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Buganda : contribution obligatoire pour construire un stade

05/05/2013 Commentaires fermés sur Buganda : contribution obligatoire pour construire un stade

C’est une décision irrévocable prise par la direction provinciale de Cibitoke. Chaque fonctionnaire ou commerçant est obligé de verser une contribution pour achever sa construction. Ces derniers qualifient cette mesure d’arbitraire.

<doc3791|right>Plus d’un milliard de Fbu manque pour terminer les constructions du stade de Buganda. De ce fait, lors d’une réunion tenue le 3 avril 2012 avec les chefs des services des différentes institutions, le gouverneur de province de Cibitoke leur a expliqué la nécessité de donner leur contribution. C’est ce que raconte, sous anonymat un des chefs de service qui a participé à la dite réunion.

La source précise que les montants à payer varient entre 10 mille et 1 million de francs, selon les catégories des fonctionnaires, des commerçants ou des soldats, natifs ou pas mais œuvrant dans la province : « Quelques jours après la réunion, une lettre nous a été adressée, nous demandant d’envoyer à la direction provinciale la liste de leur personnel. » Attitude qu’il qualifie d’{harcèlement} : « Je me dis que dans de telles situations la contribution ne devrait pas être obligatoire.» Bien plus, il trouve que la somme exigée est excessive, vu la situation économique du pays : « La construction d’un stade n’est pas une priorité aujourd’hui, au moment où les gens meurent de faim. Nous ne parvenons même plus à joindre les deux bouts du mois avec notre salaire.»

« Il fallait prévoir un budget suffisant »

Même son de cloche chez les enseignants, infirmiers, magistrats etc.  « Quand on demande une contribution, on ne fixe pas le montant. Chacun contribue selon ses moyens, surtout s’il le veut », se lamente un des magistrats. Trop pour ce juriste, qui se rappelle qu’il y a peu de jours, ils ont été obligés de donner 5 mille Fbu pour construire les bureaux abritant cette même direction provinciale : « Où allons-nous trouver encore d’ argent ?» Par ailleurs, selon ce magistrat, un projet de développement comme la construction d’un stade, devrait être bien analysé et étudié par le gouvernement au lieu de contraindre la population à payer malgré elle : « On doit plutôt prévoir un budget suffisant pour cela.» Il voit en cette contribution forcée, une connotation politique : « Si tu refuses de le faire, on te taxe d’être contre le parti au pouvoir et tu t’exposes à des menaces, à des mutations ou autre chose.» Il affirme en outre, qu’il n’est pas contre la construction de ce stade : « Une personne censée se serait pas contre le développement. Seulement, la vie est devenue chère.»

Finaliser les travaux, coûte que coûte

Selon Egide Ngendambizi, conseiller principal du gouverneur, les travaux de construction doivent se terminer au début du mois de juin. Le stade sera présenté parmi les œuvres du cinquantenaire le 1er juillet (50ème anniversaire de l’indépendance du Burundi) : « Il y a un mois, nous avons remarqué que les travaux n’avancent pas, faute de moyens. Nous avons alors décidé, dans une réunion avec les natifs de la province, de demander la contribution à notre population. » Logique, pour le conseiller, que des gens soient obligés de contribuer : « Il n y a aucune raison de ne pas donner d’argent pour celui qui est en capable. Tout citoyen a des droits mais aussi des devoirs à accomplir envers son pays.» Et de souligner que les montants fixés comme contribution tiennent compte des moyens financiers de ceux qui vont les payer.

Néanmoins, M. Ngendambizi ne parvient pas à estimer l’argent qui sera collecté lors de ces contributions : « Si jamais les recettes dépassent 1.400.000.000Fbu, le reste sera affecté à d’autres projets. Une équipe de gestion s’en chargera. »

Les contributions exigées, selon le chef de service, présent dans la réunion, qui a requis l’anonymat :
administratifs et commerçants
– ADG : 500.000FBU
– DG : 300.000FBU
– Chef de Service : 50.000FBU
– Directeur d’un département : 30.000FBU
– Licencié : 20.000FBU
– Niveau secondaire : 10.000FBU
– Administrateur : 30.000Fbu
– Infirmier : 20.000Fbu
– Magistrat : 20.000Fbu
– Homme d’affaires : 1.000.000Fbu
– Grand commerçant : 200.000Fbu
– Petit commerçant : 10.000Fbu

Militaires 

– Général : 250.000Fbu
– Colonel ou lieutenant Colonel : 250.000Fbu
– Major ou Commandant : 100.000Fbu
– Sous officier ou Brigadier : 30.000Fbu
– Ménage : 1000FBu

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