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Bubanza : rebelles ou prisonniers politiques ?

05/05/2013 Commentaires fermés sur Bubanza : rebelles ou prisonniers politiques ?

Trois personnes sont sous les verrous à Bubanza. Elles sont accusées d’être de mèche avec les hommes armés alors que le gouvernement affirme qu’il n’y a pas de rébellion au Burundi.

<doc4272|right>Depuis le 22 dernier, Alexis Manirambona, enseignant à l’école primaire Bubanga, est sous les verrous. Les membres de sa famille affirment qu’il est accusé d’avoir tenu une réunion pour collecter des vivres destinés aux combattants qui se retranchent dans la Kibira. D’après des témoignages recueillis auprès de sa famille, le 03 mai de cette année, Alexis Manirambona rend visite à son ami Augustin Kubwimana à Ruce en commune Rugazi. Il y passe une nuit. Le matin, raconte U.H, un proche d’Alexis Manirambona, ce militant du FNL d’Agathon Rwasa se présente comme d’habitude à son service. Néanmoins, il ne parvient pas à dispenser son cours. « Il souffrait de la conjonctivite», indique U.H. Selon cette source, le directeur lui accorde la permission d’aller se faire soigner.

Paradoxalement, le 6 mai, selon des sources proches de la famille d’Alexis Manirambona, l’administrateur et le chef de zone Ruce tiennent des propos selon lesquels cet enseignant a été tué dans la Kibira : « Ces deux autorités demandaient à la population d’aller l’enterrer sans préciser où se trouve le cadavre », explique un habitant de la commune Rugazi.

Et le 16 du même mois, ce fidèle d’Agathon Rwasa apprend que le commissaire de police à Bubanza veut l’arrêter. Au même moment, une fouille perquisition est organisée à son domicile et chez Zacharie Nsabuwanka, son père. « On l’accusait d’être de mèche avec les combattants qui sont dans la Kibira, mais rien n’a été trouvé chez lui», témoigne M.T, voisin d’Alexis Manirakiza.

Recours à l’Aprodh

Le lendemain, selon toujours la famille d’Alexis, il sollicite l’intervention de l’APRODH à Bujumbura. Le 22 du même mois, le responsable de cette association à Bubanza le met à la disposition du procureur de la République pour suivre ce cas. D’après des informations recueillies auprès de cette association, il est immédiatement emprisonné, alors que l’APRODH avait proposé de le garder. Pour le moment, il est incarcéré dans la prison de Bubanza.

Dans la foulée, deux autres membres du FNL d’Agathon Rwasa ont été arrêtés, ce dimanche, dans la commune de Rugazi. Il s’agit de Léonidas Ndayizeye, un conducteur de moto et d’un certain Jean Ngendakumana. Leurs familles accusent Rémégie Nzeyimana, commissaire de police à Bubanza, d’avoir violé la procédure : « Il les a arrêtés sans mandat, leur reprochant de collaborer avec la rébellion. » Leurs familles rejettent ces accusations car le gouvernement a toujours affirmé qu’il n’y a pas de rébellion qui s’organise au Burundi.

Des indices d’une rébellion ?

Les habitants proches de cette grande forêt ne cessent de parler d’une présence inhabituelle d’hommes armés. La panique s’est emparée de la population des collines Buhanza, Higiro et Muhini. Celle de Buhanza en commune Rugazi a vu une quarantaine d’hommes armés de fusils en tenues militaires. « Ils sont passés à Buhanza, dimanche 6 mai vers 17 heures. Certains avaient deux fusils, d’autres des Motorola et des lance-roquettes », explique G.N, un habitant de cette localité. Selon lui, ces hommes sont passés dans la vallée de Nyakirabo, puis par les collines Mubuga et Ndubura avant d’entrer dans la Kibira. Selon les mêmes sources, ils ont acheté de la farine de manioc pour 11mille Fbu et un morceau de viande de 4mille FBu. « Ils avaient beaucoup de billets de 10 mille Fbu», précisent-elles. Ce qui inquiète ces habitants, c’est que ces hommes en uniformes sont toujours dans la Kibira.

Philbert Nkundwanayo, administrateur de la commune Rugazi, dit ne pas être au courant parce qu’il est malade. Interrogé par Iwacu sur le mobile de ces arrestations, Rémégie Nzeyimana, commissaire de la police à Bubanza, nous a renvoyé chez Elie Bizindavyi, porte-parole de ce corps. Contacté, ce dernier a promis de s’exprimer, après avoir collecté tous les éléments nécessaires.
Marc Manirakiza, procureur de la République à Bubanza, confirme la détention d’Alexis Manirambona. Il explique que le dossier est au niveau du parquet. Marc Manirakiza précise que les dossiers de Léonidas Ndayizeye et Jean Ngendakumana se trouvent encore auprès de l’OPJ de la commune Rugazi. Nous l’avons contacté sans succès.

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