Vendredi 22 novembre 2024

Économie

Bujumbura City Market : les commerçants en guerre contre la hausse des prix des loyers

28/01/2022 2
Bujumbura City Market : les commerçants en guerre contre la hausse des prix des loyers
Des stands des commerçants en grève fermés, mercredi 26 janvier, au marché dit « Kwa Siyoni ».

Au début de cette année, les commerçants locataires des stands au marché Bujumbura City Market (BCM) ont vu les prix de leur loyer augmenter ostensiblement et ont engagé un mouvement de grève pour contester cette hausse. De son côté, la direction du marché parle plutôt d’un ajustement des prix selon le pouvoir d’achat actuel.

Mardi 25 janvier, la plupart des commerçants au marché BCM dit « Kwa Siyoni » n’ont pas travaillé. Plus de mouvements de va-et-vient de clients. Les ruelles sont désertes. Tout est presque fermé. Différentes échoppes sont cadenassées. La majorité des stands sont vides. Mais les commerçants sont présents. Motif : les commerçants veulent manifester leur colère contre une décision unilatérale de hausse des prix des loyers des stands. Une note signée Sion Nikobiri, directeur général de BCM, est affichée dans différents endroits du marché. D’après les commerçants, le directeur général qui est aussi propriétaire du marché a haussé les prix des loyers jusqu’à 50 %, voire 100 %. « Ce sont des prix que nous ne pouvons supporter », a réagi C. K., un jeune commerçant.

Pour lui, et d’autres commerçants, ce n’est pas interdit de hausser les prix, mais, revoir à la hausse jusqu’à 50 % vient renforcer la précarité des commerçants. Et en plus, déplore-il, il n’y a pas eu une réunion d’explication à l’endroit des commerçants.

Ce commerçant qui payait une somme de 100 mille BIF par mois, va, avec les nouveaux prix, payer une somme de 150 mille BIF. Oeuvrant au marché City Market depuis plus de 4 ans, il confie que c’est la première fois que le propriétaire du marché revoit à la hausse les prix jusqu’à un tel niveau. «Les commerçants n’ont pas la parole ici », renchérit un autre commerçant. Ce dernier mène son business au marché Bujumbura City Market depuis plus de 5 ans. Il affirme que le prix de son loyer est passé de 150 mille à 350 mille BIF. « Cette année la hausse des prix est intenable », se lamente-t-il.

Un autre jeune commerçant dont le prix du loyer est passé de 94 mille à 154 mille BIF ne cache pas sa colère : « Nous sommes maltraités. Comment allons-nous vivre ? » Selon lui, les commerçants ne savent plus à quel saint se vouer. Car, explique-t-il, ils ne sont pas en mesure d’intégrer d’autres marchés et prendre un nouveau départ ferait plus de pertes. «L’endroit ne nous appartient pas, nous allons devoir nous adapter », nuance un autre commerçant. Il considère néanmoins que le propriétaire du marché est en train de faire subir une injustice à ses clients.

Une hausse des prix qui s’ajoute à d’autres dépenses

Robinets pour lavage des mains, une des réalisations supposées à l’origine de la hausse des prix des stands.

Un ancien commerçant de l’ancien marché central de Bujumbura, lui, regrette que son loyer soit passé de 100 mille à 200 mille BIF. D’après lui, le propriétaire du marché a signifié par une correspondance écrite aux commerçants que les nouveaux prix commencent avec janvier 2022. «Où est-ce que nous allons trouver ces sommes d’argent ? Nous avons d’autres dépenses », s’est-il interrogé. D’après lui, en plus des locations des stands, les commerçants paient aussi des impôts à l’Office burundais des recettes, des taxes à la mairie plus la TVA de 18 % par mois. « C’est déjà trop », s’insurgent les commerçants.

Ceux-ci supplient le propriétaire du marché de leur accorder un entretien bien que pour le moment, ils n’aient pas une représentation. Les commerçants demandent aussi avec insistance à leur bailleur, Sion Nikobiri, de revenir sur sa décision : « C’est notre parent, nous sommes ses enfants, les nouveaux prix sont exorbitants, il faut qu’il mette en place une hausse raisonnable. » Selon nos sources, c’est la troisième fois que les prix de location sont revus à la hausse au marché Bujumbura City Market depuis sa création. « Je suis passé de 50 mille à 70 mille BIF pour la première fois, 74 mille à 94 mille BIF pour la 2e fois. Et pour la 3e fois, nous allons payer 154 mille au lieu de 94 mille BIF », témoigne un commerçant.

Les commerçants en grève estiment par ailleurs que le fait de ne pas avoir un comité de représentant aggrave leur situation. Ils reprochent au directeur général de ce marché de ne pas tolérer l’existence d’un comité de représentation des commerçants. Or, observent-ils, tous les commerçants ne peuvent pas s’adresser à leur bailleur en même temps. Ils aimeraient alors que l’autorité habilitée désigne un comité qui suit de près les questions des commerçants. D’après eux, ce n’est pas normal que des commerçants estimés à plus de 5 mille n’aient pas un comité de représentants. Eu égard à la situation économique qui prévaut pour le moment dans le pays et le contexte de la Covid-19, les commerçants en grève estiment illogique le fait de hausser le prix des locations des stands jusqu’à 100 %. Ils demandent alors à leur bailleur, Sion Nikobiri de revoir sa décision et ne décolèrent pas.

La sous-location avancée comme nœud du problème

Certains des commerçants ont même adressé une correspondance à la direction du marché et la réponse a été que rien ne peut être changé. Dans son message, M. Nikobiri avance « beaucoup de travaux » ont été exécutés pour que les commerçants travaillent dans de bonnes conditions et que le marché soit plus attirant. « Maintenant, c’est le moment de payer le crédit contracté pour l’exécution de ces travaux».
A cause de ces travaux, poursuit le propriétaire du marché Bujumbura City Market, la direction s’est retrouvée obligée de revoir à la hausse les prix de location des stands.

Joseph Dukundane : « On a ajusté des prix et on a raisons fondées.»

La direction du marché annoncera dans une conférence de presse du mercredi 26 janvier qu’elle n’a pas haussé les prix, mais qu’elle a par contre ajusté les prix par rapport au pouvoir d’achat d’aujourd’hui. Le commissaire du marché, Joseph Dukundane, explique que les commerçants qui grognent sont des commerçants sous-locataires : « En fait les gens à qui on a octroyé les stands préfèrent faire des sous-locations au lieu d’effectuer le commerce eux-mêmes.» D’après M. Dukundane, le nœud du problème c’est la sous-location. Mais, a-t-il expliqué, les montants exorbitants n’entrent pas dans les caisses de la société Bujumbura City Market, mais plutôt dans celles des commerçants à qui la société BCM a octroyé des stands pensant que ce sont des commerçants. Et de tranquilliser : « Nous sommes en train de voir si on peut prendre des mesures tendant à bloquer ce genre de choses. »

Certaines gens, indique le commissaire, profitent du malentendu pour dire n’importe quoi, car ils ne comprennent pas le mécanisme de fonctionnement de sa société. « On a ajusté les prix et on a une raison fondée », insiste-t-il. Autre raison du changement des prix avancé, c’est l’installation des robinets en cette période de la Covid-19 à l’entrée du marché, l’engagement du personnel dédié à cet effet, un autre chargé de la sécurité, etc. Et pour la direction du BCM, cette société risque de ne pas couvrir ses dépenses, si rien n’est fait. D’après elle, tout a été fait en faveur du client. Car, soutient-elle, il y a même des secteurs du marché où on a fait des réductions jusqu’à 50 %. « Mais personne n’en parle !», s’étonne le commissaire du marché dit « Kwa Siyoni ».

Concernant les allégations selon lesquelles la direction du marché est défavorable à une représentation des commerçants, il les balaie du revers de la main : « Ce manque de représentation n’est pas dû à l’organisation ou à l’administration de la société. Ce sont eux qui doivent choisir leurs représentants. » M. Dukundane attend que les commerçants aillent présenter les représentants. Mais il a averti que la direction ne va pas accepter des représentations sous forme de syndicat : « Nous acceptons une représentation qui permettra de créer un cadre de dialogue où on peut se parler des problèmes des commerçants et essayer de trouver une solution. Pas un syndicat qui viendra donner des ordres.»

Jusqu’à ce mercredi 26 janvier, la plupart des commerçants en grève n’avaient pas encore repris leurs activités.
Le client étant roi, la direction du marché Bujumbura City Market promet de continuer à parler avec ses clients en leur faveur.

Forum des lecteurs d'Iwacu

2 réactions
  1. Haringanji

    Birababaje cane kuko abo benegihugu bariko bariha amadeni yumurengera Siyoni aguma afata yubaka mumazi (zion Beach) ibitatama atabuhinga bukoreshejwe. Nejo azosubira aduze kuko ntaraheza kuko imvura izogwa Tanganyika reduge rusubire rubisambure.

    • Stan Siyomana

      @Haringanji
      None ngaha urafise ivyemeza ko financement ya Zion Beach iva mu mafaranga akura aho muri Bujumbura City Market?
      Iyo Zion Beach imaze kuzura yonyene hari aho yoshobora kuvamwo amahera amadeni yakoreshejwe mu kuyubaka.
      Nko mugihe kwa Siyoni hoba hahurumbirwa n’abadandaza benshi babona bazoharonkera ababashorera benshi, surtout que l’ancien Marché Central n’a jamais était reconstruit, uwugaba kwa Siyoni azosaba loyer gushika kw’ibeyi abona yohava ituma abariho bimuka.
      En général, le client ne s’attend à aucune charité de la part du propriétaire du magasin, donc à son tour le locataire ne devrait pas s’attendre à un acte de charité de la part de celui qui a construit ce marché.
      Dans les affaires, il faut s’habituer au jeu de l’offre et la demande.

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