Jeudi 21 novembre 2024

Société

Bujumbura/Abandon de famille un sociologue, explique

Bujumbura/Abandon de famille un sociologue, explique
La sociologue Dr. Christella-Mariza Kwizera

Certaines femmes dans la ville de Bujumbura se retrouvent à la tête de leur foyer après un départ sans retour de leurs conjoints. Impuissantes face à cette situation, certaines sombrent dans la prostitution pour subvenir aux besoins de leurs enfants. Le Dr Christella-Mariza Kwizera fait un décryptage.

Cette sociologue explique que cela est dû au contexte socioéconomique incertain et à la crise sociale qui en découle. Dr Kwizera pense que les femmes devraient être autonomes pour partager la responsabilité du foyer avec leurs conjoints.

« Ce cas de figure montre deux problématiques de “classe” et de “genre”. L’enquête effectuée dans un quartier en proie à la pauvreté comme Gatunguru met en évidence une population appauvrie, dans un pays où l’économie est chancelante », ajoute-elle.

Sociologiquement, comme l’explique Dr. Kwizera, cette précarité sociale impacte sur les rapports sociaux de genre : les hommes perdent leur pouvoir en tant que “chef de famille” et les femmes, habituellement peu préparées ou reconnues dans le rôle “d’actrice sociale” sont souvent dépendantes de leurs maris. Lorsqu’elles se retrouvent seules, la dépendance initiale vis-à-vis du mari, s’élargit à la communauté.

Par exemple, poursuit la sociologue, dans certaines familles, l’homme ne peut plus assumer sa charge paternelle pour diverses raisons notamment le chômage, la maladie et autre, à ce moment la femme devient l’unique pourvoyeur du foyer, sans qu’elle y soit préparée.

Dr Christella ajoute également que même si la prostitution devient une alternative pour certaines femmes, ce choix a plusieurs conséquences lourdes pour ces dernières à savoir, un cercle vicieux de violences socio-économiques.

Pour cette sociologue, le pays fait face à une crise socioéconomique. Pour ce, il faudrait un partage des responsabilités dans les familles. « Le fait qu’il y ait abandons de famille, est une des manifestations de cette situation intenable ».

Avant, même si la vie était difficile, explique-t-elle, il y avait moyen de compter sur les solidarités familiales. « Une des solutions est que les hommes et les femmes partagent les responsabilités au sein du foyer. Pour cela, les jeunes hommes et filles doivent être prêts et préparés à la vie de couple maritale et ses exigences ».

Dr Christelle suggère également que s’il question d’envisager de vivre avec quelqu’un, homme ou femme, il faut répondre à des questions telles que les moyens disponibles en tant qu’individu, faire une projection sur le modèle de foyer souhaité, planifier le nombre d’enfants.
De plus, le fait que Burundi se retrouve confronté à un défi démographique, il est une raison indirecte à ce fléau de pères démissionnaires et de mères impuissantes, poursuit cette sociologue.

« Le Burundi fait face à une démographie soutenue sans que nous ayons peut-être les moyens suffisants d’assumer ces foyers à venir. Il y a une vingtaine d’années, un salaire, même un des plus bas, permettait de combler la plupart des besoins familiaux. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Maintenant, les femmes ne peuvent plus “être” cantonnées au foyer pour éviter de subir les imprévus de la vie », explique-t-elle.

Dans ce sens, conclut la sociologue, il faut un changement de mentalités et un modèle économique qui permet aux hommes d’assumer leurs responsabilités paternelles en créant des opportunités d’emploi pour les femmes.

Forum des lecteurs d'Iwacu

7 réactions
  1. Le discours est beau mais Madame se noie dans le flou sans donner des pistes concrètes.-

    • Stan Siyomana

      @Kabadugaritse
      D’apres vous, quelles sont ces pistes concretes?

  2. NIZIGIYIMANA Marc

    c’est très malheureux mais ce n’est pas fini les conséquences de la pression démographique au Burundi ne vont que s’accentuer. Le dicto Kirundi dit: « UMUGORE ATANWA ABANA NTATANWA IKIGEGA. » les femmes devraient alors prendre le devant dans la planification et limitation des naissances pour essayer de maîtriser la pression demografiques si non elles sont et seront les premières victimes de ses conséquences.

  3. Ce drame d’abandon du foyer par les hommes est un signe de detresse socio economique. on a vu un tel phenomene dans la Société sud-africaine durant l,apartheid, surtout dans la tranche noire et metisse ou le » single mother » case etait tres courant. Les ouvriers noirs tires des campagnes et amenes travailler dans les mines vivaient en  » lumpen proletariat, naviguant dans la precarite urbaine. Dans une Société avec marginalisation economique d,une categorie de la population,la famille est destructuree, les males deviennent irresponsables, s,approprient les femmes pour leurs besoins charnels mais fuient la responsabilite du resultat de leurs actes.

    • Gacece

      @John
      Dans les années 1950 – 1960, beaucoup d’hommes burundais allaient travailler dans les champs en Ouganda pour avoir de quoi nourrir leurs familles. Leurs femmes et enfants étaient restés au Burundi. Ils pouvaient y passer une longue période (1 an – 2 ans) avant une visite. Ils gardaient contact avec leurs familles : ceux qui rentraient rapporter les nouvelles de ceux qui étaient restés. Et surtout, ils rentraient. Dans la majorité des cas, ceux qui ont choisi de rester en Ouganda étaient les célibataires.

      Même s’il y a une part non négligeable de votre « détresse socio-économique » parmi les causes de ces abandons, un parent (homme ou femme) qui abandonne sa famille, sans dire où il s’en va, s’il va revenir et/ou quand il va revenir, a des problèmes de personnalité.

      • @ Gacece, completement d,accord avec toi sur le « probleme de personalite  » mais comparer la situation actuelle au phenomene de migration  » saisonniere « des burundais en Uganda me semble qque peu « errone ». Les saisonniers burundais partaient avec un objectif: aller en Uganda pour qques mois gagner de l,argent pour se procurer ce dont ils avaient besoin et payer l impot de capitation. Leurs femmes et enfants etaient laisses en de  » bonnes mains » car la grande famille( parents,oncles, freres ….) etaient la et securisaient la fanille du migrant. Le saisonnier burundais en Uganda n,etait pas urbain, il restait « paysan cultivateur » et se comportait comme tel dans les fermes/plantations ou il travaillait en Uganda. A part qques exceptions( imbunuza) tt le monde rentrait apres la saison. Rien de comparable avec ce qui se passe aujourdhui sur l, »irresponsabilite « des hommes qui abandonnent le foyer. C,est tt a fait nouveau au Burundi. cest un phenomene urbain lie a la « detresse « socio economique,la rupture avec la structure faniliale traditionmelle( y compris la famille elargie et la solidarite inherente. Ceci conduit le male qui ne peut plus assumer son role a « deguerpir »,laissant femme et enfants seuls. C,est de la cowardise dirait-on justifiable par comme dit par la »detresse socio economique ».

      • Stan Siyomana

        @Gacece
        1. Vous ecrivez:« un parent (homme ou femme) qui abandonne sa famille, sans dire où il s’en va, s’il va revenir et/ou quand il va revenir, a des problèmes de personnalité… »
        2. Mon commentaire
        Je me souviens que quand il y avait une famine dans une province du nord du pays, il y a eu des cas de parents qui abandonnaient leurs enfants et s’enfuiaient vers les pays limitrophes.

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