Dans un atelier de restitution à l’exécutif des travaux de contrôle de l’action gouvernementale en rapport avec le budget 2023-2024 organisé par l’Assemblée nationale, ce 22 mai, des intervenants ont apprécié la mise en place de la réforme budget-programme. Pour sa réussite, certains recommandent des renforcements des capacités dans les ministères.
« J’ai des inquiétudes par rapport à la mise en œuvre du budget programme, car cela nécessite que les ministères sectoriels aient des compétences suffisantes. S’ils ne sont pas prêts, les résultats attendus ne seront pas atteints », fait savoir le député Olivier Suguru. Pour lui, il faut que des formations, des séances de sensibilisation et du renforcement des capacités soient organisés dans les ministères pour la réussite de cette réforme.
Ce président de la chambre fédérale du commerce et de l’industrie (CFCIB) propose que le budget-programme prenne en considération le rôle du secteur privé et améliore le climat des affaires : « Le budget programme serait une peine perdue s’il n’y a pas l’amélioration du climat des affaires. Le secteur privé est l’un des piliers du développement ».
Pour la députée Aline Inamuco, il faut que le budget-programme inclue l’assurance pour les agriculteurs et les éleveurs : « L’agriculture et l’élevage sont la base de développement au Burundi. Lorsque l’agriculteur investit dans ce secteur, il faut que ses champs soient assurés, car ils peuvent être détruits par des catastrophes naturelles ».
Le député Dieudonné Hiboneye propose que les stratégies de mobilisation des fonds et la place du partenariat public-privé soient claires dans le budget-programme. Il demande que la fiscalité communale soit bien organisée pour que le budget général de l’Etat soit largement financé par les recettes internes.
Concernant la traçabilité des recettes communales, le ministre de l’Intérieur, Martin Niteretse, déplore un certain chevauchement entre les communes et l’Office burundais des recettes (OBR) dans la perception des taxes, ce qui résulte parfois à la double taxation : « Cela est interdit par la loi. Plus il y a plusieurs percepteurs, plus la traçabilité est difficile. Il faut une norme pour standardiser la fiscalité communale. Nous verrons ensemble avec l’OBR comment réorganiser la perception des recettes dans les communes ».
Il rassure que le ministère de l’Intérieur aille bientôt procéder à la digitalisation de la fiscalité communale : « Nous avons déjà conçu un logiciel. Il reste l’établissement des mécanismes de la mise en œuvre ».
Selon le président de l’Assemblée nationale, Daniel Gélase Ndabirabe, le budget programme permettra aux législateurs de contrôler facilement l’action gouvernementale : « L’évaluation et la traçabilité des fonds seront faciles. Ce sera désormais question de chiffres. Même les détournements seront facilement trouvés. Tout sera bien détaillé pour voir les résultats atteints ou non atteints et l’argent dépensé ».
Et de souligner que le budget programme sera axé sur les résultats concrets, la pertinence et la crédibilité, ce qui facilitera la mobilisation des fonds auprès des partenaires financiers.
Le président de la République, Evariste Ndayishimiye, a récemment fait savoir que tous les ministères et autres institutions publiques devront adopter la réforme de budget-programme, avec le budget général de l’Etat exercice 2023-2024. Le budget-programme consiste en une budgétisation préalable de toute activité qui sera exécutée par les institutions étatiques.