Fin mai l’entreprise Buceco a limogé au moins 75% de ses employés. Les travailleurs dénoncent un licenciement infondé.
« J’ai été renvoyé fin mai sans aucune raison», regrette R.N., un ancien chauffeur de Burundi cement company (Buceco), lundi 26 juin. Il explique que l’administration de l’entreprise l’a mis au chômage technique début janvier 2017 en invoquant la pénurie du carburant et surtout le manque de devises pour l’importation des matières premières.
Il reproche au directeur général de l’entreprise Emery Arakaza d’opter pour une politique divisionniste : «Il accorde indûment des avantages à ses proches, aux employés kenyans et ougandais. » Et de faire remarquer que son salaire était de 150.000 Fbu alors qu’un chauffeur kenyan touchait 2.000.000 Fbu.
R.N. indique que 19 chauffeurs sur 25 ont été limogés, notamment les chauffeurs des camions et des bulldozeurs. Il juge insuffisantes les indemnités de préavis : «Deux mois de salaire, c’est peu pour un employé sous contrat à durée indéterminée avec sept ans d’expérience.» Ainsi, il demande au propriétaire de l’entreprise de se saisir de cette question et de réintégrer dans leurs emplois ceux ont été licenciés injustement.
J .M. électricien, limogé, dénonce une chasse aux sorcières. Il soutient que ceux qui ont dénoncé le vol du carburant, la mauvaise gestion des ressources financières et la disparité salariale ont été tous renvoyés. Il précise qu’il a déjà déposé une plainte auprès des instances judiciaires contre la direction de l’entreprise.
Il signale qu’il a été mis au chômage technique pour une période de six mois. Avant que cette période ne s’épuise, souligne-t-il, la direction lui a signifié qu’il a été renvoyé définitivement. Il dénonce ainsi le manque de respect de la loi. De surcroît, il fustige que «l’entreprise ne paie pas les frais des heures supplémentaires, depuis 2015. »
« Mauvaise gestion » à l’origine du licenciement
«J’ai du mal à faire vivre ma famille» se plaint A.N., technicien de générateurs de Buceco. Il confie qu’il gagnait 8.000 Fbu par jour jusqu’en 2015. « Mon salaire a été ensuite réduit à 5.000 Fbu, sans aucune explication.» Il indique qu’il a travaillé plus de trois ans sans contrat, ce qui l’a empêché de recevoir les indemnités de préavis.
Il déplore la manière dont ils ont été limogés: «La direction de la compagnie n’a pas averti ses employés pour qu’ils se préparent au licenciement.» Et il fustige « des critères subjectifs de licenciement. »
Selon un cadre de la Buceco ayant requis l’anonymat, l’origine de ce licenciement est due à une mauvaise gestion des ressources financières, matérielles et à l’incompétence des techniciens kenyans et ougandais qui touchaient des salaires très élevés par rapport à leurs collègues burundais. Elle estime que plus de 75 % des effectifs de l’entreprise ont été licenciés. Notre source indique que ceux qui œuvraient au niveau des concasseurs, des « rawmill » (équipements utilisés dans le broyage de matières premières et de produits finis dans la cimenterie) et des fours ont été limogés. «Malgré ces licenciements, le niveau de production n’a pas changé.» Désormais l’entreprise importe le « clinker » (produit de la cuisson des principaux constituants du ciment), la principale matière première, explique-t-il, qui était auparavant fabriquée localement. Et de faire remarquer que le directeur général a lui aussi été remercié.
Contactée, la direction de l’entreprise a refusé de réagir, tout en reconnaissant qu’un nombre conséquent de ses employés a été licencié.
Attention ! Les temps changent comme le dit la chanson de je ne sais plus qui. Peut-être le tour du Burundi arrivera :
http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2017/07/12/bresil-l-ancien-president-lula-condamne-a-neuf-ans-et-demi-de-prison-pour-corruption_5159746_3222.html