Après avoir gagné un procès qui date des années 60, une famille entière s’est retrouvée sinistrée suite à la destruction de tous ses biens par les voisins de la famille vaincue. Ces derniers affirment qu’ils lui ont rendu la pièce de sa monnaie. Ils l’accusent d’avoir non incendié les maisons, détruit les cultures de celle qu’elle veut exproprier et mais aussi blessé grièvement trois personnes dont le chef de colline. <doc3100|left>Maisons incendiées, bananiers coupés et cultures arrachées. C’est ce qui reste des propriétés de deux familles qui vivent à Rwingiri, commune Bugendana. Ces familles s’accusent mutuellement de vouloir s’approprier des biens de l’autre. Selon Yolande Misigaro, 56 ans, ce conflit date des années 1960 où son voisin Laudo Nkurikiye a prétexté que les chèvres de cette veuve ont brouté dans son champ de haricots. Elle indique que depuis ce jour, la famille n’a pas connu de répit jusqu’à ce que M. Nkurikiye intente un procès qu’il n’a pas malheureusement gagné au niveau de la colline. « Du vivant de mes beaux-parents, les litiges concernaient seulement la délimitation de leurs parcelles. Curieusement, après leur mort et celle de mon mari, ce conflit que je croyais mineur est devenu grave. C’est à ce moment-là que j’ai entendu pour la première fois que nous sommes dans leur propre propriété », a-t- elle indiqué. Pour Yolande Misigaro, tout ce qui lui est arrivé est la conséquence de l’injustice de certains juges du Tribunal de résidence de Bugendana. Ils n’ont, d’après elle, jamais voulu l’écouter. Et depuis, victoires et défaites se sont succédé jusqu’à la Cour suprême à Bujumbura pour ces deux familles qui se regardent en chiens de faïence. <doc3101|right>Après 26 ans, le Tribunal de résidence revient à Rwingiri «En 1986, nous avons été convoqués à Bugendana. Mais à chaque comparution, le juge Ntibandetse nous ordonnait de sortir. Après des années, le tribunal nous a signifié que nous étions des usurpateurs et que nous devions quitter les terres dans les meilleurs délais », ajoute Yolande Misigaro. Blessés dans leur amour propre, Yolande et son mari (de son vivant) ont pris le chemin du Tribunal de grande instance de Gitega où ils ont battu Laudo Nkurikiye et sa femme Thérèse. Ces derniers, à leur tour, ont saisi la Cour suprême. « A ma grande surprise, c’est le jugement du Tribunal de résidence de Bugendana que cette instance a appliqué pour nous exproprier », se plaint-elle. Des voisins jusqu’aux anciens qui vivent dans cette localité, tous se disent indignés par cette justice qu’ils qualifient de partiale. Pour beaucoup, les juges devraient prêter attention à des témoignages de ceux qui habitent la colline Rwingiri. « Faux », rétorque Thérèse Nkurikiye qui indique que ses voisins sont jaloux de leur richesse. « Nombreux sont ceux qui n’ont pas apprécié que mon mari hérite des biens de son beau- père. Ils étaient près à venir se partager les parcelles de mon père au motif que la fille n’hérite pas », se défend Thérèse Nkurikiye. Interrogés sur cette affaire, les voisins donnent raison à Yolande Misigaro. Idem pour Josias Mbuzenakamwe, administrateur de la commune Bugendana. « Est- ce que ces magistrats connaissent la vérité plus que nos parents qui sont nés ici ?» s’est interrogé, pour sa part, un responsable administratif à la base sous couvert d’anonymat. Le gouverneur de Gitega et le président de la Cour d’appel de Gitega ont récemment rencontré les responsables locaux et les membres de ces deux familles pour écouter leurs doléances. Le premier a ainsi, le 7 février 2012, écrit au président du Tribunal de grande instance de Gitega une lettre dont l’objet est la suspension provisoire de cette mise en application pour le rétablissement de l’ordre public. De même, une position policière a été installée sur la colline Rwingiri pour parer à toute éventualité.