Deux chefs de collines de la commune Bubanza sont déjà limogés ; d’autres ont peur de subir le même sort. Ils auraient démérité aux yeux des Bagumyabanga. L’administrateur dément. La CENI promet des enquêtes.
« Certains chefs de collines peuvent être démis de leurs fonctions du jour au lendemain», prévient G.H. Cet habitant de la zone Muramba en commune Bubanza affirme que des menaces pèsent sur eux depuis mai dernier: « Salthiel Manirambona et Daniel, respectivement chefs des collines Karinzi et Ngara, ont été déjà remplacés sans motif valable », précise-t-il.
Pour lui, ce phénomène est fréquent en commune Bubanza, dans les secteurs Rurabo, Mitakataka, Buhorore2 et Shari2. Selon M.E, tout commence vers fin août 2010. La Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) invite tout citoyen burundais qui le souhaite à présenter sa candidature pour les élections des chefs de collines. La CENI précise que peu importe l’appartenance politique du candidat. Les candidatures sont vite déposées.
Curieusement, révèle M.E, le parti CNDD-FDD à Bubanza réunit certains responsables et choisit ses propres candidats aux élections collinaires. Néanmoins, confie une source sous couvert d’anonymat, la majorité de ceux qui sont mandatés par le parti au pouvoir sont élus en seconde position. Les chefs de collines élus sans être mandatés par le parti éprouvent alors des difficultés au cours de leur mandat: « Ils sont accusés d’appartenir à d’autres formations politiques et de ne pas organiser les travaux communautaires et son menacés de destitution. » Néanmoins, certains habitants de Bubanza qualifient ces accusations de mensongères et veulent que les élus soient rétablis dans leurs droits.
« Des manquements graves »
Nicodème Nkurunziza, administrateur de la commune Bubanza, dit ne pas être au courant des menaces sur les élus collinaires : « Ils n’ont jamais soulevé cette question dans aucune des réunions tenues à la commune ». Pour ceux qui sont déjà limogés, l’administrateur parle de manquements graves : « Ils ont collecté de l’argent de la population en leur promettant des tôles. »
Jacques Kenese, gouverneur de la province Bubanza, est au courant de la destitution des deux chefs de collines. Toutefois, le gouverneur Kenese reste évasif sur le motif de ce limogeage: « J’ai confiance en ce conseil communal qui a pris cette décision. » Le gouverneur de Bubanza affirme avoir déjà reçu une copie de la correspondance que certains chefs de collines ont déjà adressée à l’administrateur de Bubanza au sujet de cette question: « Il est encore très tôt pour m’exprimer parce que je dois écouter les deux parties pour tirer des conclusions. »
La CENI n’est pas informée. Prosper Ntahorwamiye, chargé de la communication, promet que la commission va mener des investigations: « Nous ne pouvons pas anticiper. Attendons les résultats des enquêtes. »