Vendredi 22 novembre 2024

Société

Bubanza : Quid de la survie des femmes non choisies?

02/02/2018 3

L’appel lancé par le gouvernement à tous les ménages vivant en union libre de régulariser leur état-civil a porté ses fruits. Satisfaction du côté de certains couples, mais grogne chez les femmes non choisies qui craignent pour leur survie.

Tharcisse Niyongabo : « Nous allons prendre des sanctions à l’endroit des récalcitrants.»

Environ 6676 ménages sur un total de 7901 ménages recensés ont déjà régularisé leur état matrimonial dans la province Bubanza. Mais, il s’observe des cas de femmes délaissées.

« J’ai abandonné l’école quand j’étais en neuvième pour me marier. Et voilà que mon mari vient de régulariser avec la première femme. Quel sera mon avenir et celui de mes deux enfants? », se lamente N.G. de la colline Musenyi, commune Mpanda. Idem pour S.M qui craint pour la scolarisation de ses enfants : « Faute de ressources financières, mes enfants vont abandonner l’école.»

Même constat amer du côté d’une activiste des droits des femmes dans la province Bubanza. « Ces femmes sont exposées à la prostitution et à la débauche ». Elle exhorte le gouvernement burundais à analyser tous les contours des ménages en situation d’union libre afin de ne pas créer des problèmes dans les foyers.

Interrogé sur la gestion des femmes délaissées, Tharcisse Niyongabo, gouverneur de la province Bubanza, fait savoir que l’administration veille à leur survie. «Nous demandons à leurs anciens maris de disponibiliser une portion de terre à cultiver et de veiller à la ration alimentaire pour les enfants ». Sans oublier l’obligation faite à ces hommes de faire enregistrer leurs enfants à l’état-civil.

D’autres couples ne cachent pas leur satisfaction. « J’aurais droit à la succession», se réjouit Niyonzima Révocate du V5 (village 5), en commune Gihanga. «Ma belle-famille ne peut pas me maltraiter. Je me sens valorisée. »

Védaste Ciza, du même village, s’en réjouit également : « Ma femme pourra revendiquer ses droits en mon absence. La sécurité des ménages est garantie.»

Des mesures de contrainte aux récalcitrants
Toutefois, il y a des couples qui n’ont pas répondu à l’appel du gouvernement. Certaines femmes ont refusé de se présenter aux cérémonies, pour diverses raisons. « Mon mari me maltraite. Si je régularise notre situation, comment les choses vont évoluer ? Je préfère y renoncer», témoigne B .C., de la colline Musenyi, commune Mpanda.

L’on notera qu’il y a des hommes qui ont voulu régulariser leur mariage avec les plus jeunes femmes. Ils se sont heurtés à la résistance de leurs premières femmes. «Je vis avec mon mari, depuis 15 ans. Je ne peux pas tolérer que je sois mise à la porte », confie Mme Cimpaye.

Le gouverneur de la province Bubanza n’y va pas par quatre chemins : « Nous allons prendre des sanctions à l’endroit des récalcitrants ». Tous ceux qui ne respectent pas la loi, poursuit-il, seront identifiés.

Il indique que la loi sur les violences basées sur le genre (VBG) va s’appliquer. Et de donner les dispositions qui encadrent les unions libres. L’article 24 stipule : « L’union libre est interdite sur tout le territoire burundais.» Et l’article 42 évoque les sanctions : « Toute personne coupable d’une union libre appelée « ugucikiza ou ugucikira » est punie d’une servitude d’un mois à trois mois et d’une amende de cent mille à deux cents mille francs burundais.»

Forum des lecteurs d'Iwacu

3 réactions
  1. Casimir

    Qu’est-ce que le gouvernement va chercher dans les ménages des gens….si certains choisissent de vivre en union libre, c’est leur droit sacro-saint…Les gens ont besoin du travail…tout le monde ne veut pas se marier…c’est de la fabulation!!!!!

  2. KABADUGARITSE

    Donc mes soeurs qui mènent une vie de deuxièmes, troisième … bureaux seraient-elles condamnées à une existence en solitaire avec, en charge, des enfants qui sont nés des pères connus!

  3. KABADUGARITSE

    Je ne crois pas que régulariser son union entraînerait l’abandon des enfants nés d’unions libres ou par concubinage. Ce serait absurde pour l’administration.-

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