La baisse du prix du café et la privatisation de ce secteur participent à détourner les caféiculteurs de se consacrer à cette culture, pour des denrées vivrières comme le haricot et le manioc.
« Le café n’est plus rentable car les prix ont été revus à la baisse. Les caféiers sont exigeants en main d’œuvre. Pas de motivation, les gens ont perdu confiance en cette culture », soulignait Bernard Bucumi, un sexagénaire de la colline Mpishi, commune Musigati, province Bubanza : » Le prix du café cerise tourne pour le moment à 400Fbu tandis que le café parche est à 1.800Fbu. » Un prix qui est passé de 630 F à 400F à moins de deux ans selon eux, pour la première des catégories citées du café …
Ainsi, comme le raconte Théogène Nyabenda, 59 ans, de la même localité, « avec mes 1.200 caféiers, je pouvais avoir plus de 800.000 Fbu d’un coup. Mais après la réduction du prix du café, je parviens difficilement à avoir 200.000Fbu. » Et dans ces conditions, « autant remplacer les caféiers par les autres cultures vivrières plus rentables, car actuellement les grands bénéficiaires du secteur sont les grands commerçants ! »
Et tous les cultivateurs rencontrés à Musigati répètent la même chose : même si les plants seraient disponibles gratuitement, vaut mieux cultiver le haricot, les pommes de terres, le manioc, le petit poids, …. en vue de lutter contre la famine et répondre à certains besoins que de dépenser de l’argent sans espoir de le retrouver.
Quant à la privatisation, « les caféiculteurs n’ont pas été consultés sur ce processus », se plaint un cultivateur , « alors que ce sont eux qui sont les propriétaires, qui entretiennent les caféiers, qui peinent pour trouver des insecticides, etc. » Par ailleurs, même les prix sont fixés sans consulter les propriétaires du café et le paiement n’est plus régulier, soupire Théogène : « Autant que ce secteur retourne dans les mains de l’Etat », complète une cultivatrice à ses côtés.
Car « lorsque le café était encore dans les mains de l’Etat, nous étions payés trois fois l’année de campagne culturale, et à temps : en mai, en juillet et en septembre. » A titre de comparaison, les caféiculteurs attendent depuis le mois de mars de cette année d’être payé indiquera un propriétaire des plants de caféiers à Musigati qui affirme avoir manqué de l’argent pour se payer de la paille et des scies pour la taille des plants.
Et pour tenter de remobiliser les forces des agriculteurs derrière la culture du café en perte de vitesse dans le pays, le deuxième vice-président de la République était au stade de la commune Musigati ce jeudi 25 juillet, recommandant aux grands commerçants de collaborer avec les caféiculteurs dans la fixation du prix après le lancement de la campagne de taille et de paillage du café …
Et malgré les bonnes chansons louant les bienfaits du café, les caféiculteurs se veulent réalistes : « Certes, c’est une culture qui représente plus de 80% des entrées des devises dans ce pays. Elle est donc utile, certes, à condition que l’Etat ne se lève pas pour la subventionner. »
A l’image du président de la confédération des Association des caféiculteur (CNAC) Joseph Ntirampaba, qui a rappelé dans son discours de circonstance, devant notamment la ministre de l’Agriculture et de l’Elevage : « Nous recevons uniquement 1.000 tonnes d’engrais alors qu’on a besoin de 12.000 par an. »
Sur tous ces problèmes, le deuxième vice-président Gervais Rufyikiri a annoncé l’instauration d’une journée par semaine dédiée à l’entretien du café dans les jours qui viennent, la ministre de l’Agriculture promettant quant à elle de s’exprimer prochainement sur le sujet.
La culture du café a ete introduite au Burundi, « pays de Mwezi Gisabo », par les missionnaires europeens du temps de la colonisation allemande.
Une etude du National Bureau of Economic Research (aux Etats-Unis) montre que les prix reels du café (donc, en excluant l’inflation) ont connu:
.une chute de 46,70% entre 1900 et 2012;
.une chute de 71,99% entre 1950 et 2012;
.une chute de 60,51% entre 1975 et 2012.
(voir page 31. David S. Jacks: « From boom to burst: a typology of real commodity prices in the long run ». NBER working paper 18874, http://www.sfu.ca).
Merci.
Difficile. La vérité blesse quelquefois. Le secteur café a été mal privatisé. c’est indiscutable. Ceux qui dirigeaient le SCEP ont trompé l »Etat et ont privatisé un secteur dont ils ne maîtrisaient pas les enjeux, en l’absence des gens qui sont dans le secteur. Ma recommandation serait de revoir la loi sur la privatisation pour que ce soitent les ministères de tutelle qui pilotent la privatisation de chaque secteur. Sinon, inutile d’espérer que le cultivateur cultivera ce qu’il estime ne pas lui être rentable.
Chers journalistes Iwacu,
Merci de nous tenir au courant des problemes de notre adorable pays.
Mwotugirira une petite enquete, mugasuma urusaku ingene bavyifatamwo aho haruguru mu Rwanda, canke Ouganda ou Tanzanie.
Le probleme du cafe, (la seule ressource en devises du pays) est d’une importance vitale
Umunsi mwiza
Même si le prix était élevé, il serait élevé pour ceux qui produisent de grande quantité. Imaginez si on vend le café à 2 $/kg par exemple, celui qui a 10 kg de café aura 20 $ mais celui qui 1000 kg aura 2000$. Donc espérons que le prix va augmenter dans les années prochaines, les caféiculteurs devraient continuer à mieux entretenir le caféier. S’ils le substituent aux autres cultures comme le haricot qui est uniquement vendu sur les marchés environnants, ils se contenteront de recevoir par ex 2000 F/kg et diront qu’ils ont gagné beaucoup. Mais en échange d’autres biens importés (tôles par ex), ils l’achèteront à 50000F/pce alors qu’actuellement elle est achetée à 13000F/pce. Est-ce que cette scénario avantage le cultivateur? Je ne crois pas car même la rentabilité bien étudiée du haricot n’est pas aussi meilleure que celle du caféier bien entretenu. Aux intéressés de faire une étude comparative, ils nous diront de quoi s’agit-il.
Reka gutekera amazi mu vyatsi. Abanyagihugu ntibagisubira guhendwa nka kera. Ubu nibo basigaye basumvya ubwenge abize. Ntibashobora kubandanya kurima ikawa izokwuzuza imifuko y’ akarwi gatoyi k’ abategetsi.
Si cultiver le haricot rapporte plus, mettez vous à la place des pauvres paysans de ce pays. Que fairiez vous à sa place??? Pendant que tout devient chers et que le pouvoir impose les produits de premiers nécessité en laissant de coté le secteur minier parce que …..