Mardi 16 juillet 2024

Société

Bujumbura : Des Pères de famille fuient la misère

Bujumbura : Des Pères de famille fuient la misère
Des femmes à Gatunguru, luttant pour survivre dans des conditions difficiles.

Dans certains quartiers de Bujumbura, une nouvelle réalité s’installe : des femmes se retrouvent à la tête de leur foyer après la fuite de leurs conjoints. Impuissantes face à cette situation, certaines sombrent dans la prostitution pour subvenir aux besoins de leurs enfants. Désespérées, elles appellent à l’aide, tant des syndicats de femmes que du gouvernement.

Il est 11 h dans le quartier de Gatunguru, zone Rubirizi. Devant quelques maisons, des femmes s’assoient, tristes et désespérées, les mains sur la tête. Certaines tentent de vendre des friandises, des tomates et des légumes sur de petites tables, tandis que d’autres attendent le soir pour exercer un travail qu’elles qualifient elles-mêmes de « prostitution. »

« Nous nous demandons où sont nos maris. Nous vivons seules avec nos enfants. Nous attendons toujours leur retour sans savoir s’ils reviendront. Que pouvons-nous faire d’autre ? » Tels sont les murmures des femmes rencontrées dans ce quartier.

Diane K., l’une de ces femmes, raconte son histoire : « Je n’habitais pas ici avant. Je suis venue à Gatunguru pour trouver une maison moins chère, car je ne pouvais plus payer 100 000 BIF pour mon logement après le départ de mon mari pour la Tanzanie. Il m’a laissée avec six enfants, sans aucun emploi. Avec le coût de la vie, je n’avais plus de choix : j’ai dû utiliser mon corps pour nourrir mes enfants. C’était mon seul capital. »

Marguerite Nibizi, mère de trois enfants, attend également le retour de son mari. « Cela fait presque trois ans qu’il est parti. Il est parti un matin, laissant un billet de 5000 BIF sur la table. C’est la dernière fois que je l’ai vu, » dit-elle. Marguerite affirme qu’il n’y avait aucune dispute dans leur couple, et qu’ils étaient légalement mariés. « On dit qu’il s’est remarié avec une autre femme. Quant à moi, je fais ce petit commerce pour survivre avec mes trois enfants. »

Un homme, sous couvert d’anonymat, explique pourquoi il a abandonné sa famille : « La vie est chère. Fuir n’est pas la meilleure solution, mais je ne pouvais pas supporter de voir mes enfants mourir sous mes yeux. Je suis parti pour chercher de quoi les nourrir, mais ici, la vie est encore plus dure. J’ai honte de rentrer les mains vides. Cela fait maintenant quatre ans que je suis parti. »

Ces femmes abandonnées demandent l’intervention du gouvernement : « Notre gouvernement devrait punir ces hommes qui abandonnent leur famille. Autrement, nous verrons de plus en plus d’enfants de pères inconnus dans les jours à venir. Les enfants innocents en sont les premières victimes. Les associations pour la protection de l’enfance devraient aussi agir. »

Forum des lecteurs d'Iwacu

3 réactions
  1. Stan Siyomana

    La desintegration de la famille noire aux Etats-Unis montre les consequences nefastes du chomage dans toute societe.
    « Seventy-two percent of black children are born to unmarried mothers. The majority of those children will see contact with their fathers “drop sharply”; within a few years, about a third of dads will basically just disappear. Children don’t take well to the succession of partners, step- and half-siblings that follow their parents’ breakup. Studies, not just a few, but a slew ofthem, connect “multi-partner fertility” and father absence to behavior problems, aggression, and later criminality among boys even when controlling for race and income. Doesn’t that suggest black-family disruption could have some bearing on crime and incarceration rates?
    Before 1960, when poverty and racism were by all accounts far worse, the black family was considerably more stable. Throughout the first half of the 20th century, the large majority of black women were married before they had children. Black children were less likely than whites to grow up in two-parent homes, but only slightly so. It was only after 1960, even as more black men were finding jobs and even as legal discrimination was being dismantled with civil-rights legislation, that the family began to unravel… »
    https://www.theatlantic.com/national/archive/2015/10/the-breakdown-of-the-black-family-contd/626229/

  2. Bonjour à tous, c’est honteux !! moi en lisant ce journal, j’écrate à pleurnicher. les hommes qui quittent n’ont pas une grande faute plus que celui qui a le droit de les punir. Le Burundi est malade , malade de l’injustice,malade de dans le domaine économique. pitié pour les hommes et changement radical du cœur ( métanoïa)des gouvernants.Merci!!

  3. Stan Siyomana

    1. Kweli nk’iyo foto irerekana ko Vision 2040/2060 batubwira ikiri kure nk’ukwezi.
    Birababaje kubona iBujumbura hakiri inzu zubatswe n’amatafari y’ivyondo.
    2. Ejo bundi naratangaye numvise umukuru w’igihugu avuga atwengatwenga ko igitoro kibura kuko hari abantu benshi baguze amamodoka. Ngo rero amahera y’agaciro yagiye mukugura izo modoka. Mugabo akibagira ko yigeze kuvuga ko wenyene agiye kwifatira muminwe ikibazo c’igitoro.
    Nkaca nibaza: ministere des finances, ministere du commerce, ministere de l’energie zashinzwe ngo zikore iki, nta bahinga « BABINONOSOYE » bari muri izo ministere?

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