Les cas de viol dans la province Bubanza prennent une allure préoccupante. Les victimes et leurs familles vivent dans la tourmente. Le RBP+ tire la sonnette d’alarme.
Plus de 18 cas de viol ont été documentés en l’espace de trois mois (mai, juin, juillet). 8 cas recensés par les leaders communautaires sur la seule colline de Giko et 10 cas répertoriés par le Réseau burundais des personnes vivant avec le VIH/SIDA (RBP+), antenne de Bubanza.
Cette recrudescence des cas de viol inquiète plus d’un. «Je ne vois pas comment exprimer ma douleur après que ma fillette de huit ans ait été violée par un sexagénaire », raconte N.B. en sanglots. Cette habitante de la colline Giko, commune et province Bubanza, est angoissée par des cas de viol qui sont légion sur cette colline.
Edoste Cishahayo, rencontré au bureau du RBP+, ne cache pas sa colère : « Ma fillette de 10 ans a été violée en pleine journée par un jeune de 18 ans. Je suis venu demander le secours de ce défenseur des droits humains. » Le phénomène, poursuit-il, prend une ampleur inquiétante dans notre localité.
Antoine Icihagazeko, chef d’antenne de RBP+ à Bubanza, fait savoir que le viol est commis sur des mineures de moins de 15 ans. Les auteurs sont essentiellement des jeunes et des sexagénaires, un phénomène inhabituel. Selon lui, cette recrudescence s’explique par plusieurs facteurs. D’abord les arrangements à l’amiable qui se font entre les familles des auteurs et les familles des victimes, et ce avec la complicité des administratifs à la base. Or la loi sur les VBG pénalise les arrangements à l’amiable.
Ensuite, poursuit cet activiste des droits humains, il y a l’impunité des auteurs. Plus les auteurs ne sont pas punis, plus ils récidivent, plus les victimes et leurs familles se découragent et vivent dans l’angoisse. Du reste, les victimes ont peur d’être stigmatisées par l’entourage. Il y a aussi des menaces de représailles qui pèsent sur les familles des victimes empêchant ces dernières de porter plainte.
En outre, la plupart des familles ignorent les procédures judiciaires, la préparation et la rédaction des plaintes. Et d’ajouter que le coût élevé des procédures judiciaires empêche ces familles de saisir les juridictions. « Il faut la gratuité des procédures judiciaires et des soins médicaux.»
L’administration promet de s’impliquer
Interrogé sur l’efficacité de la loi sur les VBG, M. Icihagazeko n’y va pas par quatre chemins : «Son apport reste insuffisant dans la répression des VBG. » Et aussitôt d’ajouter : « Il faut que les victimes obtiennent réparation et soient rétablies dans leur dignité. »
François Kazoviyo, administrateur de la commune Bubanza, reconnaît la recrudescence des cas de viol. Il promet de responsabiliser la communauté et des administratifs à la base pour qu’ils s’impliquent davantage dans la lutte contre les VBG. Il invite la communauté à dénoncer ces comportements qui dégradent les mœurs burundaises.
Il envisage de mener des campagnes tous azimuts pour sensibiliser les victimes et leurs familles pour qu’elles brisent le silence.
Cet administrateur interpelle la police et les juridictions de traiter avec célérité les cas qui leur sont soumis.