La question sur l’avenir de l’opposition politique au Burundi domine le débat, après les défections tous azimuts des membres de la plateforme de l’opposition. « Le CNARED pourra soit disparaître – réalisation du vœu du pouvoir de Bujumbura – soit se décanter en mettant d’un côté les tenants des négociations pour des postes, et de l’autre, les véritables porte-parole du peuple meurtri par le 3ème mandat », explique un ancien membre influent qui a quitté cette organisation. Des propos quelque peu diffus.
En effet, la logique des négociations est unique : il s’agit de deux ou plusieurs parties en conflit où celui-ci menace celui-là et vice-versa.
Dans le cas de figure, même avant les scissions, Bujumbura n’avait pas encore senti le besoin de s’asseoir avec le CNARED qu’il accusait par ailleurs de compter en son sein des « criminels » de tout acabit. Il n’entend donc pas négocier pour perdre un iota de son pouvoir, car négocier revient aussi à cela. En outre, Bujumbura refuse la qualification de la nature du conflit à savoir la violation de l’Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation au Burundi. Il n’est pas question de remettre en question la nouvelle Constitution. Les élections se tiendront bel et bien l’année prochaine sur base de la nouvelle Constitution issue du référendum.
Bujumbura se pose donc en maître des horloges. Il sait jouer sur le temps. Il décide, contrôle, organise son agenda politique, au gré de ses intérêts.
Sur l’agenda du Sommet des chefs d’Etat de l’EAC qui a été reporté à plusieurs reprises faute de quorum-Bujumbura ayant boycotté- figurait notamment l’analyse du rapport de la médiation sur la crise burundaise. Il y aurait déjà proposition d’une feuille de route pour sortir le Burundi de son engrenage.
Avec les scissions au sein de la plateforme de l’opposition, la médiation risque de manquer les deux camps protagonistes. Aussi Bujumbura confirmera-t-il sa participation au 20ème Sommet ordinaire des chefs d’Etat des pays de l’EAC prévu le 1er février prochain à Arusha. Pour « rappeler de vive voix » l’impérieuse nécessité d’organiser un Sommet extraordinaire de l’EAC pour se pencher sur « le cas d’agression du Rwanda contre le Burundi en violation du droit international. »
D’après une autre grosse pointure de l’opposition qui vient de claquer la porte du Cnared, « le temps et les impairs de Bujumbura finiront par arranger le front de l’opposition. » D’après cette personnalité, certains quitteront le navire. Mais l’important, ce n’est pas le nombre d’opposants mais la force, la constance et la détermination. Rêve ou idéal qui risque d’être renvoyé aux calendes grecques…