Les chrétiens de l’Eglise Adventiste du 7ème jour de Buganda déplorent le comportement du représentant légal évincé. Ils lui reprochent d’avoir perturbé la croisade organisée samedi dernier. Le président de cette mission appelle ces chrétiens à ne pas céder à la provocation.
Samedi 27 juillet. Il est 11 heures. Lors de la prière à l’Eglise Adventiste du 7ème jour au siège de la mission du Nord-Ouest du district évangélique de Buganda, en province de Cibitoke, une armada de policiers débarquent sur les lieux.
Les chrétiens sont à quelques 150 m de l’église dans un endroit bien aménagé. Une croisade bat son plein. Les chrétiens ne sont pas dérangés. Ils continuent leur prière.
Après quelques minutes, des fidèles, venus de Bujumbura, conduits par l’ex-représentant légal, Joseph Ndikubwayo dernièrement chassée de cette église, font irruption.
«Ils viennent se joindre à nous. Le pasteur Ndikubwayo a une mission d’évangélisation», murmurent quelques chrétiens présents à la croisade. Pas du tout. Le pasteur et ses fidèles se dirigent plutôt vers l’église.
Un jeune, parmi les chrétiens venus de Bujumbura, défonce les portes de l’église. Ils entrent dans l’église. Ils veulent investir le pasteur déchu. Coup de tonnerre. Les chrétiens de Buganda interrompent la prière. Au rythme des chants, ils se dirigent vers le groupe. Le risque d’affrontement est réel. La police intervient vite. L’irréparable est écarté.
Par après, le pasteur et son groupe tentent de défoncer les portes des bureaux de la mission mais la police les en empêche. Ils ont tenu la réunion sous un arbre où le pasteur a mis en place les nouveaux organes dirigeants de la mission de Buganda.
Alfred Nshimirimana, chargé de la communication dans l’église de Buganda, et qui suit de près les événements, indique que les chrétiens ont gardé le calme. «Les chrétiens sont restés tranquilles et ont continué à prier».
Les adventistes, tient-il à rassurer, respectent scrupuleusement les décisions prises par les organes dirigeants. Il dénonce le comportement du pasteur. « Je tiens à vous préciser que deux représentants, le responsable de la mission et son secrétaire exécutif, qui avaient été nommés par Joseph Ndikubwayo, ont tous rejeté l’offre après son départ».
Les chrétiens se disent choqués
«Il est en perte de vitesse. Et il veut user de la force. Nous n’avons pas peur. Nous gardons notre foi. Personne ne va le suivre», s’indigne un des chrétiens.
«Il est étonnant qu’un pasteur viole les lois », lâche un autre fidèle. Et de rappeler qu’il est interdit de faire des activités le jour du sabbat. «Il disait qu’il est venu pour une mission d’évangélisation. Et voilà, il perturbe la croisade», s’étonne-t-il.
De son côté, M.B. un pasteur rencontré sur le lieu, ne cache pas sa colère. Il fait savoir que le pasteur Ndikubwayo soutenu par le ministre de l’Intérieur avait mobilisé l’administration provinciale et les forces de sécurité pour mettre en place les nouveaux organes dirigeants de cette mission.
«On ne peut pas tolérer son comportement. Qu’il aille fonder sa propre église».
Elias Ndayikengurukiye, un autre chrétien, dénonce les agissements du pasteur déchu et son équipe. « Nous n’accepterons jamais les dirigeants tombés du ciel ». Il trouve aberrant de voir un pasteur remercié s’arroger le droit de nommer et de mettre en place des organes dirigeants en violation des lois régissant l’église.
Il demande au ministère de l’Intérieur de respecter la décision prise par les pasteurs. Et de marteler : « Ledit ministère devrait plutôt l’interpeller et l’arrêter pour qu’il cesse de perturber l’église».
« Que ce pasteur déchu cesse de torpiller les activités de l’église », s’indigne Célestin Niyonkuru. Il interpelle l’administration de faire respecter la loi. « Il n’appartient pas à ce pasteur de nous choisir et de nous imposer les dirigeants ».
« Qu’ils restent soudés »
Siméon Niyorugira, président de la mission de Buganda, déplore la situation et dit que le pasteur était mal intentionné. Il tranquillise les chrétiens et leur demande de continuer à prier dans le calme et de respecter les lois et les responsables de l’église. « L’église appartient aux chrétiens et non à un individu».
Et de rassurer que les chrétiens sont tranquilles. « Ils savent que l’église sera toujours en face des épreuves jusqu’au retour de Jésus Christ. Qu’ils restent soudés, sereins ».
Il interpelle ceux qui sont en train de salir l’église affirmant qu’elle est contre les projets du gouvernement de se ressaisir. « Notre église aide et accompagne le gouvernement dans toutes ses actions ».
Il remercie les forces de défense et de sécurité d’avoir fait preuve de professionnalisme et de neutralité. Néanmoins, il regrette que dans ce conflit le ministère de l’Intérieur a écouté une seule partie.
De son côté, Rubin Tubirabe, conseiller économique du gouverneur, qui était sur les lieux, n’a pas voulu commenter sur les incidents. Il interpelle plutôt les responsables de l’église adventiste de respecter la loi régissant les confessions religieuses et la décision du ministère de l’Intérieur.
Contacté à propos de ces agissements, le pasteur Joseph Ndikubwayo s’est gardé de tout commentaire.
Rappelons que la crise de leadership au sein de l’Eglise adventiste du 7è jour date de novembre 2018. Le pasteur Joseph Ndikubwayo, représentant légal de ladite église, a été destitué par la conférence générale adventiste pour manquements graves dans la gestion de l’Eglise.
Signalons également que 106 pasteurs (sur un total de 132) qui soutiennent Lamec Barishinga, nouveau représentant, se sont confiés en avril dernier, à l’Ombudsman pour lui demander de résoudre ce conflit de leadership.