Vendredi 27 décembre 2024

Environnement

Bubanza : Les chenilles dévastent les champs de maïs

05/12/2018 Commentaires fermés sur Bubanza : Les chenilles dévastent les champs de maïs
Bubanza : Les chenilles dévastent les champs de maïs
Un champ de maïs détruit par des chenilles légionnaires.

Les chenilles légionnaires ravagent les champs de maïs en province Bubanza. Les agriculteurs tirent la sonnette d’alarme. La direction provinciale de l’Agriculture les tranquillise.

Lundi 26 novembre 2018. Il est 11h sur la colline Gahongore en commune et province Bubanza. La désolation et le désespoir se lisent sur les visages des agriculteurs de maïs. Leurs champs ont été attaqués par des chenilles légionnaires. Aujourd’hui, ils ne savent pas à quel saint se vouer. «Ces chenilles ravagent nos champs de maïs. Ils attaquent les tiges et les feuilles », témoigne un agriculteur rencontré sur les lieux.

Désespéré, ce quadragénaire indique qu’il a investi plus de 2 millions de BIF dans la culture de maïs. La moitié de son capital il l’avait contracté auprès d’une microfinance locale. Il espérait rembourser cette dette après la récolte. «N’eût été ces chenilles, la culture de maïs est productive et rentable.» Et de préciser qu’il ne voit pas par quelle baguette magique il va rembourser son crédit.

Cet agriculteur estime son manque à gagner à cinq millions de BIF au cours de cette saison. Pour le moment, il s’inquiète pour l’avenir de sa famille. «L’agriculture de maïs est mon seul gagne-pain ». Et il se demande comment sa famille va continuer à subvenir à ses besoins. Il témoigne, par ailleurs, que la majorité de la population vit de l’agriculture du maïs et du riz.

Jacques Nkengurutse, un autre agriculteur de la même colline, abonde dans le même sens : «Ces chenilles menacent la survie de nombreux habitants de cette localité.» La plupart d’entre eux vivent de l’agriculture du maïs. Elle est moins coûteuse comparativement à la culture de riz qui exige des moyens financiers énormes.

Manque de pesticides

M. Nkengurutse s’inquiète de l’absence des pesticides efficaces pour la lutte contre ces chenilles. Ces dernières résistent à de nombreux pesticides recommandés par les autorités du secteur agricole. Il indique qu’il les a utilisés à maintes reprises sans effet. La seule lutte efficace est de chercher ces chenilles dans les feuilles de chaque plant de maïs. Mais, il est difficile de les éliminer. Ces chenilles sont des ovipares. Ils pondent plusieurs œufs dans un court laps de temps. Même si on tue les chenilles adultes, leurs œufs restent dans les feuilles et se transforment en chenilles en une semaine.

Cet agriculteur demande aux responsables du secteur agricole de trouver d’autres pesticides plus puissants.

Il indique qu’il n’attend plus grand-chose de la récolte. Il indique qu’il avait investi 1 500 000 BIF dans la culture de maïs. Mais aujourd’hui, il est désespéré.

J.K., un autre agriculteur, déplore l’inaction des autorités en charge de l’Agriculture. Elles ne s’impliquent pas dans la recherche des pesticides qui tuent ces chenilles. «Ça fait la troisième année de suite que ces chenilles ravagent nos champs de maïs ».

Mains croisées, il témoigne qu’il ne reste rien de ses champs de maïs. « Il est incompréhensible que des chenilles détruisent des cultures pendant trois ans sans que les autorités puissent trouver une solution. Même les pesticides disponibles dans les pharmacies ne sont pas efficaces. » Il assure qu’il a pulvérisé son champ de maïs d’un hectare avec cinq bouteilles de pesticides par semaine. Mais cela n’a produit aucun résultat.

Cet agriculteur de maïs évalue son manque à gagner à 2 400 000 BIF au cours de cette saison. Lui aussi n’espère plus grand-chose de la récolte. Les épis de maïs attaqués ne contiennent pas de graines.

La majorité des habitants de la colline Gahongore n’ont pas leurs propres terres agricoles. Ils louent des lopins de terre à des voisins à un prix très élevé. Un lopin de terre de 25 mètres sur 50 mètres se loue à 100 mille BIF pour une seule saison culturale.

L’administration locale mobilisée contre ce fléau

L’administrateur de la commune Bubanza affirme qu’il est au courant du problème. Ces chenilles légionnaires ont commencé à apparaître en 2016. Mais il assure que ces chenilles ne constituaient plus une menace comme il y a deux ans. Mais il se dit préoccupé par une autre maladie qui attaque également le maïs. Elle s’est déclarée en zone Buvyuko de la commune Bubanza.

Toutefois, l’autorité communale se veut plutôt rassurante : «L’administration fait tout pour combattre cette maladie». Il a déjà informé la direction provinciale de l’Agriculture. Et il s’espère que les responsables du ministère prendront toutes les précautions nécessaires pour lutter contre cette nouvelle maladie.

Les autorités agricoles tranquillisent

Willy Ndayikeza, directeur provincial de l’Agriculture et de l’Elevage à Bubanza, se veut rassurant : « Nous avons pris cette question en main.» Les pesticides sont disponibles pour anéantir ces chenilles.» Il évoque notamment la supermethrine 50 cc. Il explique que les chenilles légionnaires proviennent des papillons nocturnes qui ont une forte capacité de reproduction. En une seule nuit, un papillon peut pondre entre 1000 et 1500 œufs. La seule façon efficace de lutter contre ces chenilles est de les enlever dans les champs de maïs. Aucun pesticide ne peut les éradiquer complètement. Ils ont une forte résistance contre de nombreux pesticides. Comme solution, ce responsable agricole recommande aux agriculteurs de ramasser ces chenilles dans leurs champs de maïs. M. Ndayikeza rassure qu’il n’y aura pas une baisse significative de la production du maïs. Même si ces chenilles existent encore, ils sont considérablement diminués comparativement aux années précédentes. Le directeur provincial de l’Agriculture et de l’Elevage à Bubanza indique que sa direction est au courant d’une autre maladie qui attaque les champs de maïs dans certains endroits. Elle attaque les racines, la tige et les feuilles sèchent. Mais elle n’est pas généralisée comme celle de ces chenilles. Ce qui inquiète, c’est que cette maladie est contagieuse. Ce responsable agricole conseille aux agriculteurs d’enlever les plants déjà attaqués. Cette maladie est due à la qualité de semence, du sol et la préparation du terrain. Certains agriculteurs utilisent encore des semences vieilles de plusieurs années ce qui favorise la multiplication des parasites.

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