Sur la colline Rugenge de la commune Mpanda en province de Bubanza, des filles s’absentent en classe et/ou abandonnent souvent l’école faute de trouver des serviettes hygiéniques appropriées. Elles appellent le ministère de la Solidarité à leur apporter une aide financière et en serviettes hygiéniques.
Il est 10 h dans le quartier Rugenge I. Sous un soleil accablant, de jeunes filles sont dans les champs de culture. Approchées, certaines parmi elles témoignent qu’elles ont abandonné l’école à cause de la pauvreté. D’autres disent qu’elles ont abandonné à cause du manque de serviettes hygiéniques lors des menstruations.
« Lors de la menstruation, j’utilise un petit morceau de pagne que j’ai coupé sur le pagne de ma mère. Je m’absente souvent à l’école lorsque je suis dans les règles. Un jour, j’ai taché ma jupe faute d’avoir une serviette hygiénique appropriée. J’ai été humiliée. Depuis lors, lorsque je ne trouve pas de serviette hygiénique, je m’absente », a témoigné Diella Minani.
Benitta Nirera, âgée de 15 ans, n’est pas loin du précédent témoignage. Pour elle, l’utilisation des morceaux de pagne ou d’habit dans la période de menstruation est due à la pauvreté. « Je ne peux pas aller dans une boutique pour m’approvisionner en serviettes hygiéniques coûtant 5 000 BIF alors qu’on n’a même pas pris le repas de midi. J’ai arrêté mes études pour aider ma mère à cultiver afin d’avoir de quoi manger. On ne peut pas avoir de l’argent pour le repas et pour les serviettes hygiéniques. »
Jacqueline Gakobwa, mère de cinq enfants, indique qu’à part l’utilisation des serviettes non appropriées, même la propreté n’est pas bien faite par ces filles. « Il se remarque un manque de savon pour faire la lessive. Comment est-ce qu’elles lavent leur serviette sans savon ? Mes filles attrapent souvent des infections. Mais, que faut-il faire ? Elles restent toujours à la maison. C’est la plus jeune qui étudie seulement. »
Les femmes et jeunes filles de cette localité appellent le gouvernement à les appuyer financièrement à travers le ministère de la Solidarité. « L’abandon ou l’absence à l’école ne sont pas dus à la menstruation seulement. Il y a la famine aussi. C’est pour cela que nous demandons au gouvernement de nous appuyer financièrement. Nous demandons également aux organisations non gouvernementales de nous aider en serviettes hygiéniques. »
Une préoccupation du gouvernement.
Le porte-parole du ministère de la Solidarité a indiqué que le gouvernement a la préoccupation du relèvement socio-économique des personnes sinistrées. « Le ministère de la Solidarité nationale organise chaque année des activités d’appui aux initiatives des personnes qui produisent des activités génératrices de revenus, que ce soit des activités orientées vers l’agriculture ou vers les métiers. »
Il a profité de l’occasion pour interpeller les personnes qui éprouvent des difficultés à financer leurs micro-projets de s’approcher des structures du ministère qui sont dans la communauté. « Nous avons nos services qui sont basés dans des communes. Nous avons des services qui sont basés au niveau des provinces. Quand des personnes se regroupent et présentent une activité qui mérite un appui financier, elles viennent auprès du ministère pour le financement. »
Le porte-parole du ministère de la Solidarité nationale a enfin appelé les jeunes filles à redoubler d’efforts et à ne pas se concentrer sur leur manque de moyens pendant les périodes menstruelles. Il faut plutôt qu’elles saisissent l’occasion pour suivre le cursus scolaire afin de pouvoir arriver à la vision du Burundi comme pays émergent en 2040 et pays développé en 2060.
Les parents doivent être proches de leurs jeunes filles
Docteur Sylvestre Gahungu, gynécologue obstétricien, explique les menstruations comme étant un écoulement périodique et temporaire par le vagin d’un mélange composé de sang et de sécrétions vaginales. Elles proviennent de la muqueuse endométriale qui était préparée à recevoir l’œuf fécondé en cas de rapport sexuel. « Si les rapports sexuels et la fécondation n’ont pas eu lieu, il y a cette chute de la muqueuse endométriale qui était préparée à recevoir l’œuf fécondé. »
En ce qui concerne l’hygiène menstruelle, le lavage des mains et des parties intimes avec de l’eau tiède est nécessaire pour soulager la tension musculaire et la tension mammaire car, cette dernière peut causer des crampes. « Le lavage des mains doit être fait avant et après le changement de protection hygiénique. Il faut faire le minimum de deux fois par jour, donc le matin et le soir. »
Il souligne que celles qui ne peuvent pas se procurer des serviettes hygiéniques peuvent utiliser des morceaux de pagne ou d’habit à condition de les laver avec du savon et de les sécher sous le soleil. « Celles qui ne peuvent pas se procurer de serviettes hygiéniques peuvent utiliser les pagnes, mais à condition que ces derniers soient propres. Il faut qu’elles changent toutes les six heures. Elles ne peuvent pas dormir avec pour qu’il n’y ait pas de prolifération des bactéries au niveau du sang ainsi qu’éviter les infections vaginales. »
Dr Gahungu appelle les parents à être proches de leurs jeunes filles afin de leur expliquer la menstruation.
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