Du 17 au 23 février, Bujumbura vibre au rythme du festival de théâtre « Buja sans tabou ». Iwacu vous fait vivre la première soirée de cette 4e édition, au quartier Bwiza, centrée sur l’historique des premiers quartiers de la capitale.
Au bar 5/5, un endroit très couru les lundis, s’était donné rendez-vous, lundi 17 février, les amoureux du théâtre. Il a abrité la première soirée de « Buja sans tabou », le festival de théâtre biennal sous le thème : théâtre et histoire.
Il est 18h au 5/5, quartier Bwiza au centre de la capitale. Le parking est déjà plein. Quelques véhicules à la plaque diplomatique s’aperçoivent. Le public s’est bien installé à l’intérieur, hâte de découvrir l’histoire du quartier Bwiza, depuis l’époque coloniale jusqu’aujourd’hui, à travers le 6e art.
Avant la présentation de la pièce, un homme âgé, qui a vu naître le quartier Bwiza, dans les années 1950, fait un petit briefing au public. Il parle d’une forte communauté congolaise qui habitait ce quartier à ses débuts.
19 heures, c’est l’heure tant attendu. Dans une pièce sombre embellie par un jeu de lumière, les jeunes acteurs de la « compagnie ouf » remplissent la scène dans un geste très rapide : une mère qui tresse les cheveux de sa fille, à proximité les sœurs qui font la vaisselle, la cuisine… Les enfants qui courent, les poules qui déambulent ici et là… Un remake du quartier Bwiza d’aujourd’hui.
Ensuite, les acteurs font un saut dans le temps, en 1910-1915, avec la colonisation, l’époque du Rwanda-Urundi. Dans la peau des Congolais qui se faisaient recruter par les colons au Burundi, les jeunes acteurs plantent le décor de la vie à Bujumbura à l’époque coloniale. Puis remontent dans les années 1950-60, quand le quartier Bwiza est né, et où vivait une forte communauté congolaise. Des jeunes du quartier qui se disputent les putes au bar, qui insultent les Blancs dans un parfait mélange de français, swahili et lingala.
La dernière scène marquera l’indépendance du Congo puis du Burundi. Sur fond de chansons d’indépendance, les danses congolaises et burundaises s’entremêlent pour constituer une parfaite fin de la pièce sous les applaudissements du public.
Un coup de chapeau…
Certains spectateurs se sont perdus à un moment. Ils n’ont pas bien compris l’histoire et la langue, surtout les étrangers présents comme l’ambassadrice des Pays-Bas au Burundi : « Je pouvais sentir les émotions, c’est le plus important. Et l’idée générale de l’histoire. »
Un homme âgé attire l’attention parmi la foule. Il s’est déplacé de Gihosha à Bwiza pour soutenir son fils, acteur. « C’était compliqué de comprendre au début. Mais au fil du temps, j’ai compris que les acteurs décrivaient la vie du quartier Bwiza depuis l’époque coloniale jusqu’aujourd’hui. » Sauf qu’il aurait voulu qu’ils jouent beaucoup plus en kirundi. « J’avais du mal à comprendre ce mélange de français et de lingala… »
C’est le contraire pour une jeune française qui vient d’assister à tout le spectacle. Elle semble s’être bien amusée. « J’ai presque tout compris de l’histoire, c’est vraiment génial, le théâtre burundais », lance, enthousiaste, cette enseignante à une école privée de Bujumbura.
Le festival Buja sans tabou est né en 2014. Son objectif est de célébrer le théâtre en brisant le tabou, d’après Freddy Sabimbona, représentant de Buja sans tabou. « Cette 4e édition est particulière. Nous découvrons l’histoire de la ville de Bujumbura. Les jeunes ignorent l’histoire des quartiers, c’est dommage. Ils ne l’apprennent pas à l’école. » Et d’enchaîner : « Bujumbura a une nouvelle génération qui a soif de savoir comment est né le quartier dans lequel elle a grandi… »
Ce festival verra aussi la découverte des quartiers Buyenzi, Asiatique, Ngagara et Nyakabiga.