Lundi 23 décembre 2024

Archives

Bubanza : une indemnisation détournée

05/05/2013 Commentaires fermés sur Bubanza : une indemnisation détournée

Les habitants dont les parcelles ont été expropriées pour la construction d’un barrage, accusent les membres du comité d’indemnisation d’avoir facilité le détournement de leur argent. La Brigade anticorruption s’est saisie de l’affaire.

<doc5729|left>Colline Gahongore, en commune et province Bubanza. Claudine Nshimirimana, l’une des propriétaires expropriés, n’y va par quatre chemins : « Les membres du comité d’indemnisation se sont partagés notre argent ».
L’affaire remonte à janvier 2010. Le gouvernement du Burundi, à travers le ministère de l’Agriculture et de l’élevage, débute un projet de construction d’un barrage dans la localité de Rugunga. Ce barrage est prévu pour irriguer 3000 hectares de riz dans la plaine de l’Imbo grâce à la rivière Kajeke.

Ce barrage occupe 27 mètres de profondeur sur 234 mètres de largeur. Un terrain de 87 hectares, près de la rivière Kajeke, est saisi pour les travaux de construction de ce barrage. Le ministère de l’agriculture leur promet des indemnités. Un comité d’indemnisation piloté par Venant Ntegeye est mis sur pied.

Le détournement

Deux ans après, le ministère de l’Agriculture et de l’Élevage tient sa promesse. Les indemnités commencent à être distribuées au mois de septembre dernier. Coup de théâtre. Arrivés à l’Interbank où ils doivent percevoir leur dû, certains propriétaires découvrent avec stupéfaction que leur argent a déjà été retiré par d’autres personnes qui ont usurpé leur identité.
Ils se plaignent auprès de Nicodème Nkurunziza, administrateur communal de Bubanza, sans succès. Ce qui les choque le plus, c’est qu’ils apprennent que les voleurs avaient de nouvelles cartes d’identité avec les noms des vrais propriétaires. « Ce qui est bizarre, c’est qu’ils les avaient reçues soit le même jour, soit la veille de la paye de la part de l’administrateur communal », assure Claudine Nshimirimana. Après ce détournement, cette veuve de cinq enfants soutient que l’administrateur communal de Bubanza lui a rétorqué qu’il ne pouvait rien pour elle : « Il m’a dit d’aller attendre à la maison. »

Actuellement, se plaint-elle, elle ne sait plus à quel saint de vouer. Elle ne sait plus comment nourrir ses enfants. Ses cultures et sa maison ont été détruites lors de la construction du barrage et les 1.241.939 Fbu et 561.711Fbu qu’elle devait avoir pour la 1ère et la seconde parcelle expropriées, ont été volés.

Promesse d’une solution

Ce cas est partagé par plusieurs habitants rencontrés à Gahongore. Ils demandent à l’administrateur communal et au chef du comité d’indemnisation de tout faire pour que leur argent leur soir rendu.
Nicodème Nkurunziza tranquillise ces gens et indique qu’une solution sera bientôt trouvée. Il signale que la brigade anticorruption s’est déjà saisie de cette affaire : « Les enquêtes sont en cours et plusieurs personnes ont été attrapées. Elles ont déjà remis les sommes aux vrais bénéficiaires. »

Selon lui, ces enquêtes vont se poursuivre pour que toutes les 728 familles de la colline Gahongore puissent percevoir leurs indemnités comme promis. À la question de savoir comment ces usurpateurs sont arrivés à figurer sur la liste des vrais bénéficiaires, le numéro un de la commune Bubanza nous a renvoyé au président du comité d’indemnisation.
Iwacu a contacté, à plusieurs reprises, Venant Ntegeye, le président de ce comité mais en vain.

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

Que la compétition politique soit ouverte

Il y a deux mois, Iwacu a réalisé une analyse de l’ambiance politique avant les élections de 2020 et celles à venir en 2025. Il apparaît que la voix de l’opposition est presque éteinte. Il n’y a vraiment pas de (…)

Online Users

Total 3 350 users online