Des membres des partis de l’opposition à Bubanza sont contraints d’adhérer au parti présidentiel. Les auteurs de ce recrutement seraient les Imbonerakure. Le président du Cndd-Fdd nie toutes ces allégations et parle d’un montage.
<img5282|left>Des habitants de Bubanza, essentiellement ceux de l’ADC-Ikibiri sont sommés d’adhérer au parti Cndd-Fdd. Certains se sont déjà exécutés, mais d’autres résistent toujours. Ces derniers vivent la peur au ventre. Sous couvert d’anonymat, ils affirment que la date butoir d’adhésion est le 22 septembre 2012.
B.F. de Bubanza révèle que le recrutement forcé a commencé au début de ce mois: «Des Imbonerakure et responsables collinaires du Cndd-Fdd passent par chaque maison pour nous intimider. Les communes les plus touchées sont Mpanda et Gihanga.» D’après ce père de trois enfants, ils leur expliquent que celui qui n’adhérera pas publiquement au part, ce samedi, sera tué ou emprisonné. Notre source témoigne que les cérémonies officielles d’accueil seront organisées à Rubira, en commune Mpanda, dans localité où étaient cantonnés les anciens combattants d’Agathon Rwasa.
C.M., une quadragénaire de Bubanza affirme que les jeunes Imbonerakure l’ont exigé, à plusieurs reprises, de quitter le FNL pour appartenir au Cndd-Fdd. « Ils m’ont donné le T-shirt de leur parti, mais j’ai refusé de le porter », confie-t-elle. Cette mère de deux enfants parle de listes déjà préétablies : « C’est une sorte de recensement, au niveau de chaque colline ou village, des gens qui ont refusé d’épouser l’idéologie du Cndd-Fdd.»
M.A., un autre habitant de la même province reconnaît ce recrutement forcé. Pour lui, les Imbonerakure, armés de grenade, commencent à battre la campagne vers 15 heures et terminent à 18 heures. «Ils intimident les membres de l’ADC-Ikibiri partout où ils les croisent, même au marché », soutient-il.
Pour lui, tous les administratifs sont au courant de cette situation, mais ne font rien. Il se demande pourquoi un parti ayant remporté les élections est obligé d’avoir recours à la force et à l’intimidation pour recruter de nouveaux membres. Par ailleurs, racontent les fidèles d’Agathon Rwasa, leur existence ne devrait pas inquiéter les membres du parti au pouvoir, puisqu’ ils nous disent que notre patron nous a trahi et a pris fuite. Nos sources affirment qu’elles ne vont pas quitter leurs formations politiques. Elles s’inquiètent de cet acharnement au moment où elles ne perturbent pas la sécurité au niveau de la province. Ces personnes estiment qu’elles ne sont pas protégées. Et de demander au gouvernement et à la communauté internationale de s’occuper de leur sécurité, car après le congrès de Rubira, ils seront en danger de mort.
Un membre du Cndd-Fdd confirme les faits
R.I., un habitant de Bubanza accuse sa formation politique d’avoir un plan d’intimidation et d’élimination. Il affirme que cela est organisé par les responsables du parti dans chaque secteur en collaboration avec les Imbonerakure : « Ils nous ont exigé de recruter au moins mille membres sur chaque colline. » Pour y parvenir, explique ce militant du parti présidentiel, ils doivent intimider par tous les moyens ceux qui sont regroupés dans l’ADC-Ikibiri. « Nous sommes contraints de le faire parce que celui qui ne s’exécute pas est immédiatement soupçonné de rouler pour un autre parti. Même les administrateurs sont au courant », explique-t-il. Pour lui, le discours de Pascal Nyabenda à Makamba porte confusion : « Il a catégoriquement rejeté ce recrutement forcé, alors que c’est le parti qui a élaboré ce plan. Pourquoi les autorités administratives et policières ne nous arrêtent-elles pas alors ? »
Interrogé par Iwacu sur ces accusations, Pascal Nyabenda, président du Cndd-Fd, parle d’un montage. Toutefois, il s’est gardé de tout commentaire sur d’autres questions.