La commune Bugendana, en province Gitega a été durement touchée par une crise ethnique. La population, toutes les tendances confondues, se dit inquiète des propos irréfléchis à caractère ethnique tenus par certains. L’administration se dit active pour la stabilité et appelle à préserver la cohabitation pacifique et la réconciliation.
Selon un habitant de Bugendana, des propos irréfléchis se basent surtout sur l’appartenance ethnique. Selon lui, si une mésentente éclate, des Hutu et des Tutsi peuvent s’accuser. Il explique que l’affiliation à des partis politiques est souvent source de conflit. « Des partisans du parti au pouvoir et de l’opposition ne s’entendent pas. Ils s’accusent mutuellement selon leurs convictions politiques ».
D’après lui, les auteurs de ces propos irréfléchis agissent sous l’effet de l’alcool et par des blessures émotionnelles du passé encore béantes. « La vérité sur les crimes du passé n’est pas encore connue. Si la vérité n’est pas encore connue, chacun exprime sa souffrance personnelle. Je pense que les gens auront du temps à en parler pour être guéris ».
D’après lui, les conséquences sont néfastes. En cas d’incident, ils se constituent en groupes antagonistes. Cette situation, constate-t-il, donne l’impression que les Hutu et les Tutsi veulent en découdre. « Avec la méfiance, le spectre du passé plane. Des accusations mutuelles surgissent. Les membres de la composante hutu sont taxés de meurtriers par les tutsi et vice-versa ».
Pour éviter l’irréparable, il appelle à la prudence. Il explique que le temps des divisions, de méfiance et de suspicion entre ethnies est révolu. C’est la place au dialogue et à l’unité. « En cas de conflit, la responsabilité est individuelle. Pas question de globalisation. Il faut tourner sept fois la langue avant de parler. Il explique que le temps des divisions, de méfiance et de suspicion entre ethnies est révolu. Nous devons utiliser un langage pacifiste et unificateur », insiste-t-il.
Préserver l’unité
Même lecture chez une habitante de la commune Bugendana. Pour elle, nous devons utiliser un langage pacifiste et unificateur. « Celui qui tient des propos irréfléchis dans une communauté meurtrie par des crises ethniques vise à commettre un crime. C’est-à-dire qu’il peut passer à l’acte et commettre l’irréparable. »
Pour elle, les membres de groupe hutu et ceux du groupe tutsi se sont entretués. Cette femme de l’ethnie hutu explique avoir perdu sa mère et sa grande sœur dans cette barbarie. Elle reconnaît également que des Tutsi ont été victimes. D’après elle, on doit éviter l’esprit de vengeance pour sauver le pays.
Dieudonné Habonimana, conseiller de l’administrateur de Bugendana chargé des questions sociales, déplore que certains tiennent des discours irréfléchis à caractère ethnique dans une commune durement touchée par des crises. Il parle d’un contexte particulier qui est la période pré et post-électoral. « Par exemple, les chansons de propagande des partis peuvent contenir des propos haineux. Cela peut mettre à mal la cohabitation ».
D’après lui, si ces messages sont tenus, la cohabitation devient difficile. Les esprits qui étaient stables se réchauffent avec le risque, dit-il de retour des situations du passé. Il constate que la réconciliation est mise en cause et des violences peuvent éclater. « La réconciliation, la cohabitation pacifique et l’unité deviennent impossibles et utopiques ».
M. Habonimana explique que les motivations de la tenue des messages irréfléchis à caractère ethnique sont multiples. Il cite notamment des crises cycliques qu’a connues le Burundi, la poursuite des intérêts des uns et des autres, etc. Pour lui, aucun avantage ne vient des divisions dans une communauté.
Cet administratif appelle ses compatriotes à préserver la paix et la cohabitation pacifique. « Nous devons nous abstenir de tout langage haineux et violent. Ce genre de messages blesse les gens et pour certains, c’est comme remuer le couteau dans la plaie. Nous sensibilisons des gens pour tenir des messages de paix et de réconciliation afin de bâtir une société saine et meilleure », conclut-il.