L’administration provinciale envisage de multiplier les séances de sensibilisation pour faire baisser la tension. Toutefois, les défenseurs des droits de l’Homme manifestent leur pessimisme.
<doc5061|left>Tout remonte au 17 août vers 18 heures lorsqu’un membre de la communauté Twa, qui participait à une fête familiale, a été grièvement blessé par un Hutu. C’est dans le secteur de Gahogore, zone Gasenyi, commune Buganda que se déroule l’incident. D’après une source locale, les Batwa, voulant se venger, ont fait irruption dans le ménage de la personne qui venait de battre un des leurs et ont pris deux chèvres par la force. "Elles devaient servir pour payer les frais d’hospitalisation de la victime", précise-t-elle. D’après les informations collectées sur place, les Batwa et les Bahutu se regardent pour le moment en chiens de faïence.
Du côté de la communauté Hutu, la colère est à son comble. Pierre Nahimana prône la séparation des deux communautés : « Les Batwa ne doivent plus utiliser les voies de notre localité. La borne fontaine de la localité ne sera plus partagée avec eux.»
Toutefois, des voix de réconciliation et d’apaisement se rencontrent dans les deux communautés. Lazare Nzeyimana, un Hutu, affirme que cet incident ne devrait en aucune façon raviver les tensions entre ces deux ethnies. Il appelle plutôt à renforcer les bonnes relations qui ont toujours caractérisé les habitants de cette localité. Daniel Sindabatura, un Mutwa, conseille aux membres de son ethnie de vivre en harmonie avec les Bahutu : "Bien que les relations entre nos deux communautés soient tendues, nous devrions privilégier une coexistence pacifique."
L’administration dans le collimateur des Batwa
Les Batwa accusent l’administration de partialité lorsque des heurts éclatent avec les Bahutu. Cette dernière balaie d’un revers de la main toutes ces accusations. Le gouverneur de la province de Cibitoke, Anselme Nsabimana, assure que l’administration est au service de toutes les couches de la population. D’après lui, des séances de sensibilisation vont-être organisées pour prévenir des cas de vengeance.
Même son de cloche du côté de Modeste Nteziryayo, chef de secteur de Gahongore. D’après cet administratif, les communautés Twa et Hutu devront nécessairement cohabiter ensemble. Selon lui, chaque être humain est une création divine et personne ne devrait être victime de son appartenance ethnique.
Toutefois, le commissaire de police, Jérôme Ntibibigora, interpelle l’administration de ne pas prendre cette question à la légère. Les activistes des droits de l’Homme, quant à eux, craignent un regain de violence entre les deux communautés. Pour preuve, ils donnent les exemples des cas d’assassinat qui ont déjà emporté la vie de 3 membres de la communauté Batwa dans les communes de Murwi, Bukinanyana et Rugombo. Ils appellent la population à œuvrer pour le strict respect des droits de l’Homme.
Il est à noter que les conflits fonciers et la recherche des terrains aurifères sont souvent à l’origine de la mésentente entre les deux communautés.