fait partie des normes ». Cette autorité fait savoir que les poteaux électriques sont vétustes. Par ailleurs, il déplore le vol des batteries des lampadaires solaires qu’on avait installés.

Comme solution intermédiaire,  le maire de la ville demande aux citadins de mettre des lampes aux façades extérieures de leurs maisons pour pallier ce manque d’éclairage public.

Par ailleurs, le maire fait savoir qu’il est en contact avec les partenaires pour apporter une solution durable. Et d’ajouter que la population sera appelée à donner sa contribution.

 

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